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D’intenses festivités au La Bâtie Festival8 minutes de lecture

par Ivan Garcia
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Le Regard Libre N° 53 – Ivan Garcia

Du 29 août au 15 septembre prochains aura lieu la quarante-troisième édition du festival La Bâtie de Genève. L’occasion pour l’événement de «marquer le coup» et de donner à voir des grands noms de la scène, ainsi que de proposer une programmation hétéroclite entre danse, théâtre et musique.

Lors d’une matinée du mois de juin, il fait décidément bien chaud au septième étage du Théâtre Saint-Gervais de Genève. Réunis dans une même boîte noire, les différents journalistes et critiques de Suisse romande attendent avec impatience le dévoilement du programme de cette nouvelle saison du festival genevois des arts de la scène. Dans les tribunes, parmi nos chers confrères de profession venus de La Tribune de Genève, du Temps et bien d’autres encore, on remarque notamment la présence du co-directeur de La Comédie de Genève, Denis Maillefer.

Accompagné par ses responsables en communication, le directeur du festival Claude Ratzé fait son entrée et, après un bref accueil, se lance dans la présentation de la programmation. Pour sa seconde édition en tant que directeur, celui-ci annonce pas moins de cinquante-deux spectacles-concerts, soit environ cent-soixante-huit représentations, ce qui augure un festival extrêmement riche et intense. Pour illustrer ses propos, l’équipe de présentation a fait le choix de montrer beaucoup de vidéos, notamment des teasers et trailers, des différentes performances; une entrée en matière dans la programmation qui se fait avec plus d’images et moins de paroles, vu que les organisateurs décident de donner à voir plutôt que de digresser sur les productions. Le nombre de spectacles étant élevé et les belles surprises nombreuses, votre rédaction vous présente les grandes lignes de cette quarante-troisième édition du festival La Bâtie.

Le retour des spectacles longs

La surprise de cette programmation repose sur le fait que les spectacles de longue durée font leur grand retour. En effet, depuis quelques années, alors que la tendance dramatique tend à raccourcir la durée des représentations, le festival La Bâtie propose, entre autres, quelques spectacles longs, dont même une performance théâtrale d’une durée de…. neuf heures! A ce sujet, l’homme de théâtre Robert Cantarella, accompagné du jeune comédien Romain Daroles, présente Moi-même, je me suis déçu; performance basée sur les entretiens radiophoniques entre le critique Paul Léautaud et l’un des animateurs de l’ORTF Robert Mallet. Cantarella et Daroles incarneront ces deux figures marquantes pour retranscrire leur verbe enflammé sur scène en abordant les différents sujets de société débattus dans cette émission par le passé. Un spectacle très long mais qui laisse une grande liberté aux spectateurs et qui représente un grand défi à relever pour les deux protagonistes.

Un des spectacles très attendus de la programmation est la recréation du fameux opéra de Philip Glass et de Robert Wilson, Einstein on the Beach. Opéra-culte des années septante, ce dernier possède une dramaturgie qui ne se construit pas sur la trajectoire d’Einstein mais sur quelques subtiles références non-linéaires à ce dernier en évoquant, notamment, la théorie de la relativité. A la fois histoire de temps et d’espace, de temps et de machines, de robots et d’humains, cet opéra – l’un des plus longs de Philip Glass – durera entre quatre et cinq heures et la mise en scène sera assurée par Daniele Finzi Pasca, le grand ordonnateur de la Fête des Vignerons 2019.

Les 5 et 6 septembre prochains, une compagnie flamande, la compagnie Marius, jouera la trilogie de Marcel Pagnol: «Marius», «Fanny» et «César».  © Ellen Smeets

Au bord du lac de Machilly, en France voisine, la Bâtie propose à ses spectateurs une véritable trilogie. Les 5 et 6 septembre prochains, une compagnie flamande, la compagnie Marius, jouera la trilogie de Marcel Pagnol: Marius, Fanny et César. Les trois pièces, entrecoupées par un entracte, s’enchaîneront sur plus de trois heures d’affilée pour une nuit «avé l’accent du plat pays». Pour rappel, cette saga familiale débute avec l’histoire de Marius, un jeune marin marseillais qui hésite entre épouser Fanny – et ainsi mener une vie paisible – ou partir sur les mers à la recherche de l’aventure. Il faut bien l’avouer, Marcel Pagnol reste un auteur que nous rencontrons peu sur les scènes, en Suisse romande. Avec cette excursion bucolique, voici l’occasion toute trouvée de nous plonger dans ses fables aux accents de Provence.

Des grands noms du théâtre

Pour cette nouvelle édition, le comité d’organisation a invité quelques grands noms des scènes contemporaines pour insuffler un souffle épique à ses festivités. Parmi eux, l’invité qui suscite déjà l’engouement avant même l’ouverture de la billetterie, est le metteur en scène et dramaturge franco-libanais Wajdi Mouawad. Du 29 au 31 août prochains, le festival accueille sa dernière création Tous des oiseaux qui porte sur scène l’épineuse question du conflit israélo-palestinien à travers l’histoire d’amour complexe entre Eitan, un jeune scientifique d’origine israélienne, et Wahida, une historienne arabe. Spectacle de plus de quatre heures qui suscite de grandes attentes, Tous des oiseaux ouvre cette nouvelle édition du festival en plaçant la barre très haut dans le ciel genevois.

