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«Burning», quand le cinéma laisse un désir2 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

« – Tu ne demandes pas quel est le problème ?
– Des problèmes, il y en a tout le temps. »

Une camionnette blanche filmée par l’arrière, un jeune livreur qui fume une cigarette. Celui-ci prend ses paquets à l’épaule et les apporte dans un magasin. A l’entrée, deux filles sont chargées de la promotion des articles. En tenue sexy, elles dansent devant la porte en proposant une tombola aux clients. Le livreur sort et se fait appeler par son prénom. « Jongsu ! » Il s’approche de la danseuse publicitaire. Apparemment, ils se connaissent. Jongsu n’en a aucun souvenir. Quoi qu’il en soit, se tisse entre les deux une amitié silencieuse et étrange. Sans trop tarder, lesdites retrouvailles finissent au lit pour une aventure sexuelle. La jeune fille part en voyage. A son retour, elle demande à Jongsu de venir la chercher à l’aéroport. Mais elle est accompagnée d’un « Gatsby coréen ». Le nouveau duo devient trio, et le cauchemar général apparaît.

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Le triangle amoureux de Burning.

Burning se démarque avant tout par sa photographie. Le réalisateur Lee Chang-dong a voulu en effet traiter de thèmes bien graves et précis tout en laissant le privilège de la parole à l’image. Le décor n’est autre que la banalité du quotidien, en ville comme en campagne. Les entrées des magasins sont ornées d’un kitsch tout asiatique et capitaliste. Les campagnes, de leur côté, sont ponctuées de déchets et de serres qui ternissent l’image, la rendant ainsi plus dépouillée, mélancolique et inquiétante. Il ne manque cependant pas de grâce : la caméra s’empare des couleurs mutantes du soleil pour offrir à l’écran un spectacle époustouflant. Les personnages eux-mêmes dévoilent une part de leur for intérieur sous les lueurs orangées d’un soleil couchant.

Si le scénario est dans son ensemble plutôt réussi, il doit surtout remercier les acteurs – notamment les trois protagonistes principaux – qui s’engagent dans un jeu surprenant. Chacun des membres du trio a ses caractéristiques de jeu. Les personnages avancent ainsi avec une attitude qui les suit jusqu’à les mener au bout de ce qu’ils sont vraiment. Du côté thématique, le film sud-coréen ne vise pas l’originalité : triangle amoureux, lutte des classes, phantasmes et réalité. Peu importe, car le langage par lesquelles ces thématiques sont portées est bel et bien original.

Louange particulière à celle du phantasme, spécialement le phantasme sexuel qui gicle une semence encore plus vertigineuse à Burning. Reste toutefois à évoquer le bémol général : on s’y perd. L’abstrait et l’imagination sont poussés à un tel extrême que le spectateur sort de la salle obscure de cinéma dans une obscurité encore plus dense. Ce genre d’expérience peut marcher, mais il peut aussi laisser à désirer. Et nous ne parlons pas que de phantasmes.

« C’est de la pantomime. »

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo : Xenix Films

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