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«L’etrange Noel de Sir Thomas», coup de comm’ ou coup de génie?3 minutes de lecture

par Le Regard Libre
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Les bouquins du mardi – Amélie Wauthier

Je me suis retrouvée avec ce bouquin entre les mains sans trop savoir à quoi je pouvais bien m’attendre. Une nouvelle maison d’édition qui réunit six auteurs autour d’un même personnage-concept? Je dois admettre que, d’ordinaire, j’aurais détourné mon attention avant d’avoir fini de parcourir tous leur noms.  Rien ne m’exaspère plus que les fausses bonnes idées de ces gens qui ne savent plus quoi inventer pour se montrer originaux, me laissant la plupart du temps un amer goût de déception. Mais ce recueil ne m’a pas été confié par n’importe qui et, aujourd’hui, je me dis qu’il mérite sûrement que je lui laisse au moins une chance…

Dans la préface, on apprend comment ce projet a vu le jour, quelles étaient les consignes et contraintes imposées aux différentes plûmes qui se sont prêtées au jeu: une même description d’un personnage imaginaire transmise à six personnalités différentes. A nous deux (à nous sept?), Sir Thomas!

Premier récit, un peu moins d’une soixantaine de pages. Je me dis qu’au moins, s’il ne me plaît pas, j’en verrai vite la fin, enchaînant sur le suivant. (Oui, il m’arrive parfois de me trouver rabat-joie!) Heureusement, le style de Marie Javet se lit assez facilement; je suis rapidement happée par cette histoire déroutante, voire kafkaïenne, dans laquelle un père de famille part à la recherche de sa femme et de ses enfants dont il a perdu la trace en plein parc d’attractions. Cinquante-huit pages plus tard, j’apprécie la fin – dont je ne vous parlerai point – et l’excitation qu’elle a fait naître en moi. La même que j’ai ressentie devant les films Fight club et Inception quelques années auparavant.

Je n’ai pas encore tranché entre mon intention de découvrir lentement chaque novella et mon désir de les dévorer goulument. Je me fais couler un thé afin de pleinement savourer l’ambiance dans laquelle ce premier récit m’a plongée et de repenser aux questions qu’il a faites germer.

Changement d’auteur, changement de siècle, nous voici en 1832. Changement de ton également! (Vous me direz, en changeant d’écrivain, c’était plutôt prévisible.) Deux hommes s’affrontent en duel, quelque part sur les terres du Domaine McFergus, en Jamaïque. L’un d’entre eux s’appelle Sir Thomas McFergus, auteur du manuscrit que nous découvrons quelques pages plus loin. Il y rapporte ses diverses aventures lors de ses voyages en Europe.

Les événements que je vais narrer pourraient paraître invraisemblables, au mieux exagérés. C’est pourquoi, vous seulE étant à même de reconnaître leur nature véridique, que j’atteste sur mon honneur, ce récit vous est exclusivement destiné. (…) Ces péripéties ont fait de moi l’homme que je suis, avec toutes ses fragilités et ses contradictions. 

Le récit de Sir Thomas est conté dans un français d’époque qui révèle toute la grâce et la délicatesse de cette langue que j’affectionne tant! Je prends un délicieux plaisir à parcourir ce texte qu’Olivier May a su rendre palpitant tant pour sa forme que par son fond. Traversant le monde afin de lutter contre l’esclavagisme et y mettre un terme, ce gentleman raffiné va se laisser surprendre par ses sens et ses émotions. Deux thématiques trouvant un certain écho dans notre époque contemporaine. J’adore!

Il me reste encore quatre Sir Thomas à rencontrer. Dans Dernier Noël à Trapellun, de Nicolas Feuz, je sens le froid glacial de la neige me piquer le cou. Avec Un loup-garou pour Noël. L’évangile selon Sir Thomas, Christelle Magarotto m’emmène à toute allure sur les grandes routes américaines et me décoiffe. L’insoupçonnable passé de G.W. d’Olivia Gerig me tient en haleine durant cinquante-deux pages. Finalement, je me laisse définitivement séduire par l’humour piquant de Chatherine Rolland, qui clôture ce recueil avec l’Extracteur et beaucoup de talent.

Dans l’ensemble, j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ces six univers, ainsi que les versions bien différentes d’un même personnage qu’ont su dépeindre les auteurs. Autant de cerveaux «fous» que les éditrices de cette nouvelle maison d’édition ont eu le talent de réunir. Je les félicite ainsi pour leur pari audacieux – je suis bien placée pour savoir combien les gens peuvent être à l’affût de la moindre critique négative – et réussi!

L’Etrange Noël de Sir Thomas
Nicolas Feuz, Olivia Gerig
et alii
Editions Okama
2019
395 pages

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