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«Brooklyn Yiddish», une photographie sublime épouse l’histoire d’un veuf2 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

« Les rabbins ont-ils droit de regard sur tout ? »

Menashe a l’air perdu. Il marche dans son quartier sans sembler savoir où il va. Pourtant, il est en retard, comme d’habitude. A peine arrivé à l’épicerie kasher où il travaille, il reçoit une remarque de son supérieur. Par ailleurs, Menashe est veuf depuis une année. La garde de son fils unique, Rieven, a été confiée au frère de sa défunte épouse, jusqu’à ce qu’il ne se trouve une nouvelle femme. Seulement, il n’est pas très désireux de se marier. Ce qui compte pour lui, c’est son fils. Miséricordieux, le rabbin lui accorde de pouvoir reprendre Rieven chez lui pendant une semaine. Le père se donnera la plus grande peine pour prouver que lui et l’enfant peuvent être heureux.

Une histoire touchante

Joshua Z. Weinstein a plongé dans sa propre judéité pour donner un aperçu de la vie dans un quartier juif. Si Brooklyn Yiddish rend parfaitement compte de l’atmosphère régnant au sein de la communauté hassidique de Brooklyn, il offre en réalité beaucoup plus. L’histoire raconte l’amour aussi banal qu’immense d’un père pour son fils. Le père est certes très maladroit, néanmoins le petit n’a d’yeux que pour lui.

Le film expose aussi le sentiment de se sentir à part. Menashe est généralement méprisé pour son statut de veuf tardant à se remarier. En plus, il ne prend pas soin de son apparence, en négligeant le port du chapeau et du manteau. Décalé, il essaie d’être accepté comme il est, au sein d’un groupe plutôt homogène. Le personnage est donc simplement touchant. Malgré le tallit katan, gilet noir, kippa et barbe, il incarne tous ceux en quête d’une existence sans rien de spectaculaire, mais pleine.

Une photographie sublime

La photographie épouse à merveille la trame ; ce qui fait de Brooklyn Yiddish une œuvre complète. Les plans ont une prestance poétique qui révèle tout ce que Menashe a dans le cœur et n’ose pas dire. Jouant beaucoup avec les côtés du visage, le réalisateur filme des scènes où la position de la caméra par rapport au personnage raconte son état d’âme. Les plans généraux ne sont pas moins réussis, montrant la rue arpentée de femmes qui tirent derrière elles une marmaille d’enfants, ou d’hommes qui marchent le dos droit, chapeau noir surplombant leur tête.

L’alternance entre net et flou, élevée par des mouvements de caméra traduisant éloignement ou rapprochement, participe elle aussi de la beauté des images. Elle donne à voir tantôt le calme de la solitude d’un Juif, tantôt l’agitation à la table du shabbat ou au balancement de la tête en prière. La musique, quant à elle, laisse résonner les plus beaux violons, sans tomber dans un excès de mélancolie. Juste et tempérée, elle accompagne le chemin de Menashe et Rieven, heureux.

« Menashe, la Torah dit : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul.” »

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo : © Federica Valabrega pour Look Now!

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