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«L’incroyable histoire du Facteur Cheval»: l’homme derrière l’œuvre3 minutes de lecture

par Hélène Lavoyer
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Les mercredis du cinéma – Hélène Lavoyer

Le souffle paisible du vent, ponctué de chants d’oiseaux qui accompagneront le film dans toute sa longueur. Pas d’image à l’écran durant quelques secondes, seule cette douce sérénade qui nous invite à nous laisser glisser dans la prochaine heure et demie avec curiosité, confiance, attention. Deux mains plongent, paumes les premières, dans une eau cristalline sur fond de galets ronds. La première minute en dit déjà long sur le personnage de Ferdinand Cheval, qui déclarera plus tard que c’est «à la source de la vie» qu’il puise son génie.

Années 1870, à Hauterives, près de Lyon. Dans cette contrée bien éloignée des mondanités parisiennes marche Josef Ferdinand Cheval (Jacqus Gamblin), veuf depuis dix ans lors de sa rencontre avec Philomène (Laetitia Casta), qui deviendra la seconde femme de cet individu étranger aux codes sociaux et notamment au bavardage. Cet habitant de la campagne française n’aura pas eu besoin de voyager afin d’imaginer l’architecture de son Palais Idéal, une œuvre d’art naïf unique au monde.

Rêveries d’Orient et d’Occident

Derrière l’apparente distance imposée par son comportement se révèle un rêveur invétéré, qui au long des cinq tours de la terre qu’il effectua durant sa vie afin de livrer du courrier qui ne lui était pas destiné a eu le temps d’apprendre d’écouter la nature. A vivre à son rythme. Nils Tavernier nous conte la trajectoire de vie unique et marquée d’événements tragiques du «Facteur Cheval» avec délicatesse.

C’est lors de l’une de ses tournées, en 1879, qu’il chute sur sa «pierre d’achoppement». Elle est l’élément déclencheur de l’entreprise de ce Palais Idéal aux courbes évoquant l’architecture de Gaudí mélangé à des temples asiatiques, peuplé de sculptures d’animaux. Il entame un labeur qui ne s’achèvera qu’en 1912, après trente-trois ans de travaux. Pour nous qui regardons le film, les quelques décennies que nous voyons passent sans vraiment se faire remarquer. Un tempo continuel mais comme impuissant.

«J’étais pas fait pour ce monde. J’aurais pas tenu sans toi. Tu m’as trouvé, tu m’as donné Alice… tu m’as même relevé quand j’ai voulu crever. Ce palais, c’est aussi le tiens Philomène.»

Bien qu’il s’agisse d’une biographie, la personnalité de Cheval et le «réel» de sa relation avec Philomène est une romance imaginée par le réalisateur – tout comme l’idée que c’est pour sa fille qu’il construit ce palais. Comme l’a admis Nils Tavernier le mois dernier dans les colonnes du quotidien Le Temps, «On n’a pas de descriptions psychologiques sur le Facteur. Or un homme qui pendant trente ans construit un palais avec des cailloux a forcément une structure particulière.»

L’équilibre petit à petit se crée entre l’histoire incroyable telle que vécue par le personnage et par les épisodes qui la marquent. Les scènes sont belles et se répondent les unes aux autres, avec de nombreux plans tailles et rapprochés. Et Laetitia Casta incarne superbement Philomène, qui est une personnalité forte et qui ose percer et surprendre la coquille entourant l’esprit de son époux. Ce dernier, interprété par Jacques Gamblin, est attachant, tout en restant hors normes, incompréhensible dans son obstination.

Ecrire à l’auteur: helene.lavoyer@leregardlibre.com

Crédit photo: © Praesens-Film

L’incroyable histoire du facteur chevAL
FRANCE, 2018
Réalisation: Nils Tavernier
Scénario: Laurent Bertoni, Fanny Desmarès, Nils Tavernier
Image: Vincent Gallot
Production: Fechner Films
Distribution: Jacques Gamblin, Laetitia Casta
Durée: 1h44
Sortie: 16 janvier 2019

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