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BARON.E, un groupe pour qui le «je» est l’auditeur5 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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BARON.E est un groupe fribourgeois prometteur, composé d’un gars et d’une fille. Il en faut, du bon goût, pour que deux voix très différentes se conjuguent en une euphonie. C’est pari réussi. Discussion-vidéo avec le duo qui a sorti récemment son EP Jeunesse dorée et qui, croyez-moi, comptera bientôt sur la scène musicale francophone.

Un verre d’ego, single présent sur l’EP ironiquement intitulé «Jeunesse dorée»

Arnaud Rolle et Faustine Pochon répondent à mes questions à distance, en duplex, toute la Suisse étant confinée à la maison suite aux mesures annoncées par le Conseil fédéral. Mais ce n’est pas parce que la quatrième édition du Prémices Festival a été annulée pour cause de vous savez quoi que les deux charmants Dzodzets ont perdu leur motivation. Déjà, le concert qu’ils auraient dû offrir au public du Prémices ce soir à Lausanne a pu avoir lieu hier à Fribourg au Nouveau Monde, et avec une rediffusion en direct sur Facebook. Et puis, cette période qui commence et qui ressemble à un programme des Verts appliqué au carré offre de belles perspectives en termes de home-office. «On va profiter d’écrire de nouvelles choses, de composer des trucs», me confirment-ils. «Un travail que la période live que nous avions au programme ne nous aurait pas permis!»

«Le “je”, c’est celui qui nous écoute»

Savoir rebondir, une condition pour les artistes. Les mots de BARON.E eux aussi rebondissent. Lancés avec soin comme des sons colorés qui vont à la rencontre d’autres mots. D’ailleurs, déjà en phase de création, leur musique est avant tout une rencontre. Celle entre les textes d’Arnaud et les textes de Faustine. «On s’envoie des bouts de texte, on les colle ensemble, en principe on trouve toujours écho dans les paroles de l’autre», m’explique cette dernière. «Toutes les compos, c’est Arnaud qui les fait par contre». Idem pour la production. Le jeune homme a du talent avec ses guitares et ses machines. Je le lui dis. Il sourit – et elle aussi. Mais une question me taraude: quel est alors le «je» qui apparaît dans plusieurs de leurs chansons? «Le je, ce n’est ni moi, ni Faustine, c’est celui qui nous écoute», me répond Arnaud.

Faustine Pochon et Arnaud Rolle © Soraya Aghdas

La musique de BARON.E, composée par Arnaud mais dont les mélodies et les arrangements sont signés par les deux membres du groupe, c’est de la très belle pop, qui puise un peu dans le rock, un peu dans la disco, un peu dans l’électro… De ce point de vue-là, peut-on les comparer à L’Impératrice? «Personne ne nous avait encore fait ce rapprochement, on l’accepte avec plaisir. On écoute L’Impératrice et c’est vrai qu’on a un peu le même esprit», glisse le baron.

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Ses influences? «Bashung, Gainsbourg, Cohen…» Je l’arrête: seulement des chanteurs torturés? Il ne manque plus que Thiéfaine et Higelin. «Non, je m’inspire beaucoup plus largement de tout ce que j’écoute. Récemment, j’ai eu une période 100% indie-pop.» Et la barone (fille à l’allure masculine en ancien français)? Elle me dit plutôt avoir été voir du côté du rap ces dernières années. Ce qui lui a donné beaucoup d’idées en matière de jeux de mots ou d’intonations.

L’universalité de la désillusion

Côté thématique, la jeunesse est au centre de leur EP-concept (ça fait tellement plaisir de rencontrer des gens encore attachés à l’idée d’unité). Mais si leurs chansons forment un ensemble cohérent, la jeunesse chantée par les deux étudiants fribourgeois n’est pas homogène. Le seul point commun pour les membres d’une génération éparpillée? Le fait d’être perdus. Le sujet n’est pourtant pas nouveau; Mylène Farmer est désenchantée depuis 1991.

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«Il y a quelque chose d’universel là-dedans, c’est sûr», soufflent-ils. «On dit parfois que les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à des problèmes plus importants que par le passé, mais ceux qui nous ont précédés ont quand même connu le sida et tout ça!», ajoute Faustine. «En fait, on n’a pas réfléchi à ça en écrivant nos chansons. On a tout simplement voulu parler d’une réalité subjective. C’est aussi ça, la beauté d’une chanson: la subjectivité des textes – et de l’auditeur», conclut Arnaud. Allez, BARON.E, resservez-nous bientôt un verre! Il ne sera pas de trop.

Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Image de couverture: © Adrien Perritaz

BARON.E
Jeunesse dorée
Autoproduction / [PIAS] France
2020
5 titres

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