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Odezenne: «On observe une liberté de programmation unique en Suisse»6 minutes de lecture

par Erica Berazategui
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C’est au Montreux Palace, une bière à la main, qu’Alix Caillet, chanteur du groupe français de musique alternative Odezenne, nous a accordé une interview, quelques heures avant son concert haut en couleur au Montreux Jazz Festival, le samedi 9 juillet 2022. Avec beaucoup de légèreté et entre quelques rires, il nous livre sa vision des festivals et du public suisses.

Le Regard Libre: C’est la deuxième fois que votre groupe vient au Montreux Jazz. La première, c’était il y a dix ans et un jour, le 8 juillet 2012, sur une scène gratuite. Comment vivez-vous votre retour dans ce festival?

AC: J’ai un petit pincement au cœur. Il y a dix ans, ma sœur, Marie-Priska, faisait partie du groupe [ndlr: jusqu’en 2013], mais elle nous a quittés en 2021. Alors forcément, ça projette une couleur un peu particulière sur cette soirée. Mais globalement, je me sens très heureux d’être programmé ce soir, notamment aux côtés de Diana Ross: je pense que c’est la première et dernière fois que notre nom sera affiché à côté d’elle. Il faut dire que la programmation est très particulière au Jazz et de manière générale en Suisse.

Y a-t-il une différence avec la France?

Oui, on a un léger problème quant à la programmation dans notre pays. Toutes les affiches se ressemblent beaucoup. Il n’y a pas beaucoup de prises de risque, si on compare à ce soir par exemple. Entre notre groupe, Diana Ross ou encore Tinashe, on observe une certaine liberté de programmation qu’on ne verrait pas en France. Je pense aussi que le festival est tellement reconnu qu’il peut se permettre de proposer ce genre de délires. Des délires qui me parlent d’autant plus que notre groupe offre une musique plutôt ouverte.

Est-ce que vous avez un rituel d’avant concert?

Plus maintenant. On en avait beaucoup, mais au fur et à mesure que notre public grandissait, qu’il nous donnait plus de force sur scène en chantant nos titres et en criant sitôt qu’on posait le pied sur scène, les rituels sont partis. J’ai l’impression que ce sont des trucs que tu fais au début pour te donner de la force, quand tu dois aller chercher ton public parce que personne ne te connaît. C’est comme entrer dans une arène. Tu dois te battre pour que les gens t’écoutent. Mais petit à petit, après une dizaine d’années, on a juste envie de foncer! Bien sûr, on a toujours un peu le trac quelques secondes. Mais c’est du bon trac, une envie de bien faire, de proposer un bon show.

Odezenne au Montreux Jazz Festival le 9 juillet 2022 © Thea Moser
Odezenne au Montreux Jazz Festival le 9 juillet 2022 © Thea Moser
Si la scène n’est plus une arène, qu’est-ce qu’elle représente aujourd’hui?

Soit un lieu de communion avec notre public, lors de nos propres concerts. Soit, en festival, un lieu de contagion parce qu’on va compter sur notre communauté déjà présente et tenter de proposer le meilleur concert pour que les gens qui ne nous connaissent pas aient envie de continuer à nous écouter. Un concert en salle, c’est un lieu où tu vas célébrer un album que tout le monde a déjà écouté et que tout le monde chante. En festival, il y aura toujours des gens qui ne te connaissent pas… On n’est pas Michael Jackson quand même. Même sur une scène comme ce soir, avec 2’000 personnes, on va devoir aller chercher un nouveau public.

Est-ce que le public suisse se démarque par rapport au public français?

Oui! Il a la particularité d’être sans complexe. En France, je pense que les gens font un peu plus attention à l’image renvoyée en écoutant tel ou tel artiste. C’est sans doute relatif à des histoires de hype alors qu’en Suisse, j’ai toujours ressenti une très grande écoute des textes et je pense que le public switche facilement d’une musique à l’autre, de manière libre. La preuve: la programmation de ce soir. J’ai également pu observer une très grande envie de faire la fête chez vous!

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Et ces différences se ressentent sur scène?

Oui, bien sûr. On le voit dans les regards, dans la manière dont les gens peuvent chanter… On le ressent bien. Après les concerts, on discute aussi généralement avec les gens qui viennent nous voir, pour capter le pouls, et les retours sont toujours très gentils, bienveillants, c’est chouette quoi!

A quoi cette désinvolture helvétique – à supposer qu’elle existe – peut être due selon vous?

Peut-être que je me trompe, mais j’ai l’impression qu’il y a moins de problèmes en Suisse. En France, c’est un peu morose en ce moment avec les problèmes sociaux et politiques. Ici, on a l’impression d’arriver à Eurodisney! Pas dans le sens péjoratif: je pense que c’est une grande chance. On le voit réellement. Par exemple, en Suisse, il y a toujours des fêtes et afters pas possibles après nos concerts alors qu’en France, c’est très différent. J’ai pu passer des soirées de déglingos à Genève ou à Neuchâtel par exemple!

Certains vous diront que dans les pays en pleine galère, on a plus tendance à faire la fête. Et Neuchâtel, ce n’est pas Paris, non plus… Rien à voir: vous aimez le chocolat suisse?

J’adore ça! Quand je rentre de Suisse, je fais toujours le plein pour ma mère.

Y a-t-il un trait suisse que vous appréciez particulièrement?

L’ouverture d’esprit. Et l’accessibilité à la drogue [Rires]. Peut-être que ça va avec, finalement…

Ecrire à l’auteure: erica.berazategui@leregardlibre.com

Image d’en-tête: Le groupe bordelais Odezenne © Edouar Nardon et Clément Pascal

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