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«Le rossignol et l’épervier»2 minutes de lecture

par Sophiamica
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Le Regard Libre N° 3 – SOΦIAMICA

« Un rossignol perché sur un chêne élevé chantait à son ordinaire. Un épervier l’aperçut, et, comme il manquait de nourriture, il fondit sur lui et le lia. Se voyant près de mourir, le rossignol le pria de le laisser aller, alléguant qu’il n’était pas capable de remplir à lui seul le ventre d’un épervier, que celui-ci devait, s’il avait besoin de nourriture, s’attaquer à des oiseaux plus gros. L’épervier répliqua : “Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue.” »

Cette fable d’Esope, grand fabuliste grec et piètre fabulateur, vu la justesse de ces propos, donne à réfléchir : qui parmi nous se serait contenté de la petite proie ?

En effet l’homme, dans sa nature, est ainsi fait qu’il désire toujours plus, ou plutôt – sous une autre perspective – qu’il ne se satisfait jamais de la condition qui est la sienne. Et cela dans tous les domaines de sa vie : au travail ou à la maison, socialement ou individuellement, il cherche à s’élever, acquérir plus de biens, bénéficier de tous les avantages de chaque situation. Or que se passe-t-il lorsqu’il n’y parvient pas ? Il trépigne, gémit, se plaint, et de doléances en doléances s’enfonce dans le chagrin factice qu’il s’est lui-même inventé et dont il se croit l’injuste victime.

A-t-il pourtant regardé autour de lui ?

Cette quête de l’impossible, cette tendance du « toujours plus », rend malheureusement quiconque aveugle et nous empêche de voir tout le bien qui, déjà présent autour de nous, n’attend qu’à être estimé à sa juste valeur.

Gustave Le Bon, savant du siècle passé, disait : « Le plaisir étant éphémère, et le désir durable, les hommes sont plus facilement menés par le désir que par le plaisir. » Et il avait raison ! Qui prend-t-il la peine de vivre l’instant présent, de savourer le plaisir de chaque évènement aussi prompt soit-il ? Rares et heureuses sont ces personnes : à force de rechercher ce qui n’est pas, on oublie d’apprécier ce qui est véritablement parmi nous. Par exemple, nous avons beau vivre confortablement, nous sommes encore en quête de superflu. Nous pouvons fermer les yeux sur des relations ou des amitiés merveilleuses en en désirant une seule absolument parfaite et par conséquent inexistante.

C’est ainsi que résulte cette amertume pour les choses communes, ce dégoût du banal et de l’habituel qui pourtant est le lot de tous et devrait suffire à rendre une vie heureuse.

En effet, si l’on savait déguster la saveur exquise de l’existence, de chaque petit détail, les nuances rendues seraient tellement plus profondes que le goût amer et grossier laissé par l’insatiable soif de l’homme. Esope, il y a quelque deux mille six cents années de cela, l’avait déjà compris.

« Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main. »

A méditer.

Crédit photo : © RuedesFables.net

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