En visite sur le plateau genevois après ses performances mémorables au Festival d’Avignon, le metteur en scène Julien Gosselin, connu pour ses adaptations des romans de l’écrivain américain Don DeLillo, propose un spectacle adapté de la nouvelle du même auteur intitulée Le marteau et la faucille. Celle-ci porte sur scène l’histoire d’un ex-trader emprisonné et condamné à contempler la vie d’autrui, ainsi que son ancienne vie, à travers les barreaux de sa cellule. Grande réflexion sur le capitalisme de la part d’un auteur américain au style incisif, l’adaptation de Julien Gosselin promet une pièce aux accents politiques et engagés qui, dans la veine de son parcours à Avignon, questionne notre rapport à l’argent, ainsi que nos rêves de relations et d’espoir.

Un autre invité de marque, originaire de Corée du Sud cette fois-ci, se présente en la personne du performeur Jaha Koo; ce dernier viendra interpréter sa pièce Cuckoo. Cuckoo est la marque d’une machine à cuire du riz, instrument fort utile dans les pays asiatiques et, qui plus est, en Corée du Sud. Avec son rice cooker doté de parole, Jaha Koo retrace l’histoire d’un pays en crise entre aliments, politique et événements biographiques. Deuxième partie de sa trilogie qui porte le titre d’Hamartia Trilogy, Cuckoo se concentre sur ces événements du passé, en l’occurrence la crise économique coréenne des années 1990, qui ont encore un impact fondamental sur l’existence des Coréens au jour d’aujourd’hui. Un spectacle à ne pas rater.

Une ode à la danse

Outre le théâtre, le festival genevois fait la part belle à la danse. Du 30 au 31 août prochains, la danseuse zimbabwéenne Nora Chipaumire, venue tout droit de New York, débarque à Genève avec son triptyque #PUNK 100% POP *N!GGA. L’occasion de partir à la rencontre de trois idoles (Patti Smith, Grace Jones et Rit Nzele) qui ont marqué la performeuse, lors de sa jeunesse au Zimbabwe. Après la vogue punk de Patti Smith dans #PUNK, 100% POP et *N!GGA entraînent le spectateur au rythme de chimurenga – une musique populaire zimbabwéenne – et de rumba congolaise. Un grand moment de danses multiples sur des musiques de tous horizons qui suscite beaucoup d’attentes.

Dans un autre registre, le duo italo-croate composé de Giuseppe Chico et de Barbara Matijević se produit sur le plateau avec Forecasting. Mêlant ordinateur portable, vidéo et danse, la performance met en avant les différentes manières de se montrer à travers les nouvelles technologies. De l’autre côté du lac, à Divonne-les-Bains, la compagnie belge Peeping Tom présente Kind; dernier volet de leur trilogie sur la famille, après le père et la mère, voici donc une pièce dansée consacrée à l’enfant. Des paysages merveilleux et des protagonistes à l’allure cartoonesque soulignent une performance emprunte de poésie et de candeur.

Chose plus ludique, la compagnie danoise hello!earth propose un spectacle spécial intitulé Life in the universe – A gathering for animals, people and minerals. Représentation dite «à contre-courant», celle-ci invite les spectateurs à se déguiser en brin d’herbe et à gambader dans la nature pour passer un moment convivial et amusant ensemble. Le principe du spectacle repose sur l’idée de créer un ordre collectif au contact de la nature; chaque petite équipe de brins d’herbe devra tenter de trouver des solutions pour créer une bonne société.

Party hard

Si les scènes théâtre et danse offrent au public une programmation luxueuse, la scène musicale du festival ne demeure pas en reste. Avec sa myriade de concerts et de groupes, la programmation musicale promet aux inconditionnels des décibels de passer des moments mémorables. Entre autres, la star de la house coréenne Park Hye Jin sera de la partie pour, le temps d’une soirée, mettre l’ambiance au festival avec un cocktail de sons particulièrement détonnant et efficace.

Le samedi 7 septembre au soir, les musiciens de Vaudou Game feront honneur à la scène genevoise avec leurs riffs et rythmes afro-funk; gammes togolaises, guitares et chants vaudous, une étrange combinaison qui promet d’hypnotiser les auditeurs et de les entraîner sur la piste de danse très rapidement. A l’opposé, le samedi 14 septembre, le festival change de style avec une soirée rap comptant sur la présence du rappeur belge d’origine marocaine Hamza, ainsi que le rappeur genevois Chien Bleu. Deux têtes brûlées dont les envolées lyriques et les punchlines promettent d’enflammer le plateau pour une soirée mémorable. Autant le dire tout de suite, pour les bambocheurs de la dernière heure, la «prog’» du La Bâtie Festival, c’est party hard!

Outre ces délices artistiques, le festival prévoit d’ailleurs la première édition d’un marché «gourmand» – avec différents stands – où des artisans et producteurs de la région pourront vendre leurs denrées alimentaires afin de faire découvrir au public d’autres saveurs gustatives, après leur avalanche d’émotions esthétiques. Avec son florilège de performances, spectacles et concerts, cette nouvelle édition du festival genevois des arts de la scène se profile comme un rendez-vous incontournable pour les adeptes de la culture ou du divertissement. A Genève, d’intenses festivités se préparent et nous nous en réjouissons impatiemment.

Ecrire à l’auteur: ivan.garcia@leregardlibre.com

Image d’en-tête: © Olympe Tits, Peeping Tom

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