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«Sur ma peau»: l’histoire d’un martyr de la justice3 minutes de lecture

par Le Regard Libre
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Le Netflix & chill du samedi – Alissa Musumeci

Stefano Cucchi, trente-et-un ans, est arrêté le 15 octobre 2009. Consommation et trafic de drogue, à Rome, sa ville, la sua Roma.

A cause des maltraitances qu’il a subies de la part de trois carabiniers, qui ont privilégié l’abus de pouvoir à l’exercice du pouvoir, et à un manque total de prise en charge médicale, Stefano décède le 22 octobre 2009. C’est là que la bataille de la famille Cucchi commence face à la justice italienne. Affaire rythmée par différents procès: condamnations puis libérations. Et une variété inimaginable de déclarations, d’hypothèses, qui s’achèvent sur un verdict en faveur de la jeune victime, honorant sa mémoire. Mais cela, au prix de batailles acharnées – d’humiliations, d’épuisements, de déceptions – menées par Ilaria Cucchi, la sœur de Stefano.

Sur ma peau, sorti en 2018, retrace la souffrance de Stefano Cucchi durant ses derniers jours. Alessio Cremonini décide dans sa réalisation de placer le ressenti et les conditions d’incarcération de Stefano en élément principal du film. Les premiers plans sur le visage du jeune homme, vertigineux de réalisme, sont primordiaux pour dénoncer la violence des coups des gardes dès son arrivée en garde à vue. Cremonini divise le film en jours précis, la trame évoluant jour après jour, comme un chronomètre vers la mort. Il montre ainsi que six petits jours ont suffi à mener Cucchi de l’agonie au cercueil.

Les causes évidentes du décès font surface. Mais, évidemment, le personnel de la prison Regina Cœli les nie. «Non, Stefano n’a pas été tabassé», affirment-ils, en écartant d’ailleurs la possibilité qu’un quelconque châtiment physique puisse s’appliquer dans l’établissement. A ces déclarations s’ajoutent les hypothèses du sénateur et sottosegretario di stato alla famiglia (sous-secrétaire d’Etat aux affaires familiales) Carlo Giovanardi, qui insistent sur le fait que l’anorexie, la toxicodépendance et un présumé VIH, sont les «simples et bonnes raisons» de la mort de Cucchi. Déclarations que Giovanardi lui-même reniera par la suite…

La famille est à bout. Absence totale de justice. Crachat sur la mémoire de leur défunt Stefano. Ilaria Cucchi est obligée de publier des photos du cadavre défiguré de son frère pour crier au scandale. Le film rend si bien compte de l’état de la victime qu’il en provoque les frissons. Même si les images du vrai cadavre montrées à la fin de Sur ma peau révèlent que, malgré l’excellent maquillage et le jeu de l’acteur principal, le vrai Stefano était dans un état bien pire rien qu’à le voir. Il aurait fallu carrément des effets spéciaux pour transformer un acteur en un être si maculé et détruit.

Stefano Cucchi juste avant son arrestation (à gauche), Stefano Cucchi mort (à droite). Ces photos ont été prises à quelques jours d’intervalle seulement.

Le 14 novembre 2019, après dix ans, l’affaire Cucchi prend fin. Les carabiniers Alessio Di Bernardo et Raffaele D’Alessandro sont condamnés à douze ans de prison ferme pour homicide volontaire. Contrairement à ses collègues, Francesco Tedesco n’est condamné qu’à deux ans et demi de prison ferme pour fausses déclarations et falsifications de preuves. Ilaria Cucchi parle d’une grande victoire, mais surtout d’un énorme soulagement.

«Mon frère peut enfin reposer en paix maintenant.»

Crédit photo: © Netflix et © The Social Post

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