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Mathieu Fabian Gauss, un ex-Vert devenu PBD5 minutes de lecture

par Nicolas Locatelli
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Le Regard Libre N° 55 – Nicolas Locatelli

Il figure parmi les quelques candidats aux élections fédérales à avoir changé de parti. Comment peut-on passer du parti écologiste Les Verts au Parti bourgeois-démocratique? Discussion.

Le Regard Libre: Le PBD est un «petit parti». Pourquoi l’avoir rejoint?

Mathieu Fabian Gauss: Parce que je suis convaincu qu’il me correspond. J’ai analysé tous les partis et le PBD est plutôt au centre, ni complètement de gauche ni complètement de droite, il propose de très bonnes idées et justement il n’est pas très grand. Sa petite taille permet à ses membres d’y réaliser des choses qu’on ne peut pas se permettre dans les grands partis. Il me semble qu’il est plus difficile de créer quelque chose lorsqu’on est nouveau dans un grand parti que dans les petits, où s’ouvre plus d’opportunités de pouvoir participer à la construction d’un projet et où l’on peut avoir plus d’influence. 

Il y a peu de moins de trente ans en politique, Pensez-vous que c’est par manque d’intérêt ou par rejet de la politique traditionnelle?

Je pense qu’il s’agit plutôt d’un rejet. Même si le slogan de notre parti est «langweillig aber gut», il faudrait démontrer à notre génération que la politique n’est pas quelque chose pour les vieux et que ça n’est certainement pas ennuyeux. Je suis convaincu que si on introduisait des cours d’éducation à la citoyenneté dans les écoles secondaires et professionnelles, on pourrait réveiller le goût de la politique chez les jeunes.

Nous avons passé notre adolescence avec les réseaux sociaux. Ceux-ci nous aident-ils à nous éveiller, ou favorisent-ils au contraire la démagogie et les rumeurs?

Les deux. Ils nous permettent d’obtenir et de faire circuler des informations intéressantes plus rapidement, mais ils permettent aussi à ceux qui ont l’ambition de propager des fausses informations de manipuler les opinions des jeunes. Ces outils profitent à tous, c’est justement leur point faible et leur point fort. Combien de fois avons-nous vu des stars déclarées mortes ou assassinées, alors qu’il n’en était rien et que l’intox a pourtant été partagée en masse sans que la source ne soit vérifiée? Les négationnistes affirmant l’inexistence des chambres à gaz et même de l’holocauste durant la Seconde Guerre mondiale et toutes sortes de théories farfelues ont également envahi internet.

Vous étiez chez les Jeunes Verts et chez Opération Libero, et maintenant vous vous retrouvez au PBD. N’êtes-vous pas un personnage d’extrême centre? 

Je me considère comme centre-progressiste. Oui j’ai rejoint les Verts en 2016. Et je suis chez opération Libero car cela permet d’avoir des perspectives vraiment larges plutôt que de s’engager uniquement dans un parti traditionnel. Donc, effectivement, je suis du centre, bien que selon les tests de type «smartvote», je penche légèrement vers la gauche. Je défends mes idées qui ne sont pas forcément toujours celles du parti et je pense qu’on doit pouvoir défendre ses opinions personnelles sans se faire taper dessus. C’est quelque chose que je ne pouvais pas faire auparavant. Avant, si je défendais des idées non issues du parti, je risquais de me faire attaquer ou stigmatiser.

Etes-vous encore écologiste?

Il s’agit toujours de mon sujet de préoccupation numéro un. Même si chez les jeunes PBD suisses, ce n’est pas forcément une thématique de premier plan, je la défends personnellement avec grande importance. Beaucoup de nos compatriotes pensent malheureusement qu’il ne s’agit que d’un sujet de gauche ou uniquement des Verts. Ce que je veux montrer à travers ma campagne, c’est que des personnes qui ne proviennent pas forcément des Verts ou de la gauche peuvent amener dans le débat des sujets écologistes ou être écologistes. Ce que je suis. Il y a encore beaucoup de personnes qui ont de la peine à comprendre que l’écologie touche tout le monde. Les politiciens de droite auront facilement tendance à défendre une idée juste parce qu’elle sent la droite et pas une autre parce qu’elle est connotée gauchiste, et les politiciens de gauche auront tendance à se conduire exactement de la même manière, mais dans l’autre sens. Or, qu’on soit de gauche ou de droite, la question climatique est un fait et c’est une question de survie. Si l’on a des présidents qui nient en bloc ce que les spécialistes de la question environnementale nous apprennent, et préfèrent dire que le changement climatique est un hoax et une invention des Chinois, ça ne va pas aider. Heureusement, en Suisse, même s’il y a des personnes qui attaquent ouvertement Greta Thunberg, on ne constate pas encore l’émergence de ce genre d’idées à la Trump dans les gouvernements. J’espère que ça n’arrivera jamais. Il faut que l’on se penche sur ces problèmes et que l’on crée des projets pour nous tirer d’affaire. Bien sûr, si la Suisse s’engage toute seule, le problème demeurera; il faut collaborer avec les voisins. La Suisse est un pays bien en avance dans cette thématique, mais certains se trouvent loin derrière. C’est pour cette raison qu’il faut leur montrer que l’écologie est un sujet important, qu’il faut les coacher dans cette direction, car c’est dans leur intérêt. 

Que pensez-vous de l’accord-cadre avec l’UE?

Il faut certes signer un accord, mais il ne faut en aucun cas se coucher, se soumettre à l’Union européenne et accepter tout ce qu’elle nous propose. Il faut que chacun tire son épingle du jeu et surtout que la Suisse soit gagnante, car nous ne sommes pas membres de l’Union, donc nous pourrions facilement être désavantagés. En deux mots: un accord, oui, mais pas avec n’importe quoi dedans.

Ne trouvez-vous pas que le fonctionnement de l’Union Européenne avec sa bureaucratie opaque et non-élue va justement à l’encontre des valeurs démocratiques de la Suisse, mais également à l’encontre de l’écologie lorsque l’on voit qu’elle encourage les traités de libre-échange et les délocalisations?

Je suis tout à fait d’accord. Je pense que le système actuel de l’Union Européenne n’est pas viable. Il faudrait la supprimer et en créer une autre pour pouvoir corriger certains éléments et recommencer quelque chose de complètement nouveau. Ce sera nécéssaire. Je pense qu’à Bruxelles, on n’aime pas beaucoup la Suisse, car nous avons à plusieurs reprises refusé d’entrer dans l’UE et de signer certains traités avec elle. Mais comme vous le dites, leur système est très opaque et pas clair du tout.

Y a-t-il une chose en particulier que vous feriez tout de suite si vous étiez élu au Conseil National ce mois-ci?

Je vais en tout cas tenter de débloquer les projets en suspens liés aux énergies renouvelables, solaires entre autres. Beaucoup d’entre eux sont coincés ou en panne. Comme élu, je vais m’engager avec des collègues pour nous concentrer sur ces projets. Je suis convaincu qu’en les faisant avancer, ce sera déjà un excellent aboutissement vers un environnement plus sain. J’ai la certitude qu’il s’agit là d’un projet faisable. De plus, je ne suis pas quelqu’un qui promet de grandes choses que je ne ferai pas.

Ecrire à l’auteur: nicolas.locatelli@leregardlibre.com

Image: © Dessin de Nicolas Locatelli pour Le Regard Libre

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