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Une vie au service du livre: «Monsieur Payot» témoigne7 minutes de lecture

par Ivan Garcia
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Les bouquins du mardi – Ivan Garcia

A travers un foisonnant entretien, Pascal Vandenberghe, directeur général des librairies Payot, éclaire les lecteurs sur sa trajectoire. De sa jeunesse messine aux montagnes helvétiques en passant par Paris, «Monsieur Payot» – comme le surnomment certains médias – détaille les expériences et les rencontres réelles ou littéraires qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, ainsi que son aventure avec Payot Libraire. Un livre incontournable pour toute personne désireuse d’en savoir plus sur cette enseigne et l’homme qui a contribué à la rendre indépendante.

«Gourou du livre» aux longs cheveux blancs, Pascal Vandenberghe est arrivé chez Payot en 2004 en qualité de directeur général de Payot SA. Dix ans plus tard, en 2014, il reprend la société Payot SA (Payot Libraire + Nature & Découvertes) en devenant actionnaire majoritaire et en l’extrayant du groupe Lagardère Services. Mais comment le jeune autodidacte de Metz, rêveur, travailleur manuel et lecteur infatigable, libraire à la Fnac et éditeur, est-il arrivé à Payot et qui plus est jusqu’au poste de directeur général? C’est là toute la question qu’il explore dans un entretien intitulé Le Funambule du livre avec son interlocuteur, le journaliste et chroniqueur Christophe Gallaz. 

Le «Don Quichotte» du livre

 «Ma vie par les livres est indissociable de ma vie pour les livres», écrit Pascal Vandenberghe à la fin de l’avant-propos du Funambule du livre. Cet entretien avec Christophe Gallaz, doublé d’un essai intitulé La librairie est un sport de combat, se compose de quatre parties. On a donc affaire à un «concept-livre» pour reprendre les termes de Quentin Mouron et de l’éditeur Olivier Morratel. La première partie de l’entretien couvre la jeunesse de «Monsieur Payot», de sa naissance à ses tribulations de Don Quichotte en passant par une scolarité chaotique, avant d’arriver à la Fnac où il apprendra le métier de libraire.

«J’avais vingt-trois ans et depuis mes seize ans je vivais un peu comme un chevalier errant, avec des petits boulots, des voyages, des filles… Je n’étais pas malheureux, mais sans l’ombre d’un projet.»

La deuxième partie aborde ses années de formation et de travail au sein de l’enseigne Fnac (bien différente du temple de la consommation que l’on connaît actuellement). La troisième partie explore son passage dans le milieu de l’édition, notamment au sein des Editions La Découverte, spécialisées dans les sciences humaines et sociales. Finalement, la quatrième partie détaille son arrivée chez Payot, son dur combat pour l’indépendance de la firme et les défis qu’ils lui restent à relever, avant son potentiel départ à la retraite.

Photographie de Pascal Vandenberghe, directeur général et actionnaire majoritaire de Payot SA, société qui regroupe Payot Libraire et Nature & Découvertes. Crédit Photo: © Elena Budnikova


Le Funambule du livre est le témoignage d’une vocation, truffé d’anecdotes, que l’interlocuteur nous fait découvrir. Mais un témoignage qui, même s’il est autobiographique, ne dévoile pas de grands aspects de la vie privée du protagoniste. En effet, le sujet de l’ouvrage n’est pas Pascal Vandenberghe, mais la relation que celui-ci entretient avec le livre et son milieu. Ainsi, en guise de préambule, l’auteur cite une chanson de Brassens pour éviter toute ambigüité: «Je ne fais voir mes organes procréateurs/A personne excepté mes femmes et mes docteurs.» Amateurs de ragots et d’anecdotes frivoles, passez donc votre chemin ! En revanche, curieux en tous genres, vous trouverez votre bonheur dans ce riche récit de vie.

