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Bacri le bougon? Bacri l’être humain!2 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Dossier «Hommage à Jean-Pierre Bacri»

«Le plus célèbre des bougons français» s’en est allé, a-t-on pu lire un peu partout. Oui et non. Car si un bougon, un ronchon, un grognon, c’est quelqu’un qui râle plus qu’il ne le devrait, Jean-Pierre Bacri, lui, râlait juste ce qu’il fallait. Maître du jeu d’acteur minimaliste, il incarnait tout ce qu’il y a de plus normal: l’être humain lui-même, avec ses paradoxes et sa tragique beauté. Hommage.

Il faisait partie de ces acteurs à avoir une tête de monsieur Tout-le-Monde. Alors certes, les Gérard Jugnot et Denis Podalydès sont encore là pour incarner le quidam, c’est-à-dire nous incarner, mais Jean-Pierre Bacri, lui, avait quelque chose de spécial. Cela explique sans doute la forme d’unanimité qu’il y eut pour louer sa carrière au moment de son départ. Il y en a presque toujours lors des décès, mais même pour un homme comme Johnny Hallyday, qui a bénéficié d’un hommage national, il s’est trouvé des gens pour tout dire: «moi, Johnny, je ne lui ai jamais rien trouvé». Pour Bacri, non.

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Bacri, certains ne le connaissaient pas au moment où ils ont découvert son visage sur la couverture des journaux. Et si justement nous avons choisi de le mettre en «une» de notre édition de mars, c’est pour montrer que ses talentueuses prestations au sein du cinéma français méritent d’être mises à l’honneur dans un magazine, quand bien même tenu par des jeunes, quand bien même quelques semaines après sa mort. Car il y a toujours prétexte pour louer la mémoire des génies et des gens de bien. Et que les grands artistes sont intemporels.

Comment résumer sa filmographie? Il faut rappeler d’abord qu’il a été six fois nommé pour le César du meilleur acteur, ce qui est quand même la classe. Classe, l’acteur l’est encore plus dans l’humilité avec laquelle il se présente face caméra. Le secret de son jeu d’acteur, déployé dans des dizaines de films? Sa profonde compréhension et empathie envers ses personnages. Cela se voit, cela s’entend, cela se ressent.

Le secret de sa vision du cinéma? La complicité, cette fois-ci avec de vraies personnes. Agnès Jaoui en tête, avec laquelle il a écrit neuf scénarios, dont cinq qu’elle a réalisés et dans lesquels il a joué. Excellemment. Parmi ceux-ci, Le Goût des autres, commenté dans ce dossier par Lauriane Pipoz, a été nommé à l’Oscar du meilleur film international en 2001. Quant à Comme une image, il a reçu le Prix du scénario au Festival de Cannes 2004.

Mais l’un de ses meilleurs films restera le récent Place publique (2018), dont nous vous reproposons la critique à l’occasion de ce dossier. Bacri y incarne un animateur télé devenu cynique, qui fait fortement penser au meilleur d’entre eux, Thierry Ardisson. Et je ne résiste pas à retenir aussi Cuisine et Dépendances (1993), car il est difficile de sauver par sa seule force un navet. Un film dans lequel joue Bacri, c’est «un Bacri». Voilà bien trop peu de mots pour décrire tant de talent. Mais tout se trouve dans ses films. Monsieur Bacri, bravo et merci.

Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo: © Frenetic Films

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