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«Sully», du grand Clint Eastwood2 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Les mercredis du cinéma – Jonas Follonier

Sully retrace l’épisode réel du pilote américain Chesley Sullenberger, qui, le 15 janvier 2009, à New York, dut faire face à une situation inédite dans toute l’histoire de l’aviation : une collision avec des oiseaux avait provoqué la perte des deux réacteurs de l’avion, quelques instants après le décollage. Sullenberger, entre instinct et expérience, opta pour un amerrissage d’urgence sur le fleuve Hudson. Un choix fou, s’inscrivant contre le protocole. Tous les passagers survécurent.

Rien que cet événement aurait pu inspirer à Clint Eastwood le chef d’oeuvre actuellement sur les écrans. Or ce sont les conséquences du 15 janvier 2009 qui restent les plus intéressantes et qui se trouvent au centre de l’intrigue de Sully : si la presse comme l’opinion populaire saluèrent dès le début l’exploit du commandant Sullenberger, le Conseil national de la sécurité des transports, lui, estime que le pilote aurait pu choisir une option moins dangereuse que celle d’un amerrissage sur le fleuve, et ouvre l’enquête.

Cet esprit inquisiteur des instances judiciaires et étatiques à l’égard du héros constitue le noyau de la trame du drame biographique auquel nous avons affaire. Un drame qui se construit sur plusieurs bivalences : l’opposition entre le statut de sauveur et celui de criminel, la complémentarité du pilote et du copilote – incarnés magnifiquement par Tom Hanks et Aaron Eckhart – mais aussi l’aller-retour des séquences qui nous font passer de l’histoire se déroulant après le jour fatidique à la reconstitution progressive du vol 1549 US Airways. Par ce choix cinématographique, Clint Eastwood, plus dramaturge que jamais, nous offre une réalisation excellente.

Même si le film a du mal à démarrer, il sait montrer sa puissance à qui veut la reconnaître, sans pour autant tomber dans le film américain avec tous ses clichés (piège dans lequel Eastwood aurait pu tomber, souvenons-nous simplement d’American Sniper). Tout est dans le dosage, dans la finesse, dans la suggestion. Et de là naissent les émotions. « C’est le commandant qui vous parle. Préparez-vous à l’impact. » Cette phrase et l’angoisse qui s’ensuit dans l’avion prennent véritablement aux tripes.

Le talent du commandant pour piloter son avion et sauver des vies, nous pouvons finalement l’appliquer à Clint Eastwood qui, lui, pilote son film. Bien qu’absent à l’écran, le cinéaste octogénaire est infiniment présent dans le long-métrage. Pas étonnant qu’il s’agisse d’une réussite, quand on se rend compte que le film met en scène un individu s’opposant à l’Etat, un héros s’opposant à l’élite, un savoir-faire s’opposant aux lois. Contrairement à ce que disent la plupart des critiques, le cinéma de Clint Eastwood est totalement cohérent avec son crédo politique : l’anarchisme libéral.

Ecrire à l’auteur : jonas.follonier@leregardlibre.com

Image : Tom Hanks (© Europe 1)

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