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«Une histoire italienne», entre insouciance et désenchantement2 minutes de lecture

par Amélie Wauthier
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Les bouquins du mardi – Amélie Wauthier

Attalo a tout juste six ans quand son père se fait exploser le crâne lors d’un accident de chasse, le laissant seul avec sa mère. En quête de repères masculins, Attalo trouve en la personne de Benito Mussolini un substitut paternel de premier choix. Et dans le fascisme, la promesse d’un «Nouvel Ordre», d’une appartenance.

«Attalo comprit que la rédemption n’existait que dans le groupe. Devenir l’un de ces êtres aux dehors les plus cachés. En digérer le conformisme. L’intégrer, le fortifier. Faire taire l’individu en lui, d’où ne pouvait naître que son pire ennemi : le doute sur lui-même.»

L’enfant d’Armando Mancuro, dit «il professore», et de Maddalena, villageoise au visage d’enfant bête, sait qu’il peut compter sur son charisme pour « tenter sa chance dans le grand bain » et part s’installer à Florence. Il devient journaliste, signe des papiers dans lesquels il fait les louanges du «Duce» et se fait rapidement sa place aux côtés des Grands. En 1935, Attalo Mancuso s’engage comme volontaire pour la conquête de l’Abyssinie, une guerre qu’on dit « facile à gagner » et qui va en réalité confronter notre anti-héros à ses doutes et ses désillusions.

C’est l’histoire d’un prénom. Celui d’Antonio Giuseppe Maria, rapidement rebaptisé Attalo Sotere, avant de devenir Attalo Mancuso d’Altavilla. Un prénom qui évolue au fil des aventures de celui qui le porte, tel son reflet, suscitant au passage de nombreux surnoms et sobriquets plus ou moins humiliants de la part de ses camarades. 

C’est l’histoire d’un enfant, bercé par les bras d’une mère qu’il méprise et les récits héroïques d’un père qu’il cherchera désespérément à satisfaire. Un enfant qui grandit dans l’Italie du début du 20e siècle, rêve de gloire et d’un destin hors norme. Un enfant qui devient homme et tente à tout prix à se convaincre que son combat a du sens afin de ne pas se confronter à ses doutes, ses paradoxes.C’est l’histoire d’un pays. Un pays en crise, nostalgique, qui se cherche une identité et de nouveaux héros à idolâtrer.

Un premier roman efficace

Dans ce premier Roman, Laura Ulonati ressuscite une Italie en quête de puissance et d’honneur au travers d’un récit bref, dense et efficace. Le style est sobre, puissant. Les personnages et les paysages sont colorés, vivants. Immigrée en France alors qu’elle était enfant, la romancière écrit ne pas avoir de souvenirs de cette Italie qui lui a «colonisé l’imaginaire».

Ainsi s’est-elle plongée dans la culture de son pays d’origine à travers les œuvres des grands écrivains et des figures qui ont marqué l’Italie. Des auteurs dont on trouve les empruntes tout au long du récit. Laura Ulonati expose le fascisme, ses mécanismes, son ridicule et son absurdité. Elle nous invite à nous questionner sur nous-même, sur la place de la femme et de l’étranger dans la société italienne de l’époque. Des problématiques encore bien présentes de nos jours, tous horizons confondus.

Laura Ulonati
Une histoire italienne
Editions Gallimard
2019
128 pages

Ecrire à l’auteure: amelie.wauthier@leregardlibre.com

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