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«Nos rendez-vous» ont un goût d’inachevé3 minutes de lecture

par Lauriane Pipoz
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Les bouquins du mardi – Lauriane Pipoz

Nos rendez-vous raconte une série d’entrevues survenues au mauvais moment. Sur une centaine de pages, Eliette Abécassis dresse les portraits de Vincent et d’Amélie. Deux Parisiens qui mènent leur vie chacun de leur côté et qui se manquent. Parce que l’un n’exclut pas l’autre et parce que l’amour s’amplifie par l’absence.

Il suffit d’écouter Eliette Abécassis pour comprendre que derrière la légèreté de cette philosophe se situe une véritable réflexion. Son livre possède la même qualité. Concis, facile d’accès, divertissant, malgré quelques redondances, il se lit comme on dévorerait un paquet de biscuits. Avec la tentation de le dévorer en quelques heures. Ce qui est justement le meilleur moyen de démontrer l’idée centrale de ce livre: aujourd’hui, on cherche à être trop rapides. Habitude qui se répercute aussi sur les sentiments. Oui, cette idée est presque un lieu commun. Ce qui n’empêche pas que nous l’oubliions trop souvent.

Rendez-vous ratés

Vincent et Amélie se rencontrent, se plaisent, se donnent rendez-vous… et se ratent. Dans des années quatre-vingt bien moins connectées, un simple retard peut avoir des conséquences désastreuses. Leur histoire a une particularité: le lien entre les deux amoureux est basé sur l’absence de l’autre. Le lecteur suit ces deux âmes perdues sur des dizaines d’années à travers leurs succès, leurs échecs, leurs désillusions. Rythmés par une seule constante: le manque de l’autre.

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Cette absence douloureuse fait partie intégrante de chaque étape, entretenue par le biais de quelques échanges et, surtout, par leurs imaginaires respectifs. Nous sommes donc finalement face à deux histoires phantasmées – celle de Vincent et celle d’Amélie – n’existant que dans l’esprit des deux personnages. Des phantasmes qui ne se rencontrent que périodiquement, chaque dizaine d’années, par le biais de communications fugaces.

C’est tout l’intérêt de l’amour selon l’auteure: les sentiments grandissent lorsqu’ils sont insoumis à la course du quotidien. L’attente de l’autre nourrit le désir d’être ensemble, attisé par l’imagination de ces rencontres. La lenteur serait donc la clef d’une belle histoire. Mais une romance peut-elle être plus intéressante dans l’imaginaire que dans la réalité?  Cette question reste bien évidemment ouverte. On peut toutefois se questionner sur la véritable alchimie entre les deux protagonistes. Qui semble plus présente en rêve que dans la réalité; le lecteur peut même avoir de la peine à les imaginer ensemble. Mais peut-être est-ce voulu?

Le livre peut sembler un peu léger, voire naïf. Mais il est possible de le voir comme une fable, une ode à l’illusion de l’amour unique. Puisque ce dernier n’est plus possible dans le monde d’aujourd’hui, autant l’imaginer. Cette interprétation colle avec le style de l’auteure: un peu trop fleuri, un peu trop rêveur pour être pris au premier degré. Ce dont on s’aperçoit en voyant que la philosophe renvoie une image plutôt pragmatique lors de ses entretiens. Phantasme ou réalité?

Ecrire à l’auteure: lauriane.pipoz@leregardlibre.com

Crédit photo: © Site officiel d’Eliette Abécassiz

Eliette Abécassiz
Nos rendez-vous
Editions Grasset & Fasquelle
2020
152 pages

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