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De Niro et Machiavel dans: «Il était une fois le Bronx»4 minutes de lecture

par Antoine-Frédéric Bernhard
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Les mercredis du cinéma – Edition spéciale: Les gangsters au cinéma – Antoine Bernhard

Après presque trente ans d’expérience comme acteur, De Niro endosse en 1993, pour la première fois de sa carrière, le rôle de réalisateur. Dans Il était une fois le Bronx, il pousse la prouesse jusqu’au bout, et assume l’un des trois rôles principaux de son propre film. La performance est remarquable, le film l’est tout autant. Penchons-nous sur l’un des deux seuls films réalisés par un géant d’Hollywood.

https://www.youtube.com/watch?v=ROT-y6gS3fQ

Nous sommes à New York, dans le Bronx, au début des années soixante. Le quartier de Fordham, habité principalement par des descendants d’immigrés italiens, vit au rythme de la mafia sicilienne. Un jour, alors qu’il joue dans la rue, le jeune Calogero, fils de l’honnête Lorenzo Anello (Robert De Niro), est témoin d’un meurtre. Devant la police qui l’interroge, il refuse de dénoncer le meurtrier. Ce dernier, Sonny (Chazz Palminteri), patron de la mafia locale, est impressionné par le gamin, et décide de le prendre sous sa protection. On suit alors l’histoire d’un jeune enfant, puis d’un adolescent en quête de modèles, dans un monde incertain où le racisme s’exprime avec toujours plus de violence.

La structure du scénario semble simple. D’un côté, le héros: Lorenzo. En homme de vertu, il refuse l’argent sale tout comme les compromissions avec la mafia, et souffre de voir son fils se rapprocher de la mafia. «Tu veux voir un vrai héros? Regarde celui qui se lève tous les matins, va au boulot et entretient sa famille. C’est ça, l’héroïsme», dit-il à son fils. En face, l’anti-héros: Sonny. En celui qui peut avoir l’air d’un caïd sans âme se dissimule en fait un homme profondément attachant. En véritable machiavélien, il se fait craindre, car «la crainte, dit-il, est plus durable que l’amour.»

Pourtant, sa relation avec Calogero est de l’ordre de l’amour d’un père pour son fils. Ainsi, la richesse des personnages conjure toute forme de manichéisme. Lorenzo et Sonny veulent tous deux le bien du petit. Et parce que le jeune garçon grandit entre ces deux modèles, deux forces antagonistes qui lui sont pourtant nécessaires, le film atteint des profondeurs tragiques. Sa force tient à ce qu’il nous empêche de trancher en faveur d’un seul camp. Parce qu’aucun n’est clairement condamné ou adulé, nous sommes mieux à même d’entrer dans une histoire complexe.

Une fresque sociale

Il est intéressant de se pencher sur la genèse de Il était une fois le Bronx (A Bronx Tale). Le scénario est tiré d’une adaptation au cinéma de la pièce de théâtre éponyme écrite par Chazz Palminteri lui-même. Fils d’immigrés italiens – comme De Niro – il y raconte son enfance dans le New York des sixties. Entre mafia et honnêtes gens, «nègres», blancs, joie de vivre et extrême violence, le film est une véritable fresque sociale – dans la lignée des grands longs-métrages de Scorsese, dont De Niro souvent est le héros.

La bande originale en constitue un élément majeur. En effet, toutes les musiques sont des chansons généralement issues de la culture musicale de l’époque et chaque communauté représentée dans le film écoute son genre de musique particulier. La musique est utile également au ton parfois ironique et comique du film. Il en ainsi de la scène du bar où Sonny et ses amis dérouillent sévèrement un groupe de motards. Alors que la scène est relativement violente, le fond musical l’est beaucoup moins puisque le spectateur entendra du groupe The Moongloows le fameux titre: Ten commandments of love.

Pour finir, on peut affirmer que ce qui fait la force et la pertinence de ce film aujourd’hui encore, c’est son caractère non-idéologique. Alors qu’y sont abordés des sujets aussi sensibles que le racisme ou les notions de bien et de mal, le refus de tout manichéisme laisse au spectateur sa conscience et sa liberté, tout en lui offrant l’incomparable fresque sociale d’une époque et d’un lieu dont sans doute nous ignorons tout.

Ecrire à l’auteur: antoine.bernhard@leregardlibre.com

Image de couverture: © Tribeca Productions

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