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«Bécassine!», un humble spectacle d’émerveillement3 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

« Vous pouvez m’appeler simplement Bécassine. »

Bécassine est une fille gentille. Bécassine est une fille simple, et même un peu simplette. Bécassine, on la connaît. C’est la bécasse de la bande dessinée, qui devient désormais un personnage de film, avec sa personnalité et ses aventures propres. Elle est bretonne ; elle rêve de Paris, de sa grandeur et de ses lumières. Au fond d’elle, elle veut en fait simplement se rendre utile, travailler et être heureuse.

Après avoir salué l’oncle Quentin et ses parents, Bécassine se met en route pour la capitale. Sur le chemin, elle croise la voiture fringante et jaune de Madame la marquise de Grand-air accompagnée du chauffeur, de son homme de confiance, de sa fille adoptive et de la nourrice. Cette dernière, abrutie par les coups reçus de son père, maltraite la môme à coups de gifles. Congédiée au milieu de la route, c’est Bécassine qui prend sa place, déviant ainsi son chemin prévu pour Paris. Au service de la marquise, la jeune Bretonne s’installe au château pour s’occuper de la petite Loulotte et ranimer le lieu, poussant les autres domestiques au même entrain.

Une bonne comédie française

Autant dire tout de suite que Bécassine ! n’est ni un chef-d’œuvre ni un film révolutionnant l’adaptation des bandes dessinées au cinéma. Cela n’empêche pas de reconnaître que le long-métrage réalisé par Bruno Podalydès est frais, sain, drôle, intelligent et agréable. Bécassine ! rassemble ces qualités parce qu’il a un but bien précis qu’il réussit : offrir de manière fine une bonne comédie française.

Qui dit comédie, dit jeu de mots, et dit aussi comique de geste. La prestigieuse sélection d’acteurs – comptons entre autres Karin Viard, Josiane Balasko et Denis Podalydès – et particulièrement Emeline Bayart interprétant le personnage principal, donne au film une dimension théâtrale. Les mouvements sont répétitifs, juste assez pour décrocher un sourire léger au spectateur le plus grincheux et pour ne point tourner en un ridicule insistant et lassant. Les blagues, de leur côté, sont plus lourdes ; non parce qu’elles friseraient une once de vulgarité, mais parce qu’elles sont bêtes.

Il faut en effet une part de bêtise pour caractériser un personnage de comédie. Fidèle à la Bécassine traditionnelle, le scénario dessine les contours de l’héroïne. Pourtant il ne s’agit bien que de contours. L’intérieur est tout autre. Il complète la richesse de celle qu’on considère comme sotte. La comédie prend alors de l’ampleur et répond à sa vocation : présenter quelqu’un qui fasse rire, certes, mais qui émeuve aussi par son innocence teintée d’authenticité. En ce sens Bécassine est très proche de Mister Bean, drôle et touchant lui aussi.

Un film d’émerveillement

L’émerveillement devient ensuite une conséquence du comportement des figures comiques. Là, précisément, le réalisateur parvient à donner à son film une consistance bien solide et efficace. Bruno Podalydès aurait pu se limiter à ne laisser transparaître l’émerveillement que dans la psychologie de Bécassine.  Il l’étale au contraire jusque dans les éléments techniques. La photographie est claire dans sa luminosité, vivement colorée et envahit le regard de Bécassine. L’esthétique de la scénographie a, comme mentionné, son allure théâtrale, mais aussi son côté dansant. La chorégraphie opérée par Emeline Bayart transporte, en plus du regard, le corps tout entier de Bécassine dans l’émerveillement.

Le tout est enfin porté par la musique. Essentielle, elle ne se démarque pas trop de l’ensemble de l’œuvre dans la mesure où elle lui colle parfaitement. Elle est tellement naturelle qu’on ne sait pas vraiment si elle est cause ou conséquence de l’émerveillement. Entre le piano doux, les cordes pincées, la guitare caressée et la flûte enchantée, la bande-son confirme bel et bien que le personnage de Bécassine a de la chance d’avoir été ramené à la vie par un réalisateur talentueux, qui offre à son public un humble spectacle d’émerveillement, de joie et de tendresse.

« – Ralentissez un peu !
– C’est pas moi, c’est la voiture. »

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo : © Praesens-Film

 

 

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