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Brûle, brûle, «Babylon» brûle4 minutes de lecture

par Mathieu Vuillerme
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© Warner Bros. Entertainment Switzerland GmbH

Fer de lance du nouvel âge d’or de la comédie musicale, cadet de l’Oscar du meilleur réalisateur pour La La Land en 2017, Damien Chazelle semble réussir tout ce à quoi il touche. Qu’en est-il alors de Babylon, comédie dramatique sur le Hollywood des années 1920?

En 1926, les Etats-Unis sont à leur sommet. La crise n’a pas encore eu lieu, la Guerre est loin derrière, l’alcool, la drogue et l’argent coulent à flot. Hollywood dirige le monde. Les films muets des grandes firmes sont exportés dans le monde entier, leurs acteurs sont des stars internationales et tout semble aller pour le mieux. Qui aurait alors pu prévoir la chute de ces géants avec l’arrivée du cinéma parlant?

Chantons sous le champagne

Si le thème de l’arrivée du son synchrone (son enregistré par la caméra en même temps que l’action qui se joue devant elle) au cinéma a déjà été traité (Chantons sous la pluie, 1952 ou The Artist, 2012), il l’a rarement été de cette façon-là. Sexe, drogue (et rock n’roll aimerait-on presque dire), ainsi que du jazz sur fond de transition technologique. De quoi surprendre au premier abord. Or cela s’avère fonctionner à merveille. L’image est flamboyante, la musique de Justin Hurwitz (lauréat d’un second Golden Globes pour la partition du film) excellente et les performances des interprètes exceptionnelles. Mention spéciale à Margot Robbie qui livre sa meilleure prestation à ce jour.

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Evacuons directement le point fâcheux: le film est trop long. 3 heures 09, c’est objectivement trop conséquent. Pourtant, le film semble beaucoup plus digeste que le dernier Avatar, d’une durée similaire. Grâce à un rythme soutenu quasiment tout du long, le récit se déploie (presque) sans temps morts en brassant de nombreux thèmes, mais pèche parfois par excès. On passe ainsi les époques au gré des différents plateaux et tournages, tous plus fous les uns que les autres, afin de découvrir l’envers de l’usine à rêves. Bien que certaines scènes s’étendent parfois à la limite du supportable, c’est pour mieux immerger le spectateur sur le temps effectif d’un tournage dans ces années-là.

L’outrance comme mot d’ordre

Le film s’ouvre sur l’une des plus grosses fêtes que le cinéma ait donné à voir depuis le Moulin Rouge de Baz Luhrmann (2001). Il se permet d’afficher son carton de titre après 32 minutes, comme pour démontrer son insouciance, propre à l’époque, vis-à-vis des règles établies. Cette légèreté est également marquée par les tournages démesurés que se permettaient les cinéastes des années 1920, filmés avec tout l’optimisme de l’entre-deux-guerres. Les décors sont gargantuesques, la figuration nombreuse et le résultat tenant souvent plus à la chance qu’à l’anticipation. L’autre versant de cette débauche est parfois un sentiment de surenchère dans les séquences. Là où certains passages marqués auraient suffi, Damien Chazelle ajoute une couche de vomissements ou de violence pas toujours nécessaire.

Pourtant, Babylon, par sa relecture du «rise and fall» typique de ce genre de film, par ses tours de force cinématographiques et par sa direction d’acteurs, propose une véritable déclaration d’amour au cinéma de tout temps et embarque le spectateur dans un véritable tourbillon dont on ne ressort pas indemne.

Ecrire à l’auteur: mathieu.vuillerme@leregardlibre.com

Crédit photo: © Warner Bros. Entertainment Switzerland GmbH

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