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Etape par étape4 minutes de lecture

par Sophiamica
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Le Regard Libre N° 7 – Soφiamica

Stufen

Wie jede Blüte welkt und jede Jugend
Dem Alter weicht, blüht jede Lebensstufe,
Blüht jede Weisheit auch und jede Tugend
Zu ihrer Zeit und darf nicht ewig dauern.
Es muss das Herz bei jedem Lebensrufe
Bereit zum Abschied sein und Neubeginne,
Um sich in Tapferkeit und ohne Trauern
In andre, neue Bindungen zu geben.
Und jedem Anfang wohnt ein Zauber inne,
Der uns beschützt und der uns hilft, zu leben.

Wir sollen heiter Raum um Raum durchschreiten,
An keinem wie an einer Heimat hängen,
Der Weltgeist will nicht fesseln uns und engen,
Er will uns Stuf’ um Stufe heben, weiten.
Kaum sind wir heimisch einem Lebenskreise
Und traulich eingewohnt, so droht Erschlaffen,
Nur wer bereit zu Aufbruch ist und Reise,
Mag lähmender Gewöhnung sich entraffen.

Es wird vielleicht auch noch die Todesstunde
Uns neuen Räumen jung entgegen senden.
Des Lebens Ruf an uns wird niemals enden…
Wohlan denn, Herz, nimm Abschied und gesunde!

Etapes

Comme chaque fleur fane et chaque jeunesse
Cède à l’âge, chaque étape de la vie fleurit,
De même chaque sagesse et chaque vertu
En son temps, et ne doit pas durer éternellement.
A chaque appel de la vie, le cœur
Doit être prêt aux adieux et aux recommencements,
Afin que dans le courage et sans deuil, il s’adonne à d’autres nouvelles obligations.
De même en chaque commencement habite un charme
Qui nous protège et qui nous aide à vivre.
Sereins nous devons avancer d’espace en espace,
S’en accrocher à aucun comme à une patrie:
L’esprit du monde ne veut ni nous lier ni nous enfermer,
Il veut nous élever étape par étape, nous élargir.
A peine sommes-nous intimement habitués à un cercle de la vie
Que menace alors le relâchement.
Seul celui qui est prêt au départ et au voyage
Peut échapper à cette habitude qui paralyse.
Peut-être même que l’heure de la mort
Nous enverra jeunes vers de nouveaux espaces.
L’appel de la vie ne s’arrêtera jamais pour nous…
Allons donc, mon cœur, fais tes adieux et guéris!

Hermann Hesse est un auteur allemand né en 1877 de parents anciennement missionnaires sur le continent indien, réétablis depuis peu en Allemagne. Son enfance mouvementée est marquée d’une part par de fréquents déménagements, mais aussi par plusieurs crises et dépressions dues à ses troubles bipolaires. A 18 ans, il apprend le métier de libraire et développe ainsi un grand savoir dans la lecture des classiques tels Goethe ou Schiller, montrant une préférence pour les auteurs romantiques. Il se mettra dès lors à écrire – de petits poèmes puis des recueils en prose – connaissant d’abord un maigre succès avant de devenir après la deuxième guerre mondiale un des auteurs les plus réputés.

Hesse est connu pour avoir dénoncé ouvertement les déboires et excès du nazisme, ce qui fera la censure de certains de ses livres et qui de même le placera au centre de querelles politiques où il sera attaqué par la presse. Son œuvre, inspirée du romantisme, traite principalement de l’homme oppressé par le moule trop étriqué de la société dans la-quelle il vit: on y parle aussi de la quête identitaire, du sens de la vie, de spiritualité. On retrouvera plusieurs éléments à caractère autobiographique: les questions de foi, autant religieuses qu’intellectuelles, la recherche de soi et les grandes questions existentielles auxquelles Hesse sera confronté toute sa vie.

Ecrit en 1941, Stufen, initialement Transzendieren, est le poème philosophique le plus connu d’Hermann Hesse et un excellent exemple de sa sagesse et de sa profondeur métaphysique. Son contenu peut au prime abord sembler pessimiste voire même défaitiste: il est question d’éphémère, de mort, de vie sans repère ni point d’attache. Or Hesse disait:

«Le rôle de la douleur, des déceptions et des idées noires n’est pas de nous aigrir, de nous faire perdre notre valeur et notre dignité, mais de nous mûrir et de nous purifier.»

Ce texte est une immense exhortation à vivre et accepter son destin, et surtout accepter les changements, ce qui a priori semble anodin mais relève concrètement d’un des plus grands problèmes de l’homme. La vie se déroule étape par étape: chacune amène son lot de sagesse et d’expérience. Vieillir n’est pas un mal: chaque âge est prolifique, apportera quelque chose de plus que le précédent et rendra notre perception de la vie différente. Il ne faut pas craindre la mort: elle n’est pas la fin de l’existence, elle est le début d’une autre, ou plutôt le passage à une étape supérieure. Si cette théorie paraît juste pour les grandes lignes de la vie, elle prend d’autant plus de sens au quotidien. Rester à tout prix attaché à des choses futiles, à un confort superflu, à un cadre de vie bien délimité ne fait bien souvent que nous enfermer et nous pousser à l’oisiveté. La solution de Hesse se trouve dans l’action: il ne faut pas avoir peur des chamboulements, des ruptures à venir, comme par exemple de la fin d’une scolarité – clin d’œil aux futurs maturistes – d’un métier, d’une relation etc… Il faut avec courage faire ses adieux au passé et, souriant, risquer le pari d’un nouveau départ: partir, voyager, apprendre, rencontrer! Car la vie en elle-même n’est pas un rétrécissement à rebours: c’est un élargissement étape par étape.

Cette philosophie est donc merveilleusement optimiste. Comme l’auteur le dit si justement, l’appel à la vie ne cessera jamais: dès lors on pourrait s’apitoyer sur son sort et sa lente décrépitude, or Hesse retourne la situation, et n’encourage qu’à mener une existence grandissante qui peu à peu, en approfondissant chaque évènement, en vivant pleinement chaque instant et en changeant sa vison des choses, devient infinie.

Il ne tient à présent qu’à nous de changer.

A méditer.

Crédit photo: © Blogspot 

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