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«Les vieux fourneaux»2 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Les mercredis du cinéma – Jonas Follonier

Pierrot, Mimile et Antoine sont trois amis d’enfance désormais septuagénaires, dont les retrouvailles s’inscrivent dans le contexte de l’enterrement de Lucette, la femme d’Antoine. L’élément déclencheur du film : Antoine découvre une lettre qui lui révèle un secret du passé le mettant en rogne. Depuis son Tarn natal, il se met alors en route vers la Toscane. Ses deux acolytes, accompagnés de Sophie, la petite-fille d’Antoine enceinte de six mois, se lancent alors à sa poursuite pour l’empêcher de commettre un crime passionnel… cinquante ans plus tard !

Les vieux fourneaux de Christophe Duthuron est un énième exemple de ce que la comédie française a de beau à offrir – pas la troupe théâtrale, entendons-nous, qui offre aussi de belles choses, mais le genre cinématographique. La distribution explique en grande partie le succès dans les salles : Pierre Richard, que l’on avait un peu perdu de vue, Eddie Mitchell, très apprécié en tant qu’acteur par le grand public – peut-être même plus qu’en tant que chanteur – et le moins connu Roland Giraud. Mais la tâche du critique est de montrer en quoi le film, à lui seul, est intéressant, ou inintéressant.

Puisque nous en parlons : le début du film est à mon sens raté. L’art du début est important dans une œuvre d’art qui s’étend dans le temps, comme la fin d’ailleurs, qui elle sera réussie. Heureusement, la vingt-et-unième seconde y remédie : on sait qu’on va rire, beaucoup rire, dans cette comédie. Décidément, ce genre n’en a pas fini de nous servir en merveilles. Un exemple de dialogue hilarant : « Il fait quoi comme musique ? – Je te souhaite de ne pas le savoir. » La manière dont est tournée la scène de l’enterrement, avec toutes les hypocrisies qui lui sont intrinsèques et les vieilles histoires de village qui seront capitales dans le film, est représentative d’une ironie à la française.

Naturellement, pas de comédie de cet héritage sans dimension dramatique, ou au moins émouvante : tel est le cas d’un moment du film où les trois compères se revoient jeunots, courant dans les champs de leur enfance. Ainsi en est-il également du comique très attendrissant de l’ancien patron sénile incarné par Henri Guybet. D’autres dimensions se voulant touchantes dans le film sont pour leur part moins réussies, telle que l’abondance de cordes dans la bande-son. De même, il est à regretter la performance un peu moins convaincante que prévue d’Eddie Mitchell, même s’il reste dans son élément.

Quant à la photographie, une réelle recherche esthétique ressort des Vieux fourneaux, surtout dans le traitement formel des flashbacks ou de l’imaginaire des personnages. Fait marquant dans le message social du film, la belle cause de la gauche, la vraie gauche, la vieille gauche, celle des droits des travailleurs, bien loin des revendications arc-en-ciel et « bobo-linguistiques » des socialistes d’aujourd’hui. Enfin, c’est l’universalité de ce long-métrage qui le rend digne de sa lignée : la délocalisation d’une industrie de province, les vieilles histoires de l’école primaire, le tragique de la vie (magnifique occurence d’Eddie Mitchell : « chaque heure blesse, la dernière tue », et c’est pour ça que c’est beau) et la demande du pardon.

Ecrire à l’auteur : jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo : © JMH Distributions

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