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«The Gentlemen»: une affaire de gangsters et de bonnes manières3 minutes de lecture

par Kelly Lambiel
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Les mercredis du cinéma – Kelly Lambiel

Ne vous laissez pas duper par leur langage policé, leurs costumes parfaitement coupés et leurs tasses de thé; ils ne sont pas là pour jouer. Sous leurs airs de lords anglais, dans une narration parfaitement menée, barons de la drogue et petites frappes s’allient, se trahissent, se cherchent et, souvent, se trouvent. Une écriture mordante, doublée d’une réalisation ingénieuse et d’un jeu efficace permettent à Guy Ritchie d’opérer, après quelques déceptions, un retour remarqué.

Une mise en abyme astucieuse

Pour nous présenter cette intrigue – dont je vous fais ici l’économie, le scénario n’étant somme toute pas le plus original de l’histoire du cinéma – Guy Ritchie fait, comme d’ordinaire, appel à un narrateur. Fletcher, journaliste véreux et fantasque incarné par un Hugh Grant comme on aimerait le voir plus souvent, fait à Ray (Charlie Hunnam) une proposition que ce dernier devrait difficilement être en mesure de refuser. Pour le convaincre, il prend en charge le récit, se glissant lui-même dans la peau du réalisateur et crée ainsi sous nos yeux le film que nous sommes en train de voir.

En chef d’orchestre déjanté et éloquent, il commence par mettre le spectateur en condition de tournage et va même jusqu’à donner la réplique et faire doubler l’une des scènes de son scénario à son interlocuteur. Son point de vue omniscient, le rend capable de nous balader d’une scène à l’autre et de jouir du plaisir d’inventer, modifier et corriger à sa guise, au fil de la conversation et de ses intérêts, les événements qu’il raconte. Nous découvrons ainsi pourquoi il réclame à l’homme de main du (très) charmant et charismatique Mickey Pearson (Matthew McConaughey), à la tête d’un (très) lucratif trafic de marijuana, la modique somme de vingt millions de dollars.

Un film qui tient en haleine

Les tableaux se succèdent à un rythme effréné, alternant action et scènes de tension, plans larges et gros plans, accélérations et ralentis nous menant de rebondissement en rebondissement. Et le grain de sable qui peut – et le fait d’ailleurs – à tout moment enrayer la mécanique et faire basculer nos dandys dans des situations rocambolesques, n’est jamais bien loin. Car c’est aussi ça, la force The Gentleman: son humour. Parfois lourdaud, toujours incisif, il crée un décalage savamment dosé, tirant parfois vers l’absurde, faisant rimer violence avec élégance.

Un brin caricaturaux et souvent excessifs, ces malfrats dont la verve et l’allure sont tellement irréprochables qu’ils frisent le ridicule lorsqu’ils perdent la face, finissent par nous attendrir à coup de punchlines et de fables habilement contées. On en oublierait presque qu’ils font tous partie des méchants et que, bien que sympathiques, ils sont loin d’être irréprochables. Tel est le cas du coach, brillamment interprété par Colin Farrell, dont la droiture et les valeurs sont toutes relatives, ou même de l’impeccable Ray, masquant sous son flegme un nombre incalculable de TOC et une agressivité latente.

Vous l’aurez compris, le film est bien écrit, bien réalisé, bien joué; les images sont belles, la bande son entraînante, les personnages attachants. Certains le qualifient de «réchauffé» en le comparant à Snatch ou Arnaques, crimes et botanique, desquels il se rapproche effectivement, mais reprocherait-on à Burton de faire du Burton, à Tarantino de faire du Tarantino ou à Lynch de faire du Lynch?

Ecrire à l’auteur: kelly.lambiel@leregardlibre.com

Crédit photo: © Ascot Elite Entertainment

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