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«Le Crime de l’Orient-Express»: Restons-en à la première lecture2 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Les mercredis du cinéma – Nicolas Jutzet

Film vu en VO

Kenneth Branagh, qui endosse la double casquette de réalisateur et personnage principal, incarnant le célèbre détective belge avec un talent certain, peut se targuer d’avoir réunit une équipe d’acteurs de qualité. Connus et reconnus. Johnny Depp, Penelope Cruz, Michelle Pfeiffer, Judi Dench, Willem Dafoe, Daisy Ridley.

«Il y a le bien, il y a le mal. Entre deux? Rien.» (Hercule Poirot)

Une enquête réussie

Hormis la scène introductive et le final, tout se passe en vase clos. Principalement dans l’ambiance branlante de l’Orient-Express, ou au milieu de nulle part pendant l’attente de la réparation de la ligne, suite au déraillement du train pour cause de chute de neige excessive. Le réalisateur parvient parfaitement à reproduire le cloisonnement ressenti à l’écrit sous la plume précise d’Agatha Christie. Le va-et-vient entre les cabines et le mouvement caractéristique, chancelant, du convoi. On y échappe par instants, grâce à des plans larges, sur le paysage, les alpes et la faune, qui font respirer le spectateur en haleine.

Dans ce train, à l’ambiance feutrée, l’angoisse se fait vite ressentir. Le piège se referme. L’entre-soi étouffe. Les nerfs sont à vif. Survient le drame, s’ensuit une enquête «à la Poirot», classique pour les familiers du moustachu belge.

«Quand vous mentez, vous mentez à deux personnes. A votre dieu, et à Hercule Poirot.»

Des faiblesses dans les détails

Dans sa version originale,  en anglais, l’accent belge et les passages en français du héros, lassent. Surjoué, le cliché agace. Les différents traits de caractère des nombreux acteurs, accentués selon leur provenance, sociale ou géographique, voire ethnique, basculent rapidement dans la catégorie «too much». Le détail fait assurément mouche à l’écrit, stimulant l’imagination du lecteur, mais ici, il est souligné à outrance, sans réelle plus-value. Il enferme certains personnages dans un rôle caricatural qu’ils peinent à faire oublier. On apprécie par contre la qualité du décor, roulant notamment. On perçoit le luxe qui, sans être ostentatoire, transmet parfaitement l’état matériel du début du XXsiècle.

Une porte d’entrée dans l’univers d’Agatha Christie?

Toutefois, l’impression ne s’efface pas, elle se confirme. Comme souvent, le livre, l’original, est plus intéressant que la reproduction visuelle. Le détail et la longueur des interrogations, voici les principales qualités des romans de l’auteur britannique. Ici, la magie du récit s’échappe quelque peu, malgré l’application du réalisateur. La brutalité et la vitesse de la progression est peinante pour tout connaisseur du style originel. Tout en restant appréciable et poignant pour d’autres. Ce film a deux publics, au minimum. Gageons que le néophyte prenne goût et que, dans un élan de curiosité, il se mette à dévorer le reste de l’œuvre, fournie et toujours déroutante. C’est tout le mal que l’on souhaite à chaque spectateur.

«Il y avait le bien, il y avait le mal. Maintenant, il y a vous. Je ne peux en juger.»

Ecrire à l’auteur: nicolas.jutzet@leregardlibre.com

Crédit photo: © Twentieth Century Fox Film Corporation

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