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A la santé du transhumanisme!3 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Article inédit – Loris S. Musumeci

Qu’il est délectable et honorifique de s’indigner contre le monde et de le critiquer avec désinvolture. Blâmer la tendance « transhumaniste » de la société, typiquement, est aujourd’hui plus que jamais en vogue. On s’oppose à celle-ci, mais, paradoxalement, on la glorifie aussi. En effet, lorsqu’elle est dans une optique « méliorative » – c’est-à-dire d’augmentation du genre humain – on crie au démon, alors que si elle est destinée à des fins thérapeutiques, ce sont les doux anges que l’on chante pour rendre grâce de ce miracle des sciences. Tout cela est bel et bon ; cependant, ne faudrait-il pas se demander si les lubies d’« hommes-robots » et d’autres dérives du transhumanisme mélioratif, ne proviennent pas, en fait, du côté médical du phénomène ? Plus précisément, c’est sur l’actuelle définition référentielle de la santé qu’il convient sérieusement de se questionner : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » (OMS, 1946). Cette conception ne serait-elle pas, en réalité, un lourd facteur du transhumanisme ?

Les conséquences des utopies ne sont pas très positives généralement ; l’Histoire en rend témoignage et, par celui-ci, elle invite vivement à les éviter. Toutefois, faut-il encore les repérer, ces louves idéologiques déguisées en agneaux, et cela est d’autant plus difficile lorsque c’est d’un organisme, considéré de « confiance », qu’elles proviennent. De fait, il s’agit bien d’une vision utopique de la part de l’Organisation Mondiale de la Santé lorsqu’elle définit la santé, en premier lieu, comme «  un état de complet bien-être physique, mental et social » ; elle semble viser là une « perfection » illusoire qui passe au-delà – à vrai dire, en deçà – des caractéristiques de l’humain qui est imparfait. En effet, il est déjà difficile d’être impeccablement au point avec une seule des trois dimensions – bien qu’elles soient liées –, mais la plus grave erreur de cette première partie de définition, c’est proprement la rêverie du « complet bien-être » ; parce que l’homme n’est simplement pas fait pour cela. Il est appelé à lutter dans le sable doré de la vie, jouer de l’amour au violon, danser, tel un feu en folie, au rythme du bonheur, et non à s’écraser misérablement dans une certaine complaisance d’être mollement, végétativement et mécaniquement « bien ». En fait, le bien-être est profondément bon ; néanmoins il ne l’est que pour les bêtes et, aussi étrange que cela puisse paraître, pour les machines, ces immobiles divinités de l’efficacité, du réparable et du « sans-défauts », en somme ces incarnations de la perfection contemporaine. C’est pourquoi, il ne faut pas s’étonner face à de sympathiques personnages comme Kevin Warwick, s’ils proposent d’élever l’homme au rang de machine. Cela, évidemment, en lui implantant, dans chaque partie du corps, quelques puces électroniques, à condition qu’elles ne grattent pas trop.

En ce que la santé « ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », il est intéressant d’observer à quel point cette seconde partie de la définition limite davantage la jouissance de pouvoir affirmer que l’on est sain. Il y a là une sorte de perverse négation de la nature de l’homme, en déclarant qu’il serait en fait incapable de bonne santé. Se présente alors, à ce stade, un inquiétant déficit d’humilité dans l’idée de cette conception : n’accepterait-on plus de demeurer, naturellement, des êtres vulnérables, au point de hausser sans cesse la condition sanitaire et par là se hisser hors de notre humanité via la technologie ? Bientôt, celui qui ne sera pas devenu « cyborg », on le considérera sans doute comme malade.

Prophéties à part, il est primordial de prendre conscience de la force que possède cette idéologie de la santé selon l’OMS car, à la fois, elle influence par son autorité, mais elle reflète aussi les souffrances de l’époque. La définition en question n’a certainement pas pour but le mal de l’homme, ce nonobstant, il faut en noter les conséquences, et elles sont pesantes. Effectivement, par le biais thérapeutique, le transhumanisme se permet de plus en plus de transgressions morales, et cela sous applaudissements et honneurs. En vérité, il faudrait repenser et redéfinir la santé ; cependant, dans une plus modeste démarche, il serait déjà bon d’accepter réellement notre essence humaine, et la joie de la conserver soigneusement viendra de pair.

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

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