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Une courte histoire du Venezuela pour comprendre le présent4 minutes de lecture

par Hélène Lavoyer
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Les lundis de l’actualité – Hélène Lavoyer

Voici une nouvelle dont vous avez certainement entendu parler cette semaine : Nicolàs Maduro, successeur d’Hugo Chavez à sa mort en 2013, a été réélu pour un mandat de président du Venezuela. Avec près de 70% des suffrages, le président se retrouve pourtant plus isolé et contesté que jamais ; en effet, la situation économique et sociale se dégrade, et le pays reste l’un des plus dangereux au monde, notamment à cause de son statut de « plaque tournante » pour le milieu de la drogue.

Comment comprendre l’abstention de plus de la moitié de la population lors des élections ? Quelles sont les causes du mécontentement de la population ? Tenir compte de la politique sous Chavez nous permet de saisir un peu plus l’enjeu actuel.

L’amélioration sociale sous Chavez

En 1998, Hugo Chavez est élu président du Venezuela. Il présente alors la « Révolution bolivarienne », censée relancer l’économie et assainir les inégalités sociales tout en amenant le pays sur la scène internationale. Pari relevé, puisqu’entre 1999 et 2010, le taux de scolarisation passe de 48% à 72% et que la part de la population pauvre baisse de 21% au cours de cette même période.

Pourtant, plusieurs failles remettent en question la politique de Chavez, et notamment la question de la sécurité, qui n’a de cesse de baisser. Plusieurs raisons expliquent cela, notamment la présence des FARCS en Colombie, ainsi que la perméabilité de la frontière entre les deux pays, qui aurait profité tant au marché de la cocaïne qu’à celui de l’armement. Aujourd’hui encore, le Venezuela est considéré comme l’un des pays les plus dangereux au monde.

De Chavez à Maduro

En 2013, alors même qu’il venait d’être réélu, Hugo Chavez décède et c’est à Nicolàs Maduro, également membre du parti Socialiste unifié du Venezuela, que revient la direction du pays. Problème majeur des années Chavez : la principale source de financement du  gouvernement  était constituée par l’industrie pétrolière, le Venezuela regorgeant de cette matière première, plus encore que l’Arabie Saoudite.

A la chute du prix du pétrole, à cause du manque de diversité dans le secteur économique et de tensions avec les Etats-Unis – puisque Chavez avait longuement combattu l’influence américaine en Amérique centrale –, la crise économique s’étend en une crise sociale, les services publics dépendant de ces fonds. Le nouveau défi est alors de conserver la situation sociale améliorée du peuple ; pourtant, malgré de nombreuses mesures visant par exemple à augmenter le montant du salaire minimum, c’est un échec.

De plus en plus de pénuries alimentaires ou médicinales émergent, puisque la diversité économique n’est pas développée. Chute du pétrole rime avec augmentation de la pauvreté et moins de moyens pour importer les 50% que consomment, en matière d’alimentation, les Vénézuéliens.

Mais pourquoi Maduro est-il si contesté ?

Plusieurs raisons nous amènent à la détestation dont le « gouvernement Maduro » fait l’objet aujourd’hui. Non seulement l’ampleur de la crise économique et sociale, mais également la liberté quasi inexistante de la presse, fortement dirigée et oppressée par le gouvernement. L’opposition politique et le peuple accusent Maduro de dictature.

En 2015, l’opposition gagne du terrain et s’impose numériquement au Parlement. Débute alors un duel tendu avec le gouvernement de Maduro. Le conflit s’envenime encore en mars 2017, car la Cour Suprême (la puissance judiciaire principale du pays), composée majoritairement de partisans de Maduro, annonce sa décision de dissoudre le Parlement dont les pouvoirs lui reviendront.

Il est trop tard lorsque l’institution revient sur sa décision, et la population partisane à l’opposition commence de nombreuses manifestations dans les rues, suivies de conflits avec les forces militaires, elles majoritairement pro-Maduro. Les conflits s’enveniment et les deux camps sont victimes d’attentats violents.

Et maintenant ?

Aujourd’hui, la réélection de Nicolàs Maduro est fortement contestée ; à l’intérieur de son territoire, mais également au-delà. Les Etats-Unis ont menacé, dès le lendemain de l’annonce des résultats, de prendre des mesures économiques et diplomatiques rapidement. L’Union Européenne ainsi que les pays membres du « groupe de Lima » ont également récusé le résultat. Dans leur discours, c’est principalement le non-respect de la démocratie et la souffrance du peuple vénézuélien qui sont avancés. D’autres pays, tels que la Russie ou le Salvador, ont quant à eux félicité Maduro pour sa réélection.

Les enjeux actuels, auxquels devra faire face Maduro, se trouvent donc entre les conflits avec l’opposition et la situation socio-économique des habitants, qui s’est dégradée depuis 2013. De plus, la corruption et le marché de la drogue devront faire partie du programme du nouveau président. Rien n’est certain cependant, et il n’est pas impossible de voir un nouveau dirigeant prendre la place de Maduro à cause de mesures forcées.

Ecrire à l’auteur : helene.lavoyer@leregardlibre.com

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