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L’autorité des démocraties3 minutes de lecture

par Clément Guntern
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Les lundis de l’actualité – Clément Guntern

La Chine, c’est vraiment un autre monde. On apprend, il y a quelques semaines, l’existence d’une ville et d’une région jusqu’alors inconnue du grand public et qui compte plus d’habitants que la Suisse. Des images d’immenses villes vides, presque à l’arrêt, nous parviennent chaque jour. Et que dire de cet hôpital, construit en dix jours? Ça impressionne, c’est sûr, ce ballet de centaines de machines, ces milliers d’ouvriers, de policiers et de médecins qui s’affairent tous pour combattre l’épidémie; ça a de quoi impressionner. Ce qui est sûr, c’est que jamais on ne pourrait faire ça chez nous. Pas dans une démocratie. Par contre, en Chine, on est efficace!

A première vue, un régime autoritaire est évidemment plus prompt à prendre les mesures les plus radicales pour endiguer une maladie comme le coronavirus. Mais est-ce que nos pauvres démocraties sont condamnées à être en tout point inférieures au modèle autoritaire de société promue par la Chine communiste? La démocratie serait-elle inférieure au modèle autoritaire et incapable de réagir en temps de crise?

L’autorité n’est pas l’apanage de l’autoritarisme

On aurait tort de le penser, car la démocratie, sous toutes ses formes et depuis des siècles, a développé des parades pour garantir sa survie. Cependant, ces instruments ne sont pas forcément mis en avant avec fierté. On les cache dans un coin pour le jour où ils serviront, comme un extincteur dans une maison. Ces parades s’appellent notamment «état d’urgence» et «raison d’Etat», certes pas forcément propres aux démocraties mais qui la servent pourtant.

Ces deux idées permettent de justifier, pour une durée limitée, que les principes démocratiques soient laissés de côté lorsque la survie de la République se trouve en danger. Ce fut le cas des Etats-Unis après le 11 septembre, qui ont pu mettre en place des mesures extraordinaires : moyens de lutte contre le terrorisme intrusifs, prison spéciale à Guantanamo et guerre en Afghanistan.

Plus près de nous, on peut penser à l’exemple de la France après les attentats et de François Hollande qui a admis avoir autorisé plus de quarante assassinats à l’étranger au nom de la République. Plus loin dans le temps, la République romaine comptait ses dictateurs, à l’instar d’un Camille qui exerça cette fonction cinq fois et qui toujours la rendit lorsque l’urgence était passée. Les exemples foisonnent.

Plus ou moins efficaces, ces mesures prises dans un état d’exception possèdent en elles le risque de perdurer ou de donner des ailes à des agents de l’Etat parfois à la limite de criminels. Une démocratie, ça sait être fort. Elle possède peut-être une capacité à s’unir de façon bien plus puissante quand elle est menacée. Lorsque les libertés acquises sont mises en danger, l’union est d’autant plus forte. L’exemple le plus fameux est le Royaume-Uni qui, lors de l’effondrement de la quasi-totalité des démocraties d’Europe, a su résister et finalement vaincre l’Allemagne nazie.

La dictature n’est pas si efficace qu’on dit

Et en même temps, un régime autoritaire, derrière son apparence d’efficacité – c’est ce qu’il veut montrer – n’est pas exempt de failles. Le contrôle souhaité comme absolu sur toutes choses à l’intérieure des limites de la nation n’est pas moins inefficace. La pression de la hiérarchie pour obtenir des résultats est beaucoup plus forte. Elle n’incite pas à annoncer des échecs, car le propre d’un régime autoritaire est qu’il possède un pouvoir total sur son territoire. L’alerte concernant le coronavirus n’a certainement pas été lancée immédiatement, parce que les dirigeants locaux font face à des pressions d’ordre économique et politique. Ces derniers ont, dans un premier temps, tenté de minimiser le virus au risque de porter atteinte à la lutte.

L’image du pays à défendre est également importante. Si l’on n’arrive pas à contenir l’épidémie, l’image nationale et celle du régime seront écornées, à l’international mais aussi à l’interne. Alors, les mesures prises doivent être impressionnantes; mais pas forcément efficaces. Espérons toutefois que la lutte contre cette épidémie puisse protéger le plus grand nombre et particulièrement les pays les moins armés dans ce combat.

Ecrire à l’auteur: clement.guntern@leregardlibre.com

Crédit photo: Official White House Photo by Lawrence Jackson

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