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Et finalement, le pragmatisme s’impose4 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Les lundis de l’actualité – Nicolas Jutzet

C’est un plébiscite pour le Conseil fédéral! Dans un contexte international de révolte contre les élites qui seraient déconnectées des réalités du quotidien des gens,  l’expression démocratique pragmatique sortie des urnes ce dimanche 25 novembre est à saluer. Victoire sur toute la ligne pour les «sept sages».

Malgré le populisme ambiant, le Conseil fédéral maintient le cap

Obligé d’affronter deux campagnes d’une rare malhonnête intellectuelle, celle de l’initiative populaire «Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination)» et celle qui visait à refuser la modification de la base légale pour la surveillance des assurés, l’exécutif aura su se faire entendre et rallier une majorité des citoyens derrière lui. Une force tranquille.

La population a, dans les deux cas, rejeté à une large majorité une façon de faire de la politique. Celle qui se résume à agiter les peurs, faire des procès simplistes et à nier la complexité de nos institutions, qui est pourtant patente en 2018. C’est ainsi que l’on a pu entendre des affirmations qui, quel que soit notre avis sur le plan personnel, étaient purement et simplement hallucinantes. Les uns martelant que la démocratie directe était en danger pendant que les autres parlaient de la fin de l’Etat de droit et de surveillance de masse à la 1984 en lien avec la base légale sur la surveillance des assurés. Au final, cette stratégie à coup d’hyperboles rencontre un mur, soit le rejet massif. La population semble lassée de l’alarmisme, des excès de langage et des solutions toutes faites qui finissent par s’avérer bien plus problématiques que les pseudo-problèmes à régler.

Base légale pour la surveillance des assurés: l’exemple type d’une campagne à oublier

Dans un premier temps, même les partis de gauche avaient refusé de lancer le référendum contre la modification de la base légale pour la surveillance des assurés. L’objet n’était pas une priorité politique et risquait, à une année des élections, de se transformer en véritable boulet politique. Ce fut le cas. Bien qu’ayant fini par soutenir à demi-mot le référendum, les défenseurs issus du parti socialiste se sont fait rares pendant la campagne, laissant le terrain à des seconds couteaux du parti ou à des débutants.

Leur campagne anxiogène, se jouant allègrement des faits (comme démontré par un fact-checking neutre lors de l’émission «Arena» en Suisse allemande) n’aura jamais vraiment pris. Se gargarisant d’être l’émanation d’un groupe de citoyen, les référendaires durent admettre les limites de leur modèle quand la base, après un vote interne, accepta l’idée de publier l’affiche figurant ci-dessous, dans la rue et sur les différentes plate-formes. Pour la classe et le respect des opposants, on repassera.

Berset

On ne pourrait conclure l’analyse de cette campagne sans évoquer l’existence d’un comité «bourgeois» s’opposant au texte. Ce dernier utilisait un hashtag (#) pour le moins curieux. Selon eux, leur point de vue serait celui d’un #echtliberal / #vrailibéral. On notera au passage que le micro parti UP!, seul parti de Suisse à défendre une ligne libérale conséquente, basée sur la lecture et la compréhension des grands auteurs libéraux, était… pour la modification de la base légale

On peut légitimement se poser la question en quoi une coalition hétéroclite réunissant des vert’libéraux, des jeunes centristes et quelques libéraux-radicaux peut prétendre au monopole (tiens, encore une notion bien libérale…) des idéaux en lien avec la liberté? Pour en connaître certains, Milton Friedman ou autres Hayek ne trouvent assurément pas de place dans leur bibliothèque. Leur connaissance du libéralisme s’arrête à ce hashtag. Ils ont passé la campagne à relayer des communiqués appelant à une surveillance plus drastique des fraudeurs fiscaux et autres revendications venant d’une gauche évidement bien connue pour sa compréhension et son respect de la sphère privée des citoyens. Sans oublier de se contredire à chaque deuxième argument.

Entre ceux qui voulaient supprimer toute possibilité de procédure administrative, les autres qui souhaitaient le même attirail de mesures mais avec l’approbation en aval d’un juge – rappelons que le comité parlait de surveillance de masse et de la fin de la vie privée… mais, si un juge donne soudainement son aval, la sphère privée est-elle assurée? – et les derniers, ne s’embarrassant pas de ces contraintes factuelles, tous mélangeaient simplement tout en criant à la fin de l’Etat de droit.

Ici encore, pour la crédibilité, on repassera. Bien dommage, le sujet était intéressant et aurait mérité un débat de fond! De façon générale, et c’est une leçon qu’il faut tirer du rejet massif tant du référendum contre la nouvelle loi sur les jeux d’argent que de celui-ci, une majorité de la population semble être prête à vivre avec des lois qui sont imparfaites et refuse de pinailler sur quelques points précis comme ce fut le cas durant ces deux campagnes récentes. Un mal pour un bien?

Ecrire à l’auteur: nicolas.jutzet@leregardlibre.com

Crédit photo: © Pixabay

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