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Daniel Simon, Mai 68 à Neuchâtel5 minutes de lecture

par Le Regard Libre
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mai 68 neuchâtel

Le Regard Libre N° 84 – Nathalie Simon

Voici un portrait particulier. Celui de mon père, Daniel Simon, qui m’a transmis, entre bien des choses, la passion des mots qui dansent sur les pages blanches. Retour sur son parcours.

Parmi de nombreux souvenirs impérissables, je chéris particulièrement ce goût de la lecture qu’il m’a enseigné. D’abord sur ses genoux, ensuite à ses côtés, à se partager les dialogues. Plus tard, nous nous partagions les livres et nos critiques. Encore plus tard, nous partagions l’édition de son deuxième livre.

«Ecrire, c’est une façon de parler sans être interrompu », écrivait Jules Renard. Après 33 ans à se dédier à l’enseignement du français et de l’histoire au Lycée Blaise-Cendrars à La Chaux-de-Fonds, Daniel Simon a consacré une grande partie de ses journées de retraité à l’écriture. Il a retravaillé des manuscrits qu’il avait rédigés bien des années auparavant et c’est ainsi que naquit Le jour où sa vie a basculé, publié en 2019 aux Editions Mon Village.

Dans cet ouvrage implanté dans le Neuchâtel réel des années 1970, l’auteur nous fait partager l’amère désillusion du licenciement puis de la première année de chômage d’un quadragénaire pour lequel, jusqu’alors, «l’usine» était devenue le socle absolu de son existence d’homme.

En 2020, il a achevé Les années de formation, un roman d’apprentissage mêlant fiction et réalité. Bien que terminé, le manuscrit est resté de longs mois à l’abri des lecteurs. Atteint par la maladie d’Alzheimer, mon père, de nature si vaillante et volontaire, m’a confié ne pas avoir la force de reprendre la route sinueuse qui mène à la publication d’un ouvrage. Il est difficile de voir les personnes que l’on aime forcées d’abandonner et encore plus lorsque c’est son père.

Je me suis alors improvisée agente littéraire – il souriait à l’évocation de ce terme – en orchestrant l’auto-publication de son livre jusqu’à sa diffusion en ligne et dans les librairies de la région depuis l’été 2021. Grâce à toutes les personnes qui ont cru en son ouvrage, nous avons pu réaliser ensemble cette dernière belle concrétisation dont il pouvait être fier.

Nous avons pu compter sur le soutien précieux des proches, particulièrement son fidèle ami Jacques, mais également d’institutions, comme Jeune Consulting, la junior entreprise de Neuchâtel, qui a cœur de soutenir les initiatives locales, et en sus, ses membres dont j’ai fait partie.

Mon père m’a finalement appris qu’on pouvait faire passer des mots en se passant de mots. J’avais lu un nombre incalculable de dialogues, que ce soit enfant sur les genoux de mon père ou aujourd’hui dans ma vie d’adulte. Et au moment où je pensais qu’il ne pouvait malheureusement plus rien m’apprendre, il m’a transmis, les mots tus par les maux, le fait que le dialogue du cœur reste le plus parlant.

Et il est celui qui a l’encre la plus résistante.

Pour mon Papa, Daniel Simon (01.01.1945 – 28.01.2022)

Les années de formation

C’est l’histoire d’une époque et des années-charnières d’une génération, entre 1964 et 1976, que raconte Daniel Simon dans son roman d’apprentissage Les Années de formation. Son protagoniste, Philippe, a un peu plus de 20 ans au moment des événements de Mai 1968, dont il est un témoin actif à l’Université de Neuchâtel.

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Son histoire familiale l’a préparé à ce type d’engagement, en le rendant foncièrement antiautoritaire et attaché à l’idéal d’une société égalitaire. Mais ces années de formation sont aussi celles de la recherche de l’amour et des amitiés partagées. Avant d’entrer dans la vie professionnelle, Philippe choisit de passer une année et demie à Londres, participant au bouillonnement culturel de la cité.

Après un retour à Neuchâtel et un mariage, il passe deux ans avec son épouse à Bogota, où il se confronte à l’insécurité née de violents contrastes sociaux. Il en ramène un film sur cette ville «faite par les pauvres au service des riches», qu’il a co-réalisé avec un jeune cinéaste romand. Ses années de formation s’achèvent avec son retour en Suisse.

Bien que l’ouvrage s’inscrive dans des lieux, situations ou événements réels et s’inspire de ce qu’a vécu l’auteur, il appartient au genre romanesque qui permet de se situer entre réalité et fiction. Le roman est aussi proche de la réalité par son souci documentaire. L’auteur s’appuie sur ses souvenirs, mais aussi sur des sources écrites (correspondances, articles de presse).

Son récit est minutieux, précis. L’auteur accorde une place importante au décor, décrivant en détail le milieu neuchâtelois, mais aussi les lieux que découvre son protagoniste, notamment dans ses voyages autour de Bogota et en Amérique latine, jusqu’au retour en Europe sur un transatlantique.


Nathalie Simon est project manager en marketing. Titulaire d’un master en communication digitale à l’UniGE, elle a été responsable communication et événementiel de Jeune Consulting, la junior entreprise de l’Université de Neuchâtel et de la HE-Arc.

Crédit photo: © Université de Neuchâtel

mai 68 le regard libre

Daniel Simon
Les années de formation
Editions Isca
2021
528 pages

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