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«Les Gardiennes»: plongée dans la vie féminine de la guerre3 minutes de lecture

par Hélène Lavoyer
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Les mercredis du cinéma – Hélène Lavoyer

«Il faudra être forte demain.»

Alors qu’entre 1914 et 1918 des corps d’hommes jonchent le sol dans un silence de mort, une autre bataille se mène loin du front: celle de femmes ordinaires, à qui la guerre prit maris, pères, frères et amis. C’est par exemple l’histoire de «Madame Hortense» (Nathalie Baye) et de sa fille Manon (Laura Smet), qui afin de survivre continuent tout comme des milliers d’autres à travailler les champs abandonnés des hommes. La famille réside en France au «Paridier», un domaine agricole qu’elles maintiennent à la sueur de leur corps. Tout aurait été d’une plus grande difficulté si elles n’avaient pas engagé Francine (Iris Bry), petit bout de femme robuste et travailleuse.

Le fils de Madame Hortense – Georges (Cyril Descours) – revient en permission; un amour sincère naît en lui pour Francine qui se retrouve aux anges. La fin de la guerre aurait pu permettre des retrouvailles, mais c’était sans compter l’effort de Madame Hortense pour placer des rumeurs de racolage avec des soldats américains sur Francine plutôt que sa fille Manon. Licenciée, humiliée et enceinte, Francine doit s’en aller. Elle mettra au monde son enfant, et l’orpheline deviendra mère célibataire à la voix douce et puissante, permettant aux couples de danser leurs retrouvailles.

Lourd travail dans la caméra

Dans ce décor de ferme que nous ne quittons presque jamais, rythmé par la succession des années 1915 à 1920, la rude vie des gardiennes se dévoile petit à petit. Moissonner, récolter, planter, traire, manger, compter, tel est leur destin fort bien raconté par la caméra. Car l’image dans ce film de Xavier Beauvois est bien plus importante que la parole ou même la musique – ce n’est d’ailleurs qu’après une trentaine de minutes que la première mélodie se fait entendre, et non plus de trois en suivront.

Les plans larges révèlent l’ardu travail auxquelles se livrent ces femmes de France, permettant d’ailleurs en même temps de faire peser sur nous le poids de l’empathie pour les gardiennes effacées. Véritable chef-d’œuvre visuel ponctué de scènes tantôt belles mais difficiles, tantôt insoutenables, Les Gardiennes nous emplit de tout ce qu’il y a d’important: silence, amour, patience et travail.

Les Femmes de la guerre

Grâce aux performances de Laura Smet, qui attend désespérément le retour de son mari ou celle d’Iris Bry, amoureuse d’un Georges qu’elle ne reverra pas, le spectateur se trouve plongé dans ce monde féminin trop souvent oublié, et sur grand écran, frappant de réalité, dévoilant les multiples rôles qu’assument les femmes du monde.

Les mains, comme l’a bien compris Xavier Beauvois, sont témoignage de la vie, du temps qui passe et des douleurs; à l’image des doigts bientôt tordus et rigides de Madame Hortense, ou de ceux encore pleins de force de Francine, s’épousant dans la scène la plus intense et la plus belle du film avec ceux de Georges.

La volonté de présenter la femme et ses ressources intérieures finit par prendre le dessus sur la présence tout de même continue des hommes – les Français, les Allemands et les Américains. Ce long-métrage proposait de conter les femmes de la guerre, il en dit finalement bien plus grâce à des détails historiques inattendus, sur l’horreur de la guerre et ses conséquences humaines et sociales, ou sur ce qui, pour ces femmes, ranimait l’espoir.

Ecrire à l’auteur: lavoyer.helene@gmail.com

Crédit photo: © forumdesimages.fr

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