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Treize raisons pour garder espoir4 minutes de lecture

par Le Regard Libre
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Le Netflix & chill du samedi – Alissa Musumeci

Viol, harcèlement, drogue et bien d’autres thématiques de ce genre: il y a tout ça dans le roman Treize raisons de Jay Asher. Pour la star Selena Gomes, productrice de July Moon Productions, représenter ces problématiques à l’écran, sous la forme de «série préventive», a demandé une implication intense. Le mini-documentaire 13 Reasons Why: Au-delà des raisons, sortie parallèlement à la saison 1, en est la preuve. L’ensemble de la distribution a pu compter sur l’aide de professionnels – psychologues, psychiatres, assistants sociaux et compagnie – afin d’approcher ces questions de la façon la plus appropriée. Le tournage n’a pas été évident: jouer des scènes dures, comme des agressions, tout en pensant que cela est bien réel dans certains lycées entre les élèves, a fait émerger une énorme frustration chez les acteurs.

On raconte l’histoire d’Hannah Baker. C’est avec elle que tout commence. Mais je dois dire que, personnellement, ce n’est pas le personnage pour qui j’ai eu le plus de compassion. Cette pauvre jeune fille n’a pas vécu l’adolescence dont elle rêvait. Surpassée par tout ce qui lui arrive, elle finira par mettre fin à ses jours. Mais n’oublions pas que son geste était, depuis un moment, prémédité, car la jeune fille enregistre des cassettes. Ces fameuses cassettes qui inculpent ses camarades, les uns après les autres, de son suicide. Bien que beaucoup des gens aient versé des larmes pour elle tout au long de la première saison, je l’ai pour ma part surtout trouvée très susceptible. Et au fil des épisodes, ma compassion pour cette jeune fille a disparu.

Attention, son histoire ne m’a peut-être pas touchée autant que d’autres, mais ce n’est pas pour autant que je n’ai pas pris conscience de la gravité de son mal-être et de son acte irréversible. Malheureusement, le suicide chez les jeunes est de plus en plus fréquent, même les professionnels se sentent désarmés face à ces actes qui rythment de manière croissante la vie de l’adolescence. Kate Walsh, qui joue la mère d’Hannah, a eu la chance, pour ainsi dire, de rencontrer une femme très importante pour son rôle. En effet, cette femme a vécu le suicide de sa fille adolescente et a été d’accord de donner des conseils à Kate Walsh, dont celui de la reconstruction après la mort de sa fille. Elle lui a livré un témoignage des plus poignants, qui a donné du sens à son travail.

13 Reasons Why est principalement destiné à de jeunes adultes, car les années du secondaire ne sont pas remplies de joie pour tous. C’est pourquoi les producteurs ne s’arrêtent pas simplement à une série Netflix, mais mettent en place tout une page Internet avec des numéros d’urgence, des personnes prêtes à écouter les jeunes en détresse. Et c’est là qu’on retrouve la beauté fondamentale de ce projet. Cibler une plateforme adorée par les adolescents pour assurer les vues, et en parallèle, s’engager corps et âme dans la prévention et dans l’entraide. Quitte à ce que ce soit pure marketing, quitte à ce que ce soit bien calculé, bien ciselé. Peu importe, l’aide est concrète, elle est réelle.

Je pense que ce projet a autant bien fonctionné du fait que l’une des productrice principale, Selena Gomes, a elle-même était victime de harcèlement. Qui de mieux qu’une victime directe pour comprendre à quel point la situation devient grave et doit absolument prendre un tout autre tournant?

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Certaines scènes peuvent paraître poussées à l’extrême, telles que l’agression physique et sexuelle du jeune Tyler. Dans ce moment court, mais intense, on voit le jeune adolescent se faire frapper très violemment. Et pour couronner le tout, son agresseur le pénètre avec un manche à balai. Humiliation des humiliations. Le spectateur voit l’intégralité du massacre, comme la flaque de sang dans lequel baigne l’adolescent seul et traumatisé. La réalisation a bien fait de n’utiliser aucun filtre, de ne pas enjoliver ces scènes atroces, car c’est seulement face à un tel choc que le public prend conscience des horreurs que peuvent vivre des jeunes, et c’est comme ça que le déclic du «il faut agir vite et radicalement» arrive.

Racontée comme ça, cette série ne semble pas avoir beaucoup de moments joyeux ou qui inspirent le rire et la bonne humeur, eh bien détrompez-vous! L’une des plus belles scènes se trouve dans la saison finale. On nous y fait comprendre ce que veut dire le mot famille avec un grand «F». Justin Foley qui, tout au long de la série, combat contre son addiction à la drogue, qui n’a pas eu de figure parentale et qui finalement est adopté par la famille Jensen, décédera du VIH.

Clay se retrouve seul dans sa chambre et tombe sur le texte que Justin avait envoyé comme postulation pour l’université, le thème était «une personne ayant eu une influence positive dans notre vie». Justin évoque Clay sans hésitation, il raconte qu’il était le seul à l’avoir soutenu depuis le début et il dit cette phrase aux airs bébête et gentillette, mais magnifique: «même si je n’ai jamais eu de famille, je sais ce que ça fait d’en avoir une, car Clay est mon frère.» Une simple amitié peut se renforcer et devenir encore plus forte qu’un vrai lien de sang. Le sang qui coule quand le désespoir l’emporte. Le sang qui lie quand il reste encore treize raisons pour espérer. Toujours. Encore.

Ecrire à l’auteure: alissa.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo: © Netflix

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