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Véganisme et régimes sans viande: vraiment «écolo»?5 minutes de lecture

par Hélène Lavoyer
2 commentaires

Le Regard Libre N° 36 – Hélène Lavoyer

Actuellement, les discussions de tous les jours portent souvent sur nos modes d’alimentation. Tandis que les régimes sans viande, et notamment le véganisme, semblent gagner de plus en plus de terrain, leurs vertus environnementales ne seraient pas si évidentes que cela. Il se pourrait que le régime choisi ne soit pas le bon indicateur concernant l’empreinte écologique.

Dans un article datant du mois d’août 2017, Le Regard Libre abordait le sujet de la consommation d’insectes, estimant leur capacité à remplacer la viande. En effet, la production de cette dernière est à l’origine de près de 15% des émissions de gaz à effet de serre, et responsable de 80% de la déforestation en Amazonie. De plus, la consommation d’eau nécessaire à la production d’un seul kilo de viande représente un nombre astronomique (entre 4’000 et 15’000 selon qu’il s’agisse de porc, de poulet ou de bœuf). De quoi se questionner sur notre avenir.

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Les avis divergent sur les meilleures façons de consommer « écolo », mais la réduction drastique de notre consommation de viande reste absolument nécessaire. C’est du moins un avis faisant l’unanimité dans les domaines scientifique, politique ou écologiste. Par ailleurs, des régimes alimentaires plus responsables ont fait leur apparition dans les discussions au moment du repas. Végétarisme ou véganisme, ces deux modes de consommation répondraient mieux au besoin croissant de cohérence et de respect de l’environnement.

La diversité des régimes sans viande

Il existe à ce jour de multiples types d’alimentation qui excluent la viande. Alors que les lacto-ovo-végétariens, par exemple, ne consomment ni viande ni poisson, tout en s’autorisant les produits laitiers et les œufs, les végétaliens ne mangent aucun de ces produits, ni d’autres issus de l’exploitation animale. Bien d’autres – ovo-végétarisme, pesco-végétarisme (autorisant la consommation de poisson) – de ces modes alimentaires bannissant la viande existent.

Les raisons provoquant un tel changement d’alimentation se retrouvent bien souvent dans le discours des partisans de ces divers régimes : préoccupations écologiques ou concernant le respect de la nature et des animaux, bienfaits pour la santé, cohérence psychique permettant d’accéder à plus de sérénité en sont les principales.

Véganisme et anti-spécisme

Si ces régimes engagent d’ordinaire une modification du mode de vie – celui mené le plus largement en Europe occidentale –, il en est un particulier qui en implique la réforme complète; il s’agit du véganisme, également appelé «végétalisme intégral». Intégral car, pour ses adeptes, tous produits issus de l’exploitation animale déserte leur existence. Exit lait, œufs et miel, mais également le cuir, la laine, la soie et tout produit testé sur les animaux.

L’idéologie végane redéfinit tout d’abord la relation des êtres humains aux animaux de tous genres, à l’instar de la philosophie antispéciste – ce mot, entré dans Le Robert à l’édition 2017, désigne une idéologie contestant une hiérarchie dans le monde du vivant, plaçant les animaux au même rang que celui de l’espèce humaine, condamnant du même coup toute exploitation des premiers.

Quantité de véganes sont donc également militants pour la cause animale et, se voulant absolu, ce mode de vie prône régulièrement l’écologisme ou encore l’hygiénisme, des valeurs prenant de plus en plus de place dans la vie d’habitants des pays dits «développés».

Pas si magique, l’exotisme

En outre et afin de maintenir une alimentation équilibrée, il faut diversifier son alimentation; pois chiches, avocats, épices, riz, soja, laits d’amande ou de coco,  graines de chia, baies de goji, mangues… Tous ces produits tant apprécié des végétar-liens remplacent tantôt les graisses tantôt les protéines ou encore les vitamines nécessaires à une bonne santé.

