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Edwy Plenel, le fou de l’égalité5 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Article inédit – Jonas Follonier

Pour les musulmans. Puisqu’une personne m’a incité à le lire, je l’ai lu. Je n’en avais pas l’intention, certain de connaître déjà le contenu de l’essai avant de l’ouvrir. Néanmoins, la lecture fut agréable car les thèmes abordés m’ont beaucoup intéressé, et je remercie Edwy Plenel d’avoir pu faire ressurgir en moi de grandes réflexions et de m’avoir inspiré cet article.

La couverture de l'ouvrage

Commençons tout de suite avec le premier passage qui m’a interpellé, à savoir le quatrième chapitre, où l’auteur affirme que nier l’égalité des civilisations, c’est la porte ouverte à la ségrégation, à la colonisation et à l’extermination. Il base sa réflexion sur un petit scandale qui a lieu à l’assemblée nationale début 2012 (remarquons par là que la droite était en campagne pour la présidentielle). Le ministre Guéant ose revendiquer une inégalité des civilisations.

Or, dire que « toutes les civilisations ne se valent pas », cela ne revient pas à dire qu’il y a des civilisations supérieures et des civilisations inférieures et qu’il faut donc éteindre les secondes ! La première affirmation, que je soutiens, rappelle que les civilisations (on peut reporter le débat sur les êtres humains) ne sont pas interchangeables : elles sont différentes. Et c’est cette pluralité de cultures, de langues, de peuples, qui fait que l’on ne pourrait comparer l’une à l’autre. On peut sans doute trouver quelque chose d’admirable dans toute civilisation, mais jamais sur le même plan, jamais en même temps et sous le même rapport.

Jusqu’à preuve du contraire, la démocratie n’est pas née sur le continent asiatique, mais bien sur les terres éblouissantes de la Grèce antique. De même, pour rester chez les Hellènes, c’est eux qui ont introduit en premier des voyelles dans un alphabet, ce qui est, comme l’écrit le Dr James Gow, « l’une des raisons de la supériorité du grec sur ces langues [sémitiques] comme instrument de civilisation et de progrès. » Ces vérités suffisent à expliquer que selon les valeurs considérées, selon l’optique choisie, nulle civilisation n’est égale à une autre. Ce serait les blesser que de défendre pareille aberration.

Plus loin, Edwy Plenel nous explique que la négation de l’égalité, l’anti-égalitarisme (qu’il associe à l’idéologie de l’identité), c’est ce qui caractérise l’extrême droite moderne, depuis l’Action française pour faire vite. Or si l’auteur, en parlant d’égalité, exprime par ce concept la volonté d’une égalité stricte – il ne cesse de parler d’égalité des droits, mais il va bien plus loin, nous avons déjà vu se dessiner cette idée sur le sujet des civilisations – alors la gauche et la droite seraient bien tristes, et l’on comprendrait très vite la victoire de l’extrême droite après les discours de ce journaliste renommé qui vient nous expliquer que tout homme s’opposant à cet égalitarisme généralisé est d’extrême droite. Heureusement, à droite comme au centre et même à gauche, tous ne partagent pas la folie professée par Plenel. Ce délire de la parité en tout relève bel et bien d’un certain relativisme, ce qui donne raison à Claude Guéant, qui affirme dans le contexte du « scandale » de 2012 : « Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. »

Passé ce rejet des particularités pour promouvoir un horizon plat, le bon Père Plenel s’attaque dans le septième chapitre à la laïcité telle que comprise par ceux qui, selon ses propres mots, « sont à la laïcité ce que l’intégrisme est à la religion – pour les moins subtils – et, pour les plus avertis, ce que le sectarisme est à la politique. » Pour s’en sortir, il nous sert l’explication bateau habituelle selon laquelle la loi de la séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 servait plus à reconnaître les différentes religions qu’à les réprimander. Là où il a raison, c’est que la laïcité permet de reconnaître toutes les religions de manière neutre ; mais sa tâche est simultanément, et en toute logique, de séparer l’Etat des institutions religieuses, comme l’indique le nom de la loi qu’invoque Edwy Plenel. « L’Eglise chez elle et l’Etat chez lui », comme le résume très bien Victor Hugo devant l’assemblée nationale en 1850. Développons : maintenant que sont reconnues les différentes Eglises, ce n’est plus leur marginalité, leur non-reconnaissance qui peut poser problème, mais bien leurs excès, et les excès de leurs fidèles ! Les difficultés se voient actuellement avec l’islam – le philosophe Alain Finkielkraut a raison de le dire – islam auquel Edwy Plenel dédie d’ailleurs son essai, mais ces difficultés peuvent aussi très bien se produire avec d’autres religions. Durant le combat des anticléricaux qui ont amené la laïcité en France, la République a été bien plus farouche envers l’Eglise catholique qu’elle ne l’est envers l’islam actuellement, justement.

Pourquoi cette niaiserie, cette incohérence ? Il suffit de lire les ouvrages d’Alain Finkielkraut pour le comprendre. Déjà dans « Le Livre et les livres : Entretiens sur la laïcité », Finkielkraut fait ce constat brillant : « la nouvelle laïcité fait très bon accueil à la religion pourvu que celle-ci s’exprime de manière purement identitaire et qu’elle n’ait rien d’autre à proposer que l’affirmation d’un soi. » La laïcité que défend le philosophe, « la laïcité d’avant », se définit, elle, comme étant, en plus de la basique séparation du politique et du religieux, l’indépendance de l’ordre spirituel, que Blaise Pascal dessine au-dessus de la chair et de la charité. Il s’agit d’une liberté d’esprit, qui s’affirme par la culture, et qui est remplacée maintenant par la plate liberté des opinions de chacun. Donc, vivent les kippas, les voiles et les piercings, tant que cela exprime un affichage de soi, une démonstration de sa subjectivité : voilà la terrible façon de penser de la nouvelle mentalité française, qui se veut laïque. Seul l’académicien Finkielkraut y résiste : « Loin d’institutionnaliser la victoire du subjectivisme, la laïcité que j’ai connue repose sur le principe que nul n’accède à quoi que ce soit tout seul. »

Voilà pourquoi ce ne n’est pas celui à qui s’attaque Plenel (le philosophe en question) qui fait partie des ennemis de la République, mais bien l’auteur lui-même ! En s’attaquant à des acquis français aussi fondamentaux que la laïcité, l’assimilation ou la juste conception de la culture, Edwy Plenel, peut-être est-ce là son but, se fond dans les bas-fonds idéologiques des élites soixantes-huitardes. Bientôt, on enseignera dans les écoles qu’un animal est égal à un être humain1, que toutes les langues sont les mêmes, qu’un homme et une femme, c’est pareil – et j’ai bien peur, hélas ! que ce ne soit déjà le cas dans les écoles françaises. Heureusement, cette génération déconstructiviste s’éteindra un jour, et notre sang neuf pourra tenter de rattraper leurs bêtises.

Ecrire à l’auteur : jonas.follonier@leregardlibre.com

1 Comprenez-moi bien : les animaux ne sont pas des êtres humains, mais ils ont en commun avec l’homme la sensibilité, ce qui implique que nous devons leur faire subir le moins de souffrance possible.

Crédit photo : © Franceinfo

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