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Erdogan, une tête de Turc?2 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Regard sur l’actualité – Loris S. Musumeci

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, n’était pas à Zurich le 12 mars. C’est Metz qui l’accueillit finalement. Les grands noms du parti au gouvernement sillonnent leur pays, mais aussi plusieurs nations d’Europe. Ils doivent convaincre la population locale comme émigrée de voter positivement au référendum du 16 avril prochain, qui a pour objet la modification de la Constitution. Elle vise à remplacer le système parlementaire actuel par un système présidentiel.

Recep Tayyip Erdogan verra son pouvoir considérablement accru si le «oui» l’emporte. Il pourra engager des décrets, nommer lui-même ses ministres et les hauts fonctionnaires, ou encore dissoudre le Parlement et déclarer un état d’urgence: comme en France.

Ce que veut le peuple turc, reste affaire turque. L’Union Européenne n’a pas à s’en mêler. En revanche, la campagne pour une acceptation de la proposition du référendum avance des difficultés lorsqu’elle se joue sur sol étranger.

La raison de l’absence du ministre turc à Zurich est mystérieuse. Il n’en demeure pas moins que ce dernier ne s’y était pas vu refuser la venue. Ce qui fut le cas notamment en Allemagne ainsi qu’en Hollande. Quelle diplomatie a adopté la meilleure attitude? La question est absolument tout sauf politiquement facile.

En considération d’un régime erdoganien jugé toujours davantage totalitaire, on crut bien agir en barrant la route à sa propagande. Sale d’arrestations excessives et d’omerta depuis le putsch manqué de juillet denier, le nouveau présumé dictateur oriental suscite la haine, sème la terreur. Par conséquent, il n’accepte pas que l’on se joue de lui. Sa rétorque est violente; voire folle. L’Allemagne et la Hollande pratiqueraient, à ses dires officiels, le fascisme, le nazisme d’antan. Les deux accusés refusent l’insultante attaque, de toute évidence. D’autant plus que la critique provient d’un homme d’Etat à tendances fortement autoritaires. Mauvaise foi, réelle conviction? Peu importe. Dans tous les cas, c’est un engrenage malsain qui se met en marche entre l’Europe et la Turquie.

Pourtant, la neutre Helvétie réussit pour le moment – aussi court soit-il – à se préserver du mauvais climat ambiant. Le chef du Département fédéral des affaires étrangères, Didier Burkhalter, a apparemment posé le bon choix. Malgré le rechignement cantonal à recevoir Monsieur Cavusoglu pour des soi-disant raisons de sécurité, la Confédération en a décidé autrement au nom de la liberté d’expression. Et c’est peut-être la clef du succès. Non seulement la Suisse évite les menaces gênantes et offusquantes du moustachu de Turquie, plus encore elle lui montre l’exemple et permet un lieu sécurisé de débat à son encontre.

A l’heure où moult militants, politiques et journalistes souffrent le silence d’une prison, la terre anciennement ottomane a sûrement grand besoin d’une leçon de «développement et justice».

Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com

Image: le président de la République de Turquie Recep Tayyip Erdogan (© static.blancheurope.com)

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