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«Tout l’argent du monde»: l’art d’empiler les clichés2 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Les mercredis du cinéma – Nicolas Jutzet

En soi, l’histoire, basée sur des faits réels, a tout pour plaire et pour passionner le spectateur. Décrire la vie d’un homme à succès, grisé et rongé par le profit, qui doit faire un choix entre son patrimoine et son héritage humain. Un choix de conscience ; pour lui qui semble l’avoir trop peu écoutée. Le dilemme est ambitieux, savoureux et intéressant sur le plan philosophique. On se plonge dans l’univers et parfois le cœur d’un homme puissant, cupide et terriblement rationnel, au point de paraître insupportablement cynique. Tout en n’arrivant jamais à se montrer crédible dans sa posture.

Paul Getty, le patriarche

Le vrai Paul Getty était, heureusement, plus convaincant que son interprète contemporain. On notera pour l’anecdote que l’acteur initialement prévu, Kevin Spacey, s’est vu remplacé à la dernière minute, suite à un scandale de mœurs, par le vénérable Christopher Plummer.

Celui qui s’est fait tout seul, et qui ne peut compter sur sa relève pour reprendre le flambeau, est donc imagé dans un moment charnière de son riche parcours. En fin de vie, à l’heure du bilan, il doit finalement se rendre compte qu’au-delà de son compte, il existe également des bilans. Pourtant, au moment d’apprendre l’enlèvement et la demande de rançon pour son petit-fils préféré, John Paul Getty III ne cède rien. Payer créerait un précédent. Ses nombreux autres petits-enfants seraient les prochains sur la liste…

Il tient, ne rompt pas. Malgré l’aplomb et le courage de la mère du jeune homme, incarnée par une Michelle Williams qui se glisse à merveille dans le rôle. Pour le reste, la troupe de mafieux calabrais qui est à l’origine de l’enlèvement relève du cliché outrancier. Cuir noir, voix roucoulante et testostérone. Vaste programme.

L’expérience consiste en intensité, non en durée

Au final du synopsis, on se demande si la représentation de Paul Getty est exagérée ou si le personnage était réellement le détestable vieillard calculateur qui nous est présenté. On ne se détachera jamais de ce doute. Néanmoins, on s’attache aussi à ce magnat du pétrole. Un homme qui refuse de payer pour libérer son petit-fils préféré, sans sourciller, est sans doute un être qui mérite quelques secondes d’attention. Cette intransigeance explique à elle seule, sans doute, une grande partie de son succès !

La durée – deux heures quinze – fatigue et étend une histoire qui perd rapidement de sa superbe et de son suspens. Le scénariste place le focus sur de nombreux détails pas forcément pertinents et vitaux pour la qualité et la compréhension du récit. Il accentue par ce fait les nombreux clichés que nous avons déjà sur une classe de la population que nous ne connaissons finalement pas suffisamment pour pouvoir la considérer de manière critique. Enfin, la volonté exagérée d’accentuer le caractère des personnages finit par nuire à la qualité et à la consistance de l’œuvre.

« Devenir riche, c’est à la portée de tout le monde. Le rester, beaucoup moins. »

Ecrire à l’auteur : nicolas.jutzet@lereregardlibre.com

Crédit photo : © Fabio Lovino pour Impuls Pictures

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