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«Sang Froid» ni loi4 minutes de lecture

par Melisa Oriol
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Les mercredis du cinéma – Melisa Oriol

Un père aimant, un meurtre, un cartel de drogue, de la neige, des armes, du sang, des morts, encore de la neige, des indiens, encore plus de morts… tout porterait à croire que Sang Froid d’Hans Petter Moland, est un film de vengeance et de gangsters réchauffé sans nulle originalité. Et pourtant! Devant la beauté des images et face à un humour noir tout à fait assumé, impossible de rester de glace.

Liam Neeson incarne dans Sang Froidun homme discret et sans grabuge qui finit par se transformer en tueur fou pour venger la mort de son fils. Si, a priori, ce type de personnage, que l’on retrouve souvent porté à l’écran par cet acteur, pourrait sembler rébarbatif,  c’est de manière surprenante que le film réussit à déjouer l’aspect de «déjà-vu» d’un père à la vengeance sanguinaire, ceci principalement par le biais de l’humour. Au début du film, Nelson Coxman (Liam Neeson) et Grace Coxman (Laura Dern) se rendent à la morgue pour identifier le corps de Kyle (Micheál Richardson), leur fils; cette scène, pourtant dramatique, est amenée avec une touche de sarcasme que l’on retrouvera tout au long du film, pour rompre avec le sérieux ou contraster avec la violence.

«Some cause happiness wherever they go, others whenever they go» – Oscar Wilde (citation à l’ouverture du film)

Ce mélange d’ironie et d’effusion de sang s’apparente indéniablement au maître en la matière: Quentin Tarantino. C’est ainsi que de violence en fou rire Sang Froid parvient à déjouer le stéréotype des films d’action parfois excessifs en cris, en larmes et en testostérone. La violence, bien qu’adoucie par les rires, s’exprime néanmoins pleinement. Le film se déroule d’ailleurs au rythme des cadavres qui s’enchaînent, qu’il s’agisse du passeur de drogue «Limbo» au concierge de l’école «le gardien d’école» en passant par un membre du cartel «Steve Zob», personne n’est épargné!

Un scénario bien rôdé, mais pas que!

Si le scénario sait jouer de l’humour et du sérieux avec brio, l’esthétique n’est pas en reste. Le film s’ouvre sur une immense étendue enneigée, les premières minutes décrivent le quotidien du travail de Nelson Coxman dans son chasse-neige, qui commence à l’aube où seulement quelques lumières percent la noirceur de la nuit. Ces images d’une simplicité froide sont sublimées par un morceau de guitare composé par George Fenton qui donne à l’image une nouvelle dimension. On retrouvera bien souvent au cours du film une étroite relation entre les actions et sentiments du protagoniste et la musique. Plus le protagoniste sème de corps derrière lui, plus la musique devient joviale et enjouée parfois même rock’n’roll à l’image du spectateur qui se délecte progressivement du plaisir malsain de la vengeance.

Pour ce qui est de l’esthétique des images, la blancheur de la neige permet de faire ressortir tout l’éclat de la couleur rouge du sang et accentue radicalement la violence visuelle. Effectivement, de nombreuses séquences offrent ainsi un contraste rouge-blanc qui rend la violence extrêmement esthétisée et travaillée. Car il s’agit bien là d’un choix de marier ces deux teintes, que l’on retrouve d’ailleurs même dans le titre français du film «Sang froid». Ce n’est donc pas un hasard si les scènes de massacre se déroulent majoritairement en extérieur ou dans des intérieurs immaculés et stériles (maison décorée de rideaux et de tapis blancs ou boutique de robe de mariée).

Un peu de morale tout de même

Bien que le film semble servir uniquement de divertissement, on y retrouve malgré tout, comme dans toute histoire qui se respecte, un semblant de morale. Alors que certains sujets ne sont abordés qu’en surface, comme le divorce, le deuil, l’héritage, les relations homosexuelles ou encore les différences ethniques, qui mériteraient quelques fois un peu plus de développement, l’ensemble du film tend vers une morale plus simpliste basée sur les choix de chacun et les conséquences qui en découlent.

A une époque où la surconsommation, l’argent et le besoin d’aller toujours plus rapidement dominent, le film se focalise sur un homme qui a décidé de vivre simplement. Parfois un peu modeste, il représente un réel retour en arrière à des valeurs plus traditionnelles et familiales. Lors de sa nomination en tant que «meilleur citoyen de l’année», Nelson tient d’ailleurs un discours sobre sur la nécessité de prendre «la bonne route». Ces paroles semblent pourtant ironiques dans la bouche d’un homme qui finalement tue tout le monde… de sang-froid.

Ecrire à l’auteur: melisa-orl@hotmail.com

Crédit photo: © Impuls Pictures

SANG FROID
Grande-Bretagne, 2019
Réalisation: Hans Petter Moland
Scénario: Frank Baldwin, Kim Fupz Aakeson
Interprétation: Liam Neeson, Tom Bateman, Tom Jackson, Laura Dern, Emmy Rossum
Production: Studio Canal, Summit Entertainment
Distribution: Impuls Pictures
Durée: 1h59
Sortie: 27 février 2019

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