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«Birds of Prey»: je t’aime malgré tout, Margot5 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

Une catastrophe! Ou presque. Autant le dire tout de suite: Birds of Prey est mal pensé, mal réalisé, malvenu sur nos écrans. Et pourtant, tout n’est pas à jeter. A commencer par l’actrice principale, Margot Robbie, maîtresse de mes phantasmes les plus émus, haletants, torrides.

La petite-amie du Joker

Mais puisque c’est avant tout une critique de film que j’écris, et non une critique de femme ou un portrait, il faut dire pourquoi la suite de Suicide Squad, déjà raté, est à pleurer, voire à dormir. Quel ennui! Le scénario ne raconte rien. Même s’il prétend nous plonger dans les aventures de Harley Quinn. De toute façon, l’histoire du personnage de la DC, on la connaît. Petite-amie du Joker, le grand méchant de Batman. Loin d’être à la base aussi déjantée que son compagnon, elle fait sa connaissance dans un rapport entre thérapeute et patient.  

Psychiatre, elle se laisse séduire par le Joker, qui l’entraîne dans la même substance chimique dans laquelle il était tombé jadis. Pâle et folle, elle partage la vie criminelle du clown. Puis il y a la rupture – un couple du genre, ça promet! Elle continue ses activités en solo. Mais quand ses ennemis apprennent qu’elle n’est plus sous la protection du Joker, un désir de vengeance les envahit.

Pas trop de souci à se faire pour elle: elle cogne autant qu’elle rit. Et elle rit beaucoup. Il y a de quoi, quand on sort avec un mec qui porte un costume violet, sur un teint blanc comme neige, sans oublier les cheveux verts pour apporter un peu de bonne humeur. De malfrat, elle se fait protectrice. Une jeune fille est menacée par les plus tordus de Gotham. Plusieurs femmes s’unissent à Harley Quinn pour protéger la jeune fille. Elles s’unissent contre les salauds. En minorité, ces drôles de dames ne se laissent pas faire.

Toujours dans la platitude

On s’attend à du mouvement, de l’aventure. Il y en a, mais toujours dans la platitude. L’héroïne se bat, elle déjoue tous les pièges. Mais toujours de façon mécanique. A chaque obstacle, le spectateur s’imagine déjà en baillant la résolution. Et quand on veut vraiment nous étonner, tout tourne au ridicule. Comme par exemple lorsque qu’Harley Quinn se démène envers et contre tout pour sauver son mythique burger. Les éventuelles sensations et la tant attendue passion finissent par pouffer. Tout ça pour quoi? Pour préserver un misérable sandwich. On ne peut adhérer; on ne peut pas être emporté dans la danse. Ce n’est pas qu’une question de sandwich, mais toute quête est simplement inintéressante. En somme, on se fiche complètement de ce qui se passe à l’écran.

Aussi parce que les personnages n’ont aucune psychologie. Aucune des femmes qui se bat avec Harley Quinn ne laisse transparaître un brin de son histoire, de ses motivations profondes, de son malaise. Leur construction se limite à un superficiel qui nous bloque complètement. Non, on n’arrive pas à s’attacher à ces femmes; ni à leurs ennemis, tout aussi superficiels. Pas de vraie souffrance, pas de vraie vengeance, pas de vraie recherche, juste des courses-poursuites, des coups de poing à droite, à gauche. Ce n’est pas la faute de la trame, qui aurait très bien pu dessiner ses protagonistes plus en profondeur. La faute est au scénario qui a rédigé les dialogues d’un film sur commande. Un divertissement pour encaisser du fric, qui ne divertit d’ailleurs pas.

Du carton-pâte qui veut faire comme si

La voix off ne sauve pas l’affaire. Harley Quinn parle en narratrice pour raconter les faits et son histoire. Mais en voulant trop en dire, elle ne dit plus rien. La narration est un amas d’informations inutiles qui n’aident pas à apprécier l’action mise en scène à l’écran. Comme les éléments narrés ne contribuent pas à mieux connaître le personnage principal. Elle nous dicte son autobiographie sans conviction, sans y croire, mais comme un texte à réciter parce qu’il faut l’intégrer dans le film. Malgré tout, on réussit quand même à pressentir quelques déceptions et quelques tristesses de la narratrice.  Ça reste peu de choses.

Le décor, quant à lui, devrait nous plonger dans la fantaisie, dans un cadre loufoque, à l’image des personnages qui l’habitent. Cathy Yan a bien senti qu’elle devait se diriger dans ce sens pour envelopper sa réalisation d’une dimension qui ressemble à Harley Quinn. Son travail demeure cependant bâclé. Elle se contente d’introduire quelques lumières dans une boîte de nuit pour essayer un tant soit peu de nous plonger dans la vie Gotham by night, mais sans plus. Le reste du décor, des rues aux intérieurs, ressemblent à du carton-pâte qui veut faire comme si on plongeait dans le burlesque et le merveilleux. Au final, il n’en est rien.

Malgré Birds of Prey

Une catastrophe, disais-je. En effet. Film pauvre, triste et sans saveur. Ou presque, ai-je dit aussi. Margot Robbie, oui, elle. Qui méritent de bien meilleurs rôles. Qui reste pourtant toujours sublime. Même avec des cheveux dégueulasses, une tenue d’arlequin et un air de zombie. Elle habite toujours son rôle. En Harley Quinn, elle donne tout, elle s’éclate. Elle pétille. Elle réussit par sa présence à donner un peu de charme au film; elle lui donne un semblant d’âme. Parce qu’aussi excellente soit-elle, impossible de récupérer un long-métrage de si mauvais goût.

Au moins, elle se sauve elle-même. Espérons vers de meilleurs films. De toute façon, son regard, sa voix et sa présence corporelle subliment tout. Margot Robbie est une star au sens propre. Une étoile. Qui brille dans le ciel. Qui brille dans chaque film, chaque scène, même la plus vaine. Qui brille face à moi. Avec ses imperfections, ses angoisses, sa sensualité, son visage, son corps, tout son être. Malgré Birds of Prey, je te suis fidèle, Margot. Margot, nous t’aimons. Je t’aime.

Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo: © Warner Bros Entertainment

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