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La franc-maçonnerie: mythe et réalité4 minutes de lecture

par Sébastien Oreiller
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Le Regard Libre N° 2 – Sébastien Oreiller 

Alors que les romans à la Dan Brown fleurissent et que les théories du complot s’enracinent de plus en plus chaque jour, qu’en est-il vraiment de cette organisation discrète de la franc-maçonnerie ? Certes, le voile qui couvre cette institution est opaque, mais il est possible de s’en faire une idée assez précise.

Afin d’en donner la meilleure définition possible, voici comment la Grande Loge Suisse Alpina se définit elle-même : « La Franc-maçonnerie est d’abord une alliance d’hommes libres de toutes confessions et de tous horizons sociaux. Basée sur la tolérance, elle est riche de cette diversité confessionnelle et sociale qui s’épanouit dans une direction commune: celle de suivre chacun le chemin de perfectionnement qui lui est propre. Pour cela, la Franc-maçonnerie fournit à chaque personne qui veut travailler sur soi-même les outils du Symbolisme et de la Tradition. Elle est une école de vie et un enseignement de conduite morale où chacun peut s’épanouir par lui-même. »

La franc-maçonnerie est un nom général donné à toutes les obédiences qui se revendiquent des mêmes rites et valeurs. Il y a deux obédiences majeures, la Grande Loge Unie d’Angleterre et le Grand-Orient de France. Une obédience est un regroupement de loges où se réunissent les frères maçons, qui pratiquent chacune un rite (principalement le Rite Ecossais Ancien et Accepté). A la tête de chaque loge se trouve un Vénérable qui décide du déroulement de chaque tenue. Une tenue est une cession de la loge où les frères discutent entre eux, font des débats, etc. afin de perfectionner leur compréhension du monde et leurs valeurs. A mesure que son cheminement personnel progresse, un franc-maçon apprenti peut devenir compagnon et ensuite maître. Comme le fonctionnement de la franc-maçonnerie est largement documenté et qu’il est plus facile d’être expulsé d’une loge que d’y entrer, l’idée que la franc-maçonnerie serait une secte est on ne peut plus fausse.

Une idée reçue veut que les francs-maçons soient les héritiers des bâtisseurs médiévaux, hors la franc-maçonnerie fait son apparition en Angleterre au XVIIe siècle, avant que les Constitutions d’Anderson n’en fixent définitivement la pratique en 1723. C’est justement au XVIIIe siècle que les loges maçonniques apparaissent en France, sous la royale protection du comte de Clermont, petit-fils de Louis XIV. On a souvent prétendu que la franc-maçonnerie avait causé la Révolution française, hors les frères étaient principalement présents… dans la noblesse. La franc-maçonnerie reste assez unifiée jusqu’à la fin du XIXe siècle, quand la querelle du Grand-Architecte de l’Univers, à savoir la nécessité ou non pour un franc-maçon de croire en Dieu. La structure maçonnique n’a que peu changé, sauf pour la mixité proclamée par le Grand-Orient de France en 2010.

Des templiers jusqu’à la Révolution française, nombreuses sont les idées reçues à l’égard de la franc-maçonnerie : la première entité à la condamner est l’église catholique. La raison initiale de son hostilité vis-à-vis de la confrérie est que le pape Clément XII, un florentin, est le rival de François de Lorraine, nouveau grand-duc de Toscane et franc-maçon. Toutefois, ce que le clergé déteste dans la franc-maçonnerie, c’est sa discrétion et son refus, à cause des valeurs des Lumières, de se plier aux dogmes catholiques. Lorsque les Etats Pontificaux sont en grand danger dès le milieu du XIXe siècle, la franc-maçonnerie devient donc le bouc émissaire idéal de l’Eglise. Le fossé se creuse encore à la fin du siècle, sous la IIIe République, lorsque la bourgeoisie majoritairement anticléricale et maçonne impose la laïcité de l’Etat et de l’école, ce qui déplaît férocement à ses adversaires, les papes Pie IX et Léon XIII. C’est alors que paraît un fameux canular, publié par Léon Taxil, un ancien franc-maçon retourné dans les rangs du catholicisme qui accuse les frères de rien de moins que de satanisme. Lorsque le canular est révélé, Taxil avoue avoir tout conçu lui-même pour se rendre célèbre…

Mais la haine de l’Eglise n’en reste pas là : jusqu’à la réforme du droit canon, les francs-maçons étaient automatiquement excommuniés. Maintenant, ils ne sont frappés que de péché grave… Quant aux théories du complot (parmi lesquels le plan secret de la ville de Washington qui tracerait un pentagramme dans ses rues ainsi que les autres kabbales fomentées par les frères) le livre La Saga des Francs-Maçons, écrit par deux journalistes français très renommés aux éditions Points, explique parfaitement en quoi elles sont infondées et ridicules.

Pour conclure, voici une liste de personnages célèbres ayant fait partie de la franc-maçonnerie : Voltaire, Goethe, Mozart, La Fayette, Washington, Jules Ferry, Kipling et Churchill. A noter que dans certains pays, la franc-maçonnerie est protégée par les souverains (familles impériale et royale de France, familles royales de Suède, des Pays-Bas et surtout d’Angleterre). La franc-maçonnerie n’est donc ni une société secrète, ni illégale, ni comploteuse, mais bien une alliance d’hommes libres, une voie de formation à la vie, un enseignement de conduite morale, une fraternité, une approche de la modernité, une démarche spirituelle, une société structurée et une démarche structurée.

Ecrire à l’auteur : sébastien.oreiller@netplus.ch

Crédit photo : © History Things

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