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La leçon de «Monsieur Payot»

L’entretien mené par Christophe Gallaz est fluide et se lit aisément. On notera cependant que les références que fournit l’interviewé sont relativement pointues et nécessitent parfois que le lecteur aille chercher les informations hors du livre. A titre d’exemple, lorsque Pascal Vandenberghe parle du milieu du livre franco-français en citant, entre autres, «Le Furet du Nord», lorsqu’il mentionne les Editions Maspero [ndlr : ancien nom des Editions La Découverte], ou encore lorsqu’il utilise des termes «techniques» tels que «chaîne d’office», les références ne sont pas connues par tous. Et pourtant, sans celles-ci, l’ouvrage perdrait de son charme. En plus d’aborder concrètement les expériences professionnelles de l’interviewé, Le Funambule du livre est également l’occasion de découvrir les convictions qui animent le directeur général de Payot, dont une dette qu’il éprouve envers le livre, et qui expliquent son engagement pour ce médium.   

«[…] jusqu’en 2007, après déjà trois ans de présence chez Payot, je considérais que j’avais une dette envers le livre.
Une dette intime?
Oui. Tout ce que j’avais pu faire dans ma vie depuis 1983, avec cette trajectoire professionnelle épanouissante, je le devais aux livres qui m’avaient formé. Si je m’engageais autant, si je me donnais à fond, c’était pour rembourser ma dette envers eux, qui m’avaient tout apporté.»

Comme mentionné plus haut, Pascal Vandenberghe est un autodidacte. Sa culture littéraire, dans un premier temps du moins, il l’a acquise seul. Il n’a pas fait d’études universitaires et a exercé de nombreux métiers manuels, dont celui d’ajusteur-mécanicien, avant d’arriver dans le milieu du livre. C’est une sorte de self-made man ou de personnage balzacien qui, à force de travail et de passion, a réussi à occuper la place qui est la sienne. D’ailleurs, en 2019, l’auteur avait publié Cannibale lecteur: chroniques littéraires et perles de culture, un recueil de chroniques littéraires qui donnaient à lire les auteurs et les livres qui l’ont marqués.

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A la lecture du Funambule du livre, on en apprend beaucoup. A la fois sur Pascal Vandenberghe, sur Payot, ainsi que sur le milieu du livre français et helvétique. Ainsi, certaines choses qui nous semblent actuellement banales comme que le fait qu’un livre paraisse, à la même date, en France et en Suisse ne l’étaient absolument pas il y a encore trente ans. Mais surtout, on découvre le récit de vie d’un homme qui, à l’instar d’autres écrivains ou éditeurs, a mis sa vie au service du livre et qui croit en son pouvoir. Une grande leçon de vie que nous livre «Monsieur Payot». 

«De mon côté, contrairement à l’opinion de certains, je n’ai pas racheté Payot par ambition personnelle mais pour lui garantir un avenir. Par devoir, si ce mot vaut encore, et par nécessité. C’est en fonction d’un critère simple qu’on peut évaluer la trajectoire d’un directeur d’entreprise. Si celle-ci lors de son départ a devant elle autant d’avenir qu’elle avait de passé quand il y est entré, il a réussi. Cela n’exclut pas qu’il ait dû la réformer pour la rendre durable, évidemment. Mais sa préoccupation première doit être la pérennité de l’entreprise, pas la rémunération de ses actionnaires.»

Ecrire à l’auteur: ivan.garcia@leregardlibre.com

Crédit Photo de l’image d’illustration: © Payot Libraire
Photographie de la librairie Payot Genève Rive Gauche.

Pascal Vandenberghe
Le Funambule du livre, entretien avec Christophe Gallaz, suivi de La librairie est un sport de combat (essai)
Editions de L’Aire
2021
260 pages

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1 commentaire

Olivier Cosma 28 février 2021 - 18 06 15 02152

Bonjour. Pour votre gouverne, l’adjectif relatif à la ville de Metz est “messin” et non “metzien”. Sans rancune de ma part, et merci de m’avoir fait connaître “Monsieur Payot”. Bien à vous, OC

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