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Mise en scène sibylline4 minutes de lecture

par Lauriane Pipoz
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Les mercredis du cinéma – Lauriane Pipoz

Sibyl est une femme qui a tout pour bien faire: ancienne romancière à succès reconvertie en psychanalyste, elle est mère de deux enfants et vit avec son mec dans un bel appartement. Mais son envie d’écrire s’approche comme une ombre inquiétante et menace sa vie bien rangée.

Après avoir quitté ses patients, alors qu’elle cherche l’inspiration, le coup de fil d’une actrice désespérée tombe à pic. Avec cette nouvelle patiente dans une situation rocambolesque – enceinte de l’acteur principal du film, marié à la réalisatrice dudit film –, elle va sombrer dans un tourbillon d’émotions et de souvenirs, dans lequel s’oublient son éthique professionnelle en enregistrant ses séances et sa morale en s’impliquant dans la vie de sa patiente.

Miroirs de l’intérieur éclaté de Sibyl

Virginie Efira, qui porte tout le film Sibyl, est éblouissante dans le rôle du personnage principal. Elle sait parfaitement jouer ses diverses facettes: tantôt femme pleine d’assurance lorsqu’elle se mue en une amante sulfureuse, tantôt femme perdue lorsqu’on la voit sur le divan de son psychalanyste, sans jamais sembler incohérente. Car il y a une évidente dualité chez le personnage principal: une ancienne alcoolique qui ne peut pas oublier la passion dévorante qu’elle a connue avec son ancien compagnon et qui aujourd’hui se retrouve à tenter de trouver un équilibre grâce à des réunions d’alcooliques anonymes et un nouveau compagnon sécurisant.

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Ces dimensions plurielles peuvent se lire dans les nombreux protagonistes du film: son compagnon représente sa mauvaise conscience lorsqu’elle quitte ses patients; son psychanalyste, sa raison lorsqu’il lui reproche son manque d’éthique professionnelle; et sa sœur, sa relation compliquée avec sa famille. Les différents personnages montrent alors les éclatements de Sibyl, qui ne sait plus qui elle est ni où elle va. Son présent se retrouve mélangé à son passé: le récit est rythmé par des retours en arrière, qui font voir au spectateur pourquoi le présent de l’actrice perdue fait écho au passé de Sibyl.

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Justine Triet joue également avec la musique pour nous montrer les détails importants de la vie des deux personnages principaux de son film. Certaines scènes montrées en flashbacks sont ainsi muettes, laissant le soin aux protagonistes du présent de raconter leur vérité. Qui parfois n’est pas claire, puisque ces derniers ne savent plus bien ce qui est vrai ou non. Ces plans courts se succèdent parfois à une vitesse rapide, symbole du tourbillon intérieur dans lequel est prise Sibyl. Une femme qui prend sa vie pour de la fiction et sa fiction pour une réalité.

«J’ai compris que ma vie est une fiction. Je peux la faire naître comme je veux puisque je suis au centre de toutes les décisions.»

Ecrire à l’auteure: lauriane.pipoz@leregardlibre.com

Crédits photo: © Filmcoopi

SYBIL
FRANCE ET BELGIQUE, 2018
Réalisation: Justine Triet
Scénario: Arthur Harari
Interprétation: Virginie Efira, Adèle Exachropoulos
Production: David Thion, Philippe Martin
Distribution: Les films Pelléas
Durée: 1h40
Sortie: 24 mai 2019

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