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«A l’école des philosophes», une magnifique philosophie de vie4 minutes de lecture

par Lauriane Pipoz
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Les mercredis du cinéma – Lauriane Pipoz

Dans son dernier documentaire, Fernand Melgar nous livre un regard sur cinq enfants affectés par un handicap. Accompagnés par des professionnelles, ces derniers vivent sous nos yeux leur première rentrée à l’école de la Rue des philosophes. Leur objectif pour l’année: «apprendre le métier d’écolier», selon Adeline, l’enseignante de la classe.

La caméra s’ouvre sur trois filles et deux garçons particuliers, accompagnés de leurs parents. Pendant un an et demi, ils seront suivis quotidiennement par Fernand Melgar, cinéaste lausannois familier des documentaires engagés. C’est ainsi que la magie opère lentement sous nos yeux: si les enfants paraissent chaotiques lors de leur premier jour d’école, ils semblent lentement s’apprivoiser, sous l’attention constante et la bienveillance de leurs accompagnatrices.

Les progrès comme ligne directrice

Tout au long du documentaire, le spectateur observe les «acteurs» évoluer, guidé par les commentaires des pédagogues et thérapeutes. Il s’agira du fil rouge du film: les enfants semblent s’ouvrir à mesure qu’ils se découvrent les uns les autres et apprennent à vivre en communauté. Il faut dire que certains avaient l’habitude d’être au centre de l’attention. Citons par exemple Albiana, dont la maman épuisée confie qu’elle a dû laisser sa fille cadette au Kosovo chez ses parents: sa première fille, atteinte du syndrôme de Dawn, la tapait, car elle n’était plus seule au centre des préoccupations de la famille. Si, au début du film, l’enfant semble incontrôlable et donne énormément de fil à retordre aux éducatrices, elle devient peu à peu plus gérable grâce à l’extrême patience et à l’optimisme des éducatrices.

Il est difficile d’en parler sans évoquer un peu plus la scène poignante où la maman d’Albiana révèle avec émotion son quotidien: la petite indocile court partout en criant et arrache quelques mouchoirs. Sa mère la réprimande avec énergie, mais l’enseignante, avec un sourire et un regard tendre, lui répond d’utiliser ce mouchoir, car c’est sa fille qui le lui a offert. Elle nous apprend donc par là que les choses prennent la signification qu’on veut bien leur donner.

Le premier ingrédient: l’amour

Ce documentaire, c’est ça: une leçon sur les miracles que peut faire l’amour. Il s’agit, selon les déclarations de Melgar à Swissinfo, du premier ingrédient pour «faire progresser n’importe quel être».[1] Nous parlons ici de l’amour de ces professionnelles engagées à 100% dans leur tâche, mais également de celui des parents. Ces derniers semblent avoir érigé leur quotidien autour de leur enfant différent, et paraissent le faire volontiers, malgré toutes les difficultés. Citons ici la maman de la petite Chloé, atteinte de tochondriopathie dégénérative et dont l’espérence de vie est très réduite. Celle-ci déclare que son couple n’a pas survécu au diagnostic, car elle ne pouvait plus supporter de courir dans sa vie pour des choses futiles: elle veut profiter du temps qui est accordé à sa fille. Elle fait cette déclaration en la couvrant d’un regard affectueux et en l’appelant «rayon de soleil».

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Difficile de ne pas être profondément touché par cette leçon de vie que Fernand Melgar nous offre à travers ces personnes formidables qui ont érigé leur vie autour de ces enfants différents. Ils nous enseignent à quel point chacun est capable de progrès si on lui en donne la chance et l’environnement nécessaires. Parmi d’autres leçons, ils nous montrent également à quel point l’optimisme est important et poser un regard sur la différence peut nous en apprendre plus sur la vie. Alors, à tous ceux qui prétendent que la philosophie est barbante, osons répondre qu’elle ne se cache pas que dans les rayons des bibliothèques : elle est partout autour de nous si l’on ose regarder ce que les autres ont à nous enseigner, et elle est magnifique.

Ecrire à l’auteur: laurianepipoz@gmail.com

Crédit photo: © Outside The Box

[1]https://www.swissinfo.ch/fre/economie/-a-l-%C3%A9cole-des-philosophes–de-fernand-melgar_-je-ne-vois-plus-le-handicap–je-vois-des-enfants-avec-d-autres-qualit%C3%A9s-/43845828, consulté le 19 septembre 2018.

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