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«Nora», un roman policier en plein cœur de Lucerne2 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Les lettres romandes du mardi – Jonas Follonier

Porté par une écriture féminine très centrée sur les sentiments des personnages, Nora est un roman policier venant de sortir aux Editions Slatkine. Son auteur, Louise Anne Bouchard, nous plonge au cœur d’une intrigue basée sur la mort d’un certain Paul Mutter, à Lucerne. Une journaliste et un ancien policier mènent l’enquête, et c’est bientôt une mort plus ancienne qui se trouvera au centre de l’histoire : celle d’une certaine Nora.

Quelque chose me brouillait complètement. Je pensais qu’après tout ce temps passé à Lucerne il était à peu près improbable qu’une envie de vivre me reprenne ailleurs si je n’élucidais pas cette histoire. C’était peut-être l’engrenage d’une mort lente qui s’installait, une peine permanente et si lourde que je m’imaginais bien incapable d’évacuer un jour. Chaque pavé de cette ville, chaque son, chaque dalle, chaque crépi que j’apercevais aux fenêtres me rappelaient quelque chose que j’avais prévu.

L’intrigue, si l’on considère le point de départ du roman ainsi que sa fin, est bien réfléchie. On ne s’attend pas aux rebondissements des dernières pages ; en cela, il s’agit d’un polar réussi. Quant au style, s’il peut parfois paraître relativement lourd par la longueur des paragraphes et l’enchevêtrement des personnages, il offre une plume canado-suisse à découvrir et de belles occurrences à relever.

« Tout ce qui est étranger dans cette ville est à la fois mystérieux, attirant et repoussant. » Quand ce n’est pas la ville qui l’est, ce sont les personnages, décrits par les mêmes termes : « Son visage n’était pas inconnu d’Helen : il était mystérieux et attirant. » Cette façon de faire dialoguer dans l’intervalle de quelques pages l’interlocuteur d’Helen avec l’environnement qui les entoure est intéressant, d’autant plus que le caractère « mystérieux et attirant » de l’inconnu (l’étranger) se retrouve associé tout à coup au connu.

Sarah von Pfyffer avait les yeux brillants, ne voyait plus personne et semblait fixer devant elle un univers cathodique, vu et connu d’elle seule. Je suis encore effrayé par le regard monstrueux qui mangeait tout le visage d’une femme si belle.

Le roman de Louise Anne Bouchard contient également des analyses sociologiques des différents types d’individus peuplant la ville de Lucerne. Le pari consiste à entrer dans leur intimité tout en représentant les caractéristiques de tout un groupe de personnes. Du charlatan efféminé à la riche bourgeoise parvenue en passant par Jackson, le policier démis de ses fonctions, tout un microcosme nous est présenté, de façon agréable et… helvétique.

Paul avait un côté ludique, certes : il aimait jouer, tricher, mentir parfois, rattraper une maîtresse et l’empêcher de se noyer dans une vallée de larmes, la réconforter. Tout un versant de sa personnalité avait un aspect gamin : il était de ceux qui savent qu’ils ont déjà tout perdu d’avance et qui, au lieu de s’en défendre, s’en amusent.

Amateurs de romans policiers qui souhaitez suivre ce qui se passe dans l’actualité littéraire de Suisse romande, cet ouvrage pourrait bien être pour vous.

Ecrire à l’auteur : jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo : © Jonas Follonier pour Le Regard Libre

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