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L’étrange «Laundromat» de Steven Soderbergh3 minutes de lecture

par Lauriane Pipoz
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Le Netflix & chill du samedi – Lauriane Pipoz

Le nom de Steven Soderbergh ne vous dit rien? Erin Brockovich, Ocean’s Eleven (et les deux suivants), Magic Mike, c’est lui. Un style propre et déjanté, une photographie pop, le tout relevé par des acteurs talentueux. Ce dernier film est d’ailleurs particulièrement coloré. Pourtant, le sujet ne s’y prêtait pas sur le papier: un film porté par Meryl Streep en veuve en colère et vulgarisant le problème des sociétés offshore. Vous ne voyez pas le lien entre les deux? C’est normal, le film est basé là-dessus.

The Laundromat s’ouvre sur des déclarations de Ramòn Fonseca (Antonio Banderas) et Jürgen Mossack (Gary Oldman). Les acteurs, déguisés en champions de l’évasion fiscale, annoncent qu’ils veulent faire quelques remarques préalables – «Nous existons réellement. Nous n’avons rien écrit de tout ça et, franchement, on aurait préféré que tout cela reste secret». Les réels fondateurs de Mossack Fonseca, firme au centre du scandale des Panama Papers, ne vont pas faire mentir le film: ils ont assez peu apprécié cette parodie et ont attaqué Steven Soderbergh et Netflix pour diffamation.

Le film est donc inspiré du célèbre scandale de 2016. Si vous n’êtes pas familier avec l’évasion fiscale, vous trouverez sûrement vous aussi que cette histoire est compliquée. C’est pour cette raison que le long-métrage vulgarise. Il fait tomber le quatrième mur pour nous expliquer de façon claire et concise en quoi consiste une société-écran. Les deux acteurs habillés en avocats excentriques vont ainsi exposer leur science en ne manquant aucun cliché. Ils se baladent sur une plage avec un cocktail et trouvent des (mauvais) moyens de vivre en paix avec leur conscience.

Mais le film n’est pas exactement une sensibilisation au problème de l’évasion fiscale. Difficile d’ailleurs de le définir clairement. Comédie satirique? Peut-être. Tout l’intérêt du film semble en tout cas résider dans le côté loufoque poussé à l’extrême de cette histoire. Les plans se succèdent entre coïncidences improbables, personnages bling-bling et anecdotes tombées de nulle part. Les liens entre les protagonistes sont difficiles à établir. L’un des éléments les plus perturbants: le personnage de Meryl Streep semble être au centre du film d’après le synopsis, mais disparaît assez rapidement de l’écran. Dit comme ça, cet argument semble être plutôt court. Et pourtant, cela ajoute une couche au voile de fumée qui s’est installé devant le téléspectateur.

Un écran de fumée

Fumée? Ecran? Hé oui, le film parle bien de sociétés qui sont des «écrans de fumée». On peut donc dire qu’il est une réussite. Comprenant une distribution excellente et des points de vue subjectifs qui rappellent Vice, le splendide film d’Adam McKay. Et surtout grâce à la chute finale, assortie d’un monologue parfaitement mené et qui constitue une métaphore des sociétés offshore.

A lire aussi: Les vices de Dick Cheney en gros plan

The Laudromat est-il pour autant un film incontournable? Sans doute pas. L’ascenseur émotionnel peut facilement s’emparer du spectateur, qui hésite entre applaudir ou se déconnecter selon les anecdotes qui défilent. Si le projet atteint finalement très bien sa cible, il faut 1h30 d’incompréhension plus ou moins grande pour le réaliser. 1h30 de plans dynamiques et de belles performances d’acteurs, mais quand même. C’est 1h30 de brouillard dans lequel on s’installe de plein gré.

Ecrire à l’auteure: lauriane.pipoz@leregardlibre.com

Crédit photo: © Netflix

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