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«Piercing»: un bijou cinématographique transperçant2 minutes de lecture

par Virginia Eufemi
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Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) – Virginia Eufemi

Le jeune réalisateur américain Nicolas Pesce revient, après le film d’horreur The eyes of my mother en 2016, avec une adaptation de la nouvelle Piercing (1994) de l’écrivain japonais Ryu Murakami. Présenté en compétition internationale lors de cette dix-huitième édition du NIFFF, Piercing est un bijou cinématographique, un thriller psychologique aux allures de comédie.

Un jeune père fait croire à sa femme qu’il part en voyage d’affaires. En réalité, il orchestre minutieusement, depuis longtemps, le meurtre truculent d’une prostituée. L’homme note méticuleusement dans un carnet rouge la marche qu’il devra suivre pour commettre le crime parfait, de l’entrée de la femme dans la pièce au nettoyage des traces de sang. Il écrit également quelques réflexions personnelles : par exemple, la jeune femme doit être impérativement de langue maternelle anglaise, car « la terreur doit s’exprimer en anglais ». Ou encore, elle doit pratiquer du sado-masochisme, car son plan débute avec du bondage. Une fois dans une chambre d’hôtel qu’il a réservée pour l’occasion, il chronomètre à plusieurs reprises chaque action en la mimant, avant l’arrivée de la bienheureuse. Nicolas Pesce nous livre ici une scène magistrale, portée par le talentueux Christopher Abbott, du meurtre invisible le plus violent (et organisé) de l’histoire. Mais si seulement les choses allaient comme on le souhaitait : à l’arrivée de la prostituée (Mia Wasikowska), les plans de notre homme se verront brusquement bouleversés.

Le lieu, le temps sont suspendus : la ville, faite de gratte-ciels en carton, est une grande maquette qui vient presque redimensionner les actions qui s’y déroulent. L’ambiance années septante est dans les intérieurs, les vêtements et la musique, qui accompagne, avec un décalage sublime, la tension des scènes. Elle est aussi dans l’utilisation du split-screen, employé notamment pour les scènes au téléphone, ce qui nous rappelle vaguement les appels de l’agent OSS 117 à Rio (avec Jean Dujardin). En somme, dans Piercing, point d’ambiance froide, macabre, angoissante, comme on pourrait s’y attendre. Les personnages deviennent presque sympathiques dans cette ambiance qui est celle d’un jeu d’enfants.

En effet, le point fort de ce long-métrage remarquable est la maîtrise par Nicolas Pesce du jeu du SM. N’est-ce pas toujours celui qui se croit dominant qui est le véritable dominé ? Tout le film n’est en réalité qu’un long rapport sado-masochiste, qui souligne la véritable portée psychologique, plutôt que sexuelle, de cette pratique. Mais surtout, le meurtre – qui est vite amené dans l’histoire et prend des dimensions inattendues – devient le centre névralgique du récit. On l’attend, on le voit venir, on voudrait presque qu’il survienne vite pour qu’on s’enlève cette dent. Mais c’est sans compter sur le talent du jeune réalisateur américain, qui joue avec nous et domine, c’est le cas de le dire, le cours des événements.

PIERCING (Nicolas Pesce) – NIFFF – International competition
Cotations :F
Fuyez !
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Frustrant
FFFFFFFFF
Fantastique !
Virginia EufemiFFFF
Thierry FivazFFF
Jonas Follonier
Hélène Lavoyer

Ecrire à l’auteur : virginia.eufemi@leregardlibre.com

Crédit photo : © NIFFF

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