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Il y a deux cents ans: Frédéric Gard (1767-1848)3 minutes de lecture

par Sébastien Oreiller
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Article inédit – Sébastien Oreiller

L’histoire, selon Nietzsche, s’arrête pour bien des hommes à l’époque de leur grand-père. En cette année où nous fêtons le bicentenaire de l’entrée du Valais dans la Confédération, année de mémoire et d’identité, il me semble de mon devoir de rendre honneur à un ancêtre, Frédéric Gard, qui, député du dizain d’Entremont, avait voté l’union du Valais avec la Suisse.

Né en 1767 dans une dynastie de notaires bagnards, Frédéric Gard sert d’abord en tant que capitaine au service d’Espagne, avant d’occuper la charge féodale de banneret et capitaine d’Entremont.[1] A l’évidence, l’engouement pour les idées libérales le saisit assez rapidement puisqu’il prend déjà part à la révolution bas-valaisanne de 1798 en tant que membre du comité général des communes du Bas-Valais (gouvernement indépendant[2])[3]. Qui plus est, son frère, le docteur et chevalier Arnold Gard, connu pour avoir introduit la vaccination en Valais[4], épousera une nièce du grand-bailli de Rivaz[5], acteur majeur et parfois infortuné de cette période révolutionnaire.

Dans les années qui suivent, le capitaine Gard soutient Napoléon, lui offre cinq cents hommes, devient “centurion d’Entremont”, change de camp et profite des ennuis du clergé pour acheter en 1810 l’Abbaye du Châble, résidence bagnarde de l’abbé de Saint-Maurice, dont il devient le premier propriétaire laïque[6]. Selon la légende, l’abbé a d’ailleurs menacé d’excommunication quiconque oserait acquérir sa demeure, mais c’en est peu pour effrayer Frédéric Gard qui, franc-maçon depuis 1803, est de toute manière excommunié de facto depuis longtemps. C’est cette maison qui passera plus tard dans la famille de Maurice Troillet.

Après la défaite de Napoléon et la disparition du département du Simplon en 1814, c’est en tant que président et député du dizain d’Entremont que Frédéric Gard prend part à la diète extraordinaire du 30 mai au 1er juin de la même année, celle-là même qui vote l’entrée du Valais dans la Confédération, effective le 4 août 1815[7]. Sa carrière politique ne s’arrête pourtant pas là, puisqu’il accède ensuite aux charges de préfet et grand-châtelain d’Entremont et qu’il est encore député au grand-conseil à l’époque du Sonderbund, juste avant sa mort en 1848. Toutefois, après l’union du Valais avec la Suisse, c’est surtout son fils, Louis Gard, fameux pour ses chansons satiriques, qui marquera l’opinion publique en Valais. Député à la Constituante de 1839 et au premier Grand-Conseil en 1840, cet anticlérical mazzinien sera l’un des fondateurs de la Jeune Suisse valaisanne en 1835[8].

Issu d’une famille patricienne, héritier de charges féodales, Frédéric Gard fait donc partie de ces personnalités influentes et atypiques qui, poussées par leurs convictions progressistes, ont montré la voie aux Jeunes Suisses et à l’ouverture du canton. A l’heure où le Valais fête son entrée dans la Confédération, il convient de fêter également ceux qui, durant une époque troublée, ont contribué à forger l’identité d’un Valais plus moderne, plus suisse en somme. Et d’en être fiers.

Entrée du Valais dans la Confédération

Ecrire à l’auteur : sebastien.oreiller@netplus.ch

Sources :

Pour l’image : le Nouvelliste (http://www.lenouvelliste.ch/multimedia/images/img_traitees/2015/04/grand_conseil_zoom945.jpg

Pour les dates et les fonctions : notices sur Frédéric et Louis Gard in Familles de Bagnes, du XIIe au XXe siècle, édité par la Commune de Bagnes et le CREPA, 2005. Tome III, p.223-225

Biollay, Emile : des treize cantons du département aux treize dizains du canton
in Annales Valaisannes, 1965

Dictionnaires Historique de la Suisse (online) : article Gard

[1] Familles de Bagnes, du XIIe au XXe siècle, édité par la Commune de Bagnes et le CREPA, 2005. Tome III, p.224

[2] https://www.vs.ch/encyclo/navig.asp?mnu=know&idRubrique=902&idLangue=1 Consulté le 2 août 2015

[3] Donnet, André : La Révolution valaisanne de 1798, 1984, p. 155 in Bibliotheca Valesiana

[4] http://www.wikivalais.ch/index.php/Population_au_XVIIIe_si%C3%A8cle Consulté le 2 août 2015

[5] Donnet, André : Etienne-Louis Macognin de la Pierre (1731-1793), sa famille et ses constructions de Saint-Maurice in Vallesia, p. 242, 1959 (consulté sur http://doc.rero.ch le 2 août 2015)

[6] Familles de Bagnes, du XIIe au XXe siècle, édité par la Commune de Bagnes et le CREPA, 2005. Tome III, p.224

[7] http://www.valais.ch/fr/information/landingpage/valais-2015/dates-historiques Consulté le 2 août 2015

[8] http://www.wikivalais.ch/index.php/Chronologie_du_Valais_-_XIXe_si%C3%A8cle Consulté le 2 août 2015

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