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«Life – Origine inconnue»3 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

«Bonsoir Lune. Bonsoir Terre. Bonsoir Etoiles.»

Mission Mars, vaisseau Pèlerin I. L’équipage à bord joue ses dernières cartes pour intercepter un satellite qui contient du sable de Mars. C’est fait! Petit pas pour l’homme et grand pas pour l’humanité. Gloire si l’on décèle la première forme de vie extraterrestre dans la substance martienne. Un être apparaît bel et bien, sous forme unicellulaire. L’exploit est suivi depuis Times Square. En connexion avec les astronautes, les élèves d’une classe new-yorkaise annoncent sur un plateau télévisé le nom qu’ils ont choisi pour la petite bête déjà attachante: Calvin.

Le Britannique Hugh (Ariyon Bakare), responsable du laboratoire d’analyses, stimule la créature en quarantaine sous le regard émerveillé de ses collègues. Elle lui caresse tendrement le doigt à travers le gant plastique traversant la vitrine. Mais la caresse se transforme en poignée violente, qui serre toujours plus, sans sembler vouloir se détacher. La main est broyée, Calvin s’échappe furtivement de son vivarium. L’ingénieur Rory (Ryan Reynolds) plonge dans la salle, sauve son confrère et verrouille de l’intérieur la porte vitrée pour ne pas mettre en danger les autres. Rory ne sortira jamais de ce laboratoire. Il est dévoré intérieurement par le nouvel ennemi qui lui a sauté dans la bouche. Gouttes de sang en apesanteur, bras étendus comme le crucifié. Calvin comporte désormais un haut danger pour les scientifiques du vaisseau. Pas question de rentrer sur Terre avec cette chose. Il faut l’éliminer.

Life – Origine inconnue ne ternira aucunement son angoisse, jusqu’à l’ultime scène. Le cinéphile en quête de suspense est servi. Pourtant, la réalisation d’Espinosa ne dépasse pas les frontières d’une série B dans son genre. La sortie prochaine du tant attendu nouvel épisode d’Alien, le sentiment de déjà-vu et la platitude émotionnelle des acteurs signent le demi-échec.

Il ne s’agit bien que d’un demi-échec. Demeurent en effet de réelles qualités à retenir et vanter. Le film garde en haleine par une excellente utilisation du hors-champ à la caméra. On ne voit que rarement Calvin. Il est suggéré la plupart du temps par ses déplacement extrêmement rapides. L’équipage ne sait jamais vraiment où se trouve l’hostile prédateur. Son existence est un mystère, comme sa situation dans le vaisseau. Ouvrage d’une habile scénographie.

Mais encore, le jeu en apesanteur ne peut être plus réaliste. La préparation à cette particularité s’explique par un souci du détail de la part du réalisateur suédois. Ce dernier n’a pas manqué de consulter différents spécialistes de la vie dans l’espace. Les acteurs ont d’ailleurs tourné en studio, incessamment pendus à des câbles. Le spectateur croit par là, étourdi, ne plus sentir la gravité terrestre sous son siège. Pour une fois, ce ne sont pas seulement les effets spéciaux en abus qui sont récompensés; l’artisanat cinématographique tient aussi sa place.

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Quant à la distribution, si elle ne parvient pas vraiment à toucher en plein cœur, elle reste de qualité. Rebecca Ferguson, Jake Gyllenhaal et Ryan Reynolds en tête d’affiche ne sont pas des débutants. Ils savent interpréter des grands rôles. C’est malheureusement le médiocre scénario qui les bloque. Leurs propos sont trop succincts, parce que trop nombreux et trop réfléchis. Les répliques se veulent savantes, remplies de références scientifiques et littéraires. Une telle pratique est dangereuse pour un film à caractère d’action. Sauf en cas d’une maîtrise parfaite du rythme en adéquation à un beau texte.

Ce défaut ne va pas sans son avantage majeur, à savoir la portée philosophique. Le film pose une vraie question: jusqu’où peuvent mener les recherches sur la vie extraterrestre? De la petite cellule au monstre que devient Calvin, il y a une variation absolument incontrôlée. Et l’éventualité de ce danger ne se trouve pas à des années lumière de la réalité; la réception d’échantillons de la planète Mars est prévue pour 2020. «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme». Rabelais nous aura averti, Espinosa aussi.

«L’existence même de la vie est corrélée à la destruction. Calvin ne nous déteste pas, mais il doit nous tuer pour survivre.»

Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédits photos: © cineseries.fr et acsta.net

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