Vous êtes sur smartphone ?

Téléchargez l'application Le Regard Libre depuis le PlayStore ou l'AppStore et bénéficiez de notre application sur votre smartphone ou tablette.

Télécharger →
Non merci
Accueil » Not my Favourite

Not my Favourite4 minutes de lecture

par Lauriane Pipoz
0 commentaire

Les mercredis du cinéma – Lauriane Pipoz

La Favorite se déroule au début du XVIIIe siècle à la cour d’Angleterre. Pendant que la guerre franco-anglaise fait rage, à la cour, on s’amuse grâce à des courses de canards et des dégustations d’ananas. La reine Anne d’Angleterre occupe le trône. Or, en coulisses, c’est Lady Sarah, sa favorite, qui tient les rênes. La cousine de cette dernière, Abigail Hill, monte à la cour. Assoiffée de pouvoir, la nouvelle servante ne tarde pas à se faire remarquer de la reine à l’aide de stratagèmes perfides. S’ensuit un jeu de manipulation pervers entre les deux cousines.

Les femmes au premier plan

Le réalisateur, Yòrgos Lànthimos, a soigné ses décors et ses costumes. C’est également le cas de ses dialogues, très bien construits. Notons par exemple l’échange entre la reine et Sarah, au début du film:

«C’est quoi, ce maquillage?

– On voulait un effet théâtral. Vous aimez?

– On dirait un blaireau. Oh non, vous n’allez pas pleurer, quand même? A quoi ressemblez-vous alors?

– … A un blaireau.»

Dans son environnement grandiose, Lànthimos a détourné les codes du film historique. Les hommes ne sont vus que comme des personnages secondaires, manipulés par les servantes. A l’instar de Robert Harley, qui sous-estime Abaigail et tente de faire pression sur elle. S’il semble y parvenir au départ, elle lui montrera rapidement qu’elle est un fin stratège et retournera très rapidement la situation.

Du sexe, beaucoup de sexe

«Dois-je comprendre que vous êtes intelligente?

– Vous voulez me baiser?

– Non, j’en laisse le soin à Masham, qui est complètement obsédé par votre cul.»

Si Abigail se sert du sexe comme d’une arme (elle épousera ledit Masham afin d’accéder à un statut aristocratique), ce dernier est par-tout. Ainsi, le bras de fer entre les deux servantes se joue également dans la couche de la reine. En même temps qu’Abigail, on comprend que Sarah est l’amante d’Anne d’Angleterre. La nouvelle servante ne tardera pas à s’y glisser également.

Si cette idée peut être intéressante puisque originale, d’autres scènes peuvent paraître superflues. Par exemple, Sarah se réveille dans un bordel après avoir fait une chute de cheval suite à une ruse particulièrement vile de sa concurrente. C’est ici l’occasion pour le réalisateur de montrer des scènes de sexe particulièrement animales. Etait-ce réellement nécessaire?

De la manipulation, du ridicule et du grotesque

Vous l’aurez peut-être compris, si trois femmes sont installées au cœur de son intrigue, elles ne sont pas pour autant mises en valeur. On voit les crises de colère répétées et caprices de la reine immature, tout comme sa grande stupidité:

«Ai-je zézayé?

– Non, vous ne zézayez pas.

C’est justement ce qui m’a fait peur, l’idée que j’aurais pu le faire.»

Quant à l’aspect manipulateur extrême des servantes, il est mis en lumière dans plusieurs scènes. Citons celle de la nuit de noces de Masham et d’Abigail, durant laquelle la servante réfléchit à son prochain stratagème tout en délivrant sans soin aucun une gâterie à son nouveau mari. Quant à la superficialité des gens de cour, qui semble être l’un des sujets principaux du film, elle se décline en de nombreux exemples. Evoquons notamment une scène dans laquelle des convives s’amusent à lancer des fruits sur un homme nu et hilare. Les personnages, grotesques, sont ainsi tous stupides ou vils: personne n’est épargné. Ces défauts sont mis en exergue par de la musique anxiogène, des ralentis théâtraux ou encore des arrêts sur image.

Si ces scènes sont amusantes au début, elles deviennent progressivement très lourdes. A force, on en a le tournis, ce qui est montré à l’écran par l’ultime scène du film. Dans cette dernière se superposent Anne d’Angleterre, Abigail et – comble du ridicule – les lapins de la reine, qu’elle appelle ses «enfants». L’effet, souhaité, est donc réussi, tout comme la magnifique prestation des actrices principales du film – en témoigne la horde de prix pour lesquels le film est nominé. Ce qui n’empêche pas que la grosse sensation de malaise qui s’empare du spectateur au sortir de La Favorite n’est pas agréable pour tout le monde.

Pour vous faire votre propre avis, rendez-vous par exemple à Cinepel.

Ecrire à l’auteur: lauriane.pipoz@gmail.com

Crédit photo: © Twentieth Century Fox

La favorite
IRLANDE, 2018
Réalisation: Yòrgos Lànthimos
Scénario: Deborah Davi, Tony McNamara
Image: Robbie Ryan
Production: Element Pictures, Scarlet Films
Distribution: Fox-Warner
Durée: 2h
Sortie: 6 février 2019

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Contact

© 2024 – Tous droits réservés. Site internet développé par Novadev Sàrl