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France

Lettre ouverte

Lettre ouverte à Emmanuel Macron4 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Mon cher Emmanuel,

Tu as donc fini par me décevoir. Toi qui te vantais d’être le renouveau, celui qui devait parler avec franchise à la France, aux Français, tu ne serais finalement qu’une légère brise qui agite les frêles pages des journaux, un phénomène médiatique? Loin de l’ouragan qui doit renverser cette table branlante qu’est devenue votre belle République… Pourtant, il faudra la détruire pour mieux la reconstruire. Sur des fondations solides, en arrêtant avec les solutions qui sont l’équivalent d’un emplâtre sur jambe de bois, un coup d’épée dans l’eau.

Emmanuel, je sais que tu le sais. Toi qui rappelles avec raison n’être ni de droite ni de gauche, hors de la logique des partis, toi qui as réussi le magnifique exploit de réunir plus de 120’000 personnes derrière toi, plus de 10’000 lors de ton meeting à Paris le weekend dernier (dans le même temps, le Parti socialiste réussit à en réunir 3’000!) , toi dont le très bon livre rencontre un succès immédiat, toi, empli de légitimité, tu te disperses en entrant dans la bataille mesquine que tes adversaires te livrent.

Emmanuel, pourquoi, toi qui sais ce qu’est le libéralisme, dois-tu t’abaisser à décrédibiliser François Fillon en l’admonestant du terme «d’ultra-libéral» si souvent dégainé à tort dans ta contrée? Ton pays souffre de son ignorance sur la philosophie libérale, n’en soit pas le premier fautif! Jusqu’ici, tu donnais l’impression d’avoir sans cesse un coup d’avance sur tes opposants, comme si tu volais au dessus d’un nid de coucou. Ne rejoins pas cette fosse aux ours, où se battent des individus avides de pouvoir, sans foi ni loi. Ta victoire sera celle d’une vision, pas d’une comparaison. Et ça, Emmanuel, je sais que tu le sais.

Emmanuel, la Ve République est faite pour les grands hommes. Ses derniers dirigeants furent quelconques: Chirac, Sarkozy, Hollande, l’histoire les oubliera, assurément. François Mitterrand, malgré son aversion dommageable pour l’économie, en fut, à mon humble avis, le dernier digne représentant.

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Emmanuel, tu as rendez-vous avec ton destin, tu dois amener la France et ses institutions dans le XXIe siècle, tu dois être celui qui fera taire la prémonition de François Mitterrand sur la médiocrité de ses poursuivants («Je suis le dernier des grands présidents. Après moi, il n’y aura plus que des financiers et des comptables»). Car comme beaucoup, je refuse cette fatalité. Et par dessus tout, je refuse que tu manques cette chance, je refuse de voir le brillant jeune homme venu d’Amiens se transformer en politicard qui harangue les foules en se perdant dans cette jouissance dangereuse du pouvoir. Il n’y a pire souffrance pour un professeur que de voir son meilleur élève se saborder pour plaire à ses camarades. Emmanuel, toi dont la femme exerce ce magnifique métier, je sais que tu le sais.

Emmanuel, tu nous as promis d’être différent; continue de l’être, c’est ta force. Tes marcheurs veulent gravir le Mont Blanc, pas la butte Montmartre! Redeviens celui qui par la pertinence de ses impertinences questionne, interpelle et chamboule ton pays. Il est venu le temps de la nouvelle génération, celle qui osera dire à sa France qu’elle doit mettre à jour son logiciel. Il est venu le temps du retour du libéralisme sur les terres qui l’ont enfanté. Tout ça, Emmanuel, je sais que tu le sais. J’aimerais un jour pouvoir raconter que, le sachant, tu l’as fait.

Ecrire à l’auteur: nicolas.jutzet@leregardlibre.com

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