Les industries alimentaires l’ont compris, pour vendre aux consommateurs toujours plus exigeants et «conscients», la filière végétalienne devait être exploitée. Aujourd’hui fleurissent les étalages de produits véganes, trop faciles d’accès et, quoiqu’exempts de produits animaux, l’utilisation de l’huile de palme persiste dans de nombreux produits – alors que cette culture dévaste tant la faune que la flore.

Remplacer les produits supprimés (viande, œufs, lait, fromage, cuir) ne serait pas non plus la meilleure solution; le processus de fabrication d’une mozzarella végétalienne demande par exemple plusieurs ingrédients provenant des quatre coins de la planète… et les cultures du soja que l’on utilise afin de recréer des steaks ou même en tofu, participent elles-aussi à de gros dégâts, tant qu’aux injustices agricoles.

Et si les fruits et légumes consomment moins d’eau qu’un animal – quoique les avocats en soient très gourmands –, leur transport consomme immanquablement une énergie folle. De plus, le manque de contrôle sur les cultures éloignées de notre ville ou village permet à l’exploitation des paysans de perdurer secrètement – c’est le cas de la culture de l’avocat, notamment au Mexique, où les ravages sont manifestes.

La question humaine

Et s’il s’avère crucial de conscientiser les populations du monde entier quant à leur rapport aux animaux, qu’en est-il de l’humain? Une fois de plus, nous pointons du doigt le secteur industriel. Les marques de prêt-à-porter les plus célèbres et dont la croissance persiste représentent un exemple incroyable d’exploitation humaine – et donc… «animale»? – inacceptable, et ne se trouvant pas écartées d’office d’un mode de vie végétarien ou végane.

Ce que l’on attend aujourd’hui, et ce qui se trouve au plus profond dans l’idéologie végane est, à nos yeux, une action concrète pour altérer nos habitudes de consommation: acheter local plutôt qu’étranger, préférer la qualité à la quantité, harmoniser sa consommation avec les saisons, consommer non pas moins, mais mieux. L’argumentation végane est convaincante, mais son application doit être réfléchie.

Une idéologie seule ne trouve pas réponse à toutes les questions sociétales et existentielles. Il nous semble justifié de dire que l’innovation survient dans l’écoute de toutes les opinions ainsi qu’en se gardant bien de considérer qu’il n’y a qu’une seule façon de faire les choses dans la lumière de la justice et de la cohérence. Nous désirons surtout démontrer que c’est dans l’alliance et la compréhension que nous serons capables d’évoluer vers une société meilleure, et que chaque façon de faire possède des aspects positifs, mais également des risques.

Ecrire à l’auteure: helene.lavoyer@leregardlibre.com

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2 commentaires

Sarah 25 mars 2018 - 9 09 13 03133

Les carnistes mangent aussi des avocats. L’exploitation animale consomme bien plus de soja que je ne pourrais jamais ingurgiter même si je me nourrissais uniquement de tofu. Il faut arrêter de parler de pesco-végétarisme, les gens qui mangent du poisson ne sont pas végétariens. Les véganes ne sont pas tous écolo mais tout le monde savait ça ? En fait c’est pas mal à la mode de balancer des banalités du genre “il faut faire des compromis” “les extrêmes sont mauvais” etc.. Mais ça mène à pas grand chose dans la réalité..

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Le Regard Libre 25 mars 2018 - 13 01 30 03303

Bonjour Sarah,

Tout d’abord merci de votre commentaire. Bien sûr, le débat décidant de “Qu’est-ce qu’un végétarien” reste ouvert. Il n’empêche que le nom de “pesco-végétarisme” existe, et ç’aurait été une erreur de l’omettre, que l’on soit d’accord avec la terminologie ou non.
Le but de cet article était d’ouvrir le débat sur qu’est-ce que consommer “écolo”, et bien qu’il soit évident qu’un régime ne définisse pas l’empreinte écologique, il était nécessaire de montrer que l’enjeu aujourd’hui se trouve plutôt dans le choix – selon moi – de la provenance, et dans le partage d’idées et de manières de vivre.
Toute pensée a ses failles, et tout article se doit d’ouvrir à la discussion.

Cordialement,

Hélène Lavoyer

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