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« Le Grand Jeu » et son grand ennui3 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

« Le poker, c’est de l’habileté. »

Molly Bloom descend la piste avec force et détermination. Dès son plus âge, elle est poussée par son père à devenir une championne de ski de bosses. A douze ans, ses espoirs comme son dos se brisent. Pourtant, malgré la recommandation des médecins à cesser la pratique sportive de haut niveau, elle s’y relance à corps perdu un an après son opération. A deux doigts des jeux olympiques, un nouvel accident change sa vie. Désormais incapable de sport, elle part à Los Angeles pour des études de droit. Entretemps, le père autrefois adoré s’est détourné de sa fille, amer.

Nouvelle ville, nouvelle vie. L’ancienne skieuse gagne un peu d’argent dans un bar guindé. Elle y rencontre un pulsionnel homme d’affaire. Cupide de s’offrir une vie plus aisée, elle devient tant son assistante que sa servante. Là, elle est appelée à organiser les parties de poker de son patron, où se rend toute la jet set du jeu. Les rencontres foisonnent. De fil en aiguille, Molly Bloom, se fait un nom. Elle commence à organiser ses propres parties de poker illégales avec de richissimes joueurs. Le succès est grandissant, mais le malheur frappera.

Des idées courageuses

L’histoire est inspirée de faits réels. La vraie Molly Bloom les avait exposés dans ses mémoires, Molly’s Game. Les aventures de la jeune femme ont sans aucun doute été des plus excitantes. Le film ne l’est pas du tout, en revanche. Aaron Sorkin s’est lancé dans une réalisation avec de bons projets, de courageuses idées ; malheureusement, ce qui devait être un « grand jeu » se solde par un « grand ennui ».

Le Grand Jeu dure effectivement plus de deux heures, aussi vides qu’inutiles. Les événements phares sont posés après les vingt premières minutes. Ensuite, tout n’est que remplissage par pénibles répétitions.  Molly Bloom organise des parties de poker, elle a des problèmes, mais continue ses soirées de poker, puis elle a des problèmes à nouveau, alors elle change de lieu et se relance dans le poker, etc. Une telle routine aurait pu être bien portée par une œuvre plus charnue et consistante dans son style. Là, seul l’échec peut être constaté.

Un rythme téméraire

Le réalisateur a tenté de jouer la carte du rythme pour nourrir ses répétitions. Seulement, le défilé de gros plans passant de la cigarette d’un joueur, aux jetons, à un verre d’alcool, jusqu’au visage de Molly, est mal exploité. Il ne permet pas au spectateur de sentir le poids du cercle vicieux instauré par une vie de débauche, parce que la caméra semble demeurer impassible aux scènes devant l’objectif. En somme, il n’y a pas de vie. Pas même dans les scènes où l’atmosphère se devrait d’être des plus tendues.

Enfin, ce qui lasse par-dessus tout : les dialogues. Sur ce point aussi, Aaron Sorkin s’est essayé à une cadence légère dans sa forme tout en révélant un fond de gravité. Raté ! Insupportable d’entendre sans cesse les acteurs crier, se lever, s’asseoir, croiser les bras, grimacer une joie apparente ou une indignation artificielle et couper la parole à l’interlocuteur. Le poker n’a pas seulement ruiné Molly Bloom, il a également gâché un film.

« J’en ai marre de ce cercle de dégénérés. Marre de la cupidité. »

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo : © blogspot.com

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