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«Camille», documentaire sur la Centrafrique et le photojournalisme3 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Les mercredis du cinéma – Jonas Follonier

Camille est une jeune photo-reporter française. Elle a décidé de partir en Centrafrique pour couvrir sous forme de reportage photo les conflits qui s’y déroulent. La violence non seulement de la guerre civile, mais aussi de la solitude du photojournalisme qui ne permet jamais de véritable rencontre, vont la bouleverser. Camille est un film basé sur des faits réels.

La vie, la vraie. C’est souvent ce qui semble motiver ces Européens de la classe moyenne qui se décident à partir en Afrique ou en Amérique du Sud, si possible dans des pays très pauvres ou en conflits – ou les deux – pour y vivre quelque chose d’intense, d’humain, d’utile. Avec toutes les questions que ce raisonnement pose, il existe bel et bien chez certaines personnes et il est à respecter. Camille Lepage en fait partie. La repoter-photographe française, décédée en 2016 en Centrafrique à l’âge de vingt-six ans, est au centre du film portant son prénom et réalisé par Boris Lojkine.

C’est durant la guerre civile de République centrafricaine de 2013-2014 que Camille Lepage réalise des reportages photo sur place. Témoin des tensions meurtrières entre chrétiens et musulmans, elle court de grands risques, sans jamais vouloir abandonner. Un brin inexpérimentée dans le côté pratique – j’entends sécuritaire – de la photographie de guerre, elle se fait coacher tant bien que mal par des journalistes confirmés et publiés dans Le Monde ou Libération, c’est-à-dire des journalistes pédants. Tout ce microcosme de journaleux institutionnels, pas de ces esprits libres que nous admirons tant, est très bien rendu à l’écran.

Aussi, il y a un art de la photographie, quoiqu’elle ne marque pas le spectateur; mais honnêteté oblige, la sobriété de la caméra de Lojkine épouse son propos comme il convient. Avec une quasi-absence de musique, Camille se veut humble et dense. Tout se passe dans les regards, dans les sons, dans les dialogues. Dans les questionnements de la protagoniste, aussi et surtout. Tout un chapitre du film semble cependant de trop, celui où on la voit faire la night en France dans une boîte de nuit et se rendre compte que cette vie à l’occidentale est ennuyante. Merci et bonjour les clichés.

© Trigon-film

Reste, au milieu des bombes et du drame humain que représente une guerre civile, une réflexion en filigrane. Celle au sujet du journalisme et de la distance qui lui est intrinsèque. «Je suis curieux des gens, j’adore les rencontres, les voyages», disent souvent les jeunes photo-journalistes quand ils commencent dans le métier; sauf que la rencontre authentique de l’autre est absolument impossible. Comprenons par là la faculté de se mettre pleinement à sa place, d’entrer dans sa réalité. Il en va de même pour le touriste: comme l’a exprimé Clément Guntern dans nos colonnes, «dès que l’on est reçu chez quelqu’un, la mise en scène est présente et la façon de vivre de l’autre n’est pas la même que celle qu’il nous présente».

Et il en va enfin de même pour le cinéma. Le réalisateur français Boris Lojkine a eu raison de mettre en scène ces événements importants, ceux d’un destin individuel et ceux de tout un peuple, de plusieurs peuples. N’optant pas pour le genre du documentaire, son film Camille, bien qu’il se rapproche beaucoup de ce registre par sa forme, questionne à côté de la guerre civile centrafricaine et le photojournalisme les thématiques tout aussi passionnantes de l’interventionnisme ou de l’œil pour œil dent pour dent. A voir.

Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Image de couverture: © Trigon-film

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