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«La Voie de la justice», une voix trop manichéenne3 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Les mercredis du cinéma – Jonas Follonier

Des violons un peu insistants sur le début, mais sans que cela gêne trop l’ensemble. Des acteurs qui touchent juste, sans pour autant sortir de l’ordinaire. On ne comprend pas bien l’histoire du premier coup; tout va trop vite, et en même temps trop lentement. C’est dans une ambiance cinématographique en demi-teinte que se passe le début de La Voie de la justice, un film sur la peine de mort et le racisme institutionnel en Alabama – tous deux encore actuels. Des dialogues vont cependant vite capter l’attention et l’émotion du spectateur. «Un nègre est responsable, et si c’est pas toi, tu paies pour tes potes.» On comprend vite la violence de cette injustice qui consiste en un simple «deux poids, deux mesures» basé sur la couleur de peau.

Walter McMillian (Jamie Foxx) est en effet un bûcheron noir arrêté sans preuves pour le meurtre d’une jeune fille blanche. Meurtre qu’il n’a pas commis. Un afro-américain parmi d’autres à devoir vivre l’enfer du couloir de la mort sans qu’il n’y ait eu de véritable enquête.  Bryan Stevenson (Michael B. Jordan) est un jeune avocat, noir lui aussi, qui a grandi dans les mêmes quartiers que le condamné. Il choisit d’aller défendre bénévolement Walter McMillian et les autres inculpés afro-américains de l’Etat de l’Alabama, qui méritent une défense. Cherchant les preuves de leur innocence, il va découvrir peu à peu les preuves d’un racisme ancré dans la police et la justice, si tant est que cette dernière mérite ce nom.

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Le sentiment de profonde injustice de la part du jeune homme de loi et des condamnés à mort dont on suit le sort se retrouve à son tour chez le spectateur. Aisément, le film réussit son coup. Mais à quel prix? Dénoncer des faits qui ont encore cours aujourd’hui dans certains Etats du Sud, c’est une chose; le faire sous fond de face-à-face manichéen entre des noirs gentils et innocents et des blancs méchants et corrompus en est une autre. Le film, puits de morale d’école primaire, n’a pas cherché à livrer un message autre que convenu et même exagéré. Pas un Noir un brin coupable dans toute ces tragiques histoires! Voilà bien un écueil qui aurait pu être anticipé, tant il nuit au réalisme des situations et à la complexité qu’un film tel que celui-ci est censé donner à voir.

Heureusement, si le film est plutôt raté dans ce qui fait son essence et qui aurait pu faire sa légitimité, à savoir son message et son sujet, il y a un point sur lequel on peut s’incliner: le souffle des personnages. Car si les phrases dures et cruelles que l’on entend composent une atmosphère tendue, de même que les couleurs sombres de certaines séquences, c’est par leurs respirations que le jeu des acteurs brille d’excellence. Le spectateur retient son souffle en même temps que les protagonistes, du héros principal à Hebert Richardson (Rob Morgan), bouleversant, dont on voit la fin sur la chaise électrique. La meilleure scène, sans aucun doute. En résumé, un intérêt reste d’aller voir ce film, mais cet intérêt réside davantage dans les personnes que dans le scénario. Bien qu’il soit toujours utile de rappeler l’importance de la justice et de la vérité. Nous sommes tous d’accord.

Ecrire à l’auteur. jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo: © Warner Bros Entertainment

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