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La souveraineté du Venezuela à disposer de son peuple3 minutes de lecture

par Clément Guntern
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Les lundis de l’actualité – Clément Guntern

Les opposants au régime de Nicolas Maduro attendaient depuis longtemps que le président du parlement mène l’opposition vénézuélienne. Il l’a fait d’une manière particulière en s’auto-proclamant président de la république par intérim en attendant de nouvelles élections. Depuis, les différents Etats ont pris position par rapport à cette nouvelle situation, certains réclamant le départ du président Maduro ou de nouvelles élections et d’autres le respect de la souveraineté du Venezuela. C’est un débat maintes fois entendu entre l’interventionnisme et la souveraineté.

Rappelons brièvement la situation du pays avant d’aller plus loin. Depuis plusieurs années, le Venezuela est sorti de l’euphorie apportée par les richesses pétrolières. Les cours mondiaux ayant diminué pour diverses raisons, l’économie du pays s’est effondrée et une inflation terrifiante a rendu la vie impossible pour le peuple. Si bien que plusieurs millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays tandis que d’autres manifestaient contre le régime devenu bien plus autoritaire. Le président Maduro est accusé de bafouer les droits de l’homme et de tenter de se maintenir au pouvoir par tous les moyens. Depuis, le président du parlement s’est auto-proclamé président et les Occidentaux le soutiennent alors que la Chine, la Russie et d’autres, maintiennent leur confiance au président en place. Ce débat que l’on pourrait croire très contemporain depuis l’avènement des droits de l’homme et la démocratie plonge ses racines dans des siècles bien antérieurs.

Les premières controverses sur ce sujet en Europe remontent au XIVe siècle lors des guerres de religions, notamment en France. Les penseurs protestants cherchaient alors à se défendre, non seulement par les armes mais aussi en justifiant philosophiquement et politiquement leur position. Très vite, ils se demandèrent si l’on avait le droit de s’opposer au détenteur de la souveraineté si l’on subissait des injustices graves. A l’époque, le détenteur de la souveraineté était le roi alors que, dans notre cas, c’est le peuple vénézuélien qui la transmet à son président. Tous les penseurs n’arrivèrent pas à la même conclusion. Certains estimaient que si un roi devenait un tyran et que s’il menait des exactions graves contre la foi, il fallait s’adresser à ses inférieurs pour mener la résistance car eux aussi étaient dépositaires de la souveraineté. D’autres auteurs allèrent jusqu’à justifier le tyrannicide. En face de ces penseurs, se tenaient les défenseurs de la souveraineté absolue comme Martin Luther ou Thomas Hobbes. Ces derniers défendaient que la souveraineté venait de Dieu sur le roi et que si on s’opposait au souverain, on s’opposait à dieu. Ainsi, tout acte contre le souverain devenait un acte contre l’ordre du monde.

Les analogies sont parfois périlleuses et il faut les manier avec précaution. Toutefois, nous pouvons tirer de ce bref retour dans l’histoire que la souveraineté n’est pas forcément quelque chose d’absolu et que, sous certaines conditions, on peut résister face au détenteur officiel de la souveraineté en passant par l’intermédiaire d’autres autorités. Le président du parlement constitue l’exemple d’un magistrat capable de mener une résistance. Et lorsqu’un peuple subit des exactions graves contre sa liberté, il est légitime qu’il se soulève par l’intermédiaire de magistrats internes.

Il faut cesser de voir la souveraineté comme quelque chose de totalement inviