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Le peuple est-il dangereux?3 minutes de lecture

par Clément Guntern
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Les lundis de l’actualité – Clément Guntern

En ce mois de janvier 2019, en France, le mouvement populaire des «gilets jaunes» tend à prendre deux formes différentes. D’un côté, ceux qui continuent de manifester plus ou moins violemment et, de l’autre, ceux qui souhaitent participer au débat inauguré par le président Macron. Pour ces derniers, il est question de débattre des mille et une questions qui tourmentent le pays et de discuter démocratie. Voire de la réinventer.

N’allons pas jusque-là. Réinventer la démocratie, certainement pas, mais remodeler la démocratie représentative, peut-être. Le grand débat voulu par le président pourra prendre la forme de tables rondes participatives. Ou, tout simplement dit, d’un débat autour d’une table. Beaucoup parmi les «gilets jaunes» regrettent l’attitude du gouvernement qui, lors de certaines prises de position, excluait tantôt certaines réformes des débats, tantôt admettait tous les thèmes. En effet, les modalités d’un débat d’ampleur nationale sont complexes. D’ailleurs, les premières réunions dans les communes de France tournaient autour de ces modalités du débat. Où doit-il avoir lieu? Avec qui? Quand? Combien de personnes? Avoir des règles pour cadrer une discussion est essentiel à une démarche productive et ceux qui s’en offusquent ne sont pas au clair sur ce qu’est la démocratie.

Les Français semblent se réveiller pour enfin se rendre compte, ou peut-être demander plus fortement, que la démocratie ne se limite pas à des élections. La définition d’une démocratie étant si complexe et si variée que pas une seule sur cette Terre ne possède son exact semblable dans un autre pays. Les formes d’agencement des institutions, du parlement, du gouvernement, la place des citoyens sont aussi nombreuses que les Etats. Le même flou règne et le même champ des possibilités s’ouvre lorsqu’on se demande où commence et où se finit la démocratie. L’élection d’un parlement est-il suffisant? Certainement pas. Il faut des conditions qui l’encadrent: la justice impartiale, la liberté d’expression, la liberté de mouvement, une participation significative, un décompte exact des voix et une multitude de règles que nous ne rapprochons plus forcément à l’exercice démocratique.

Il en va de même pour la participation des citoyens qui peut prendre des formes plus ou moins étendues. Dans le mouvement des «gilets jaunes», une revendication a rapidement émergé: le référendum d’initiative citoyenne, ou RIC. Ces derniers l’ont présenté comme un remède miracle pour la France, même si certains, pour la plupart membres de l’élite politique ou intellectuelle, y voient plutôt une menace contre la démocratie; arguant que le peuple risquerait de démolir les constructions législatives progressistes comme la peine de mort, le mariage pour tous et bien d’autres encore.

Cette réaction ne justifie-t-elle pas la demande même du RIC? Car c’est cette attitude paternaliste et élitiste des politiciens déniant l’avis de beaucoup pour imposer ce qui est réellement bon pour le peuple qui dérange. Ici se situe la déconnection entre le peuple et ses dirigeants que le RIC souhaite combattre. Le référendum et par extension le peuple sont-ils dangereux? Au contraire, des échéances électorales plus ou moins régulières permettent d’imposer une certaine confiance ainsi qu’une plus grande sérénité dans le système politique et peuvent le réguler. Un parti qui se verrait désavoué dans les urnes devrait se remettre en cause et accepter le résultat. Plus besoin d’entendre dire «ce que les Français veulent» de la part de politiciens venus de tous les partis qui s’imaginent savoir ce qui est bien pour le pays. Pourquoi ne pas le lui demander tout simplement?

Mais, de même que pour tous les organes démocratiques, le référendum doit être cadré par des règles et des institutions. Le tout, dans le but d’éviter de devenir un système vide de sens où les décisions ne sont pas appliquées. Toutes ces questions autour de la démocratie en France doivent être suivies de près depuis la Suisse. Car nous ne sommes pas parfaits avec notre démocratie semi-directe. Des idées intéressantes sur le référendum ou les initiatives populaires pourraient être reprises à notre compte si elles vont dans le sens d’une régulation plus juste et impartiale du droit de vote. Ce qui manquerait encore en Suisse.

Ecrire à l’auteur: clement.guntern@leregardlibre.com

Crédit photo: Wikimedia Commons, CC 2.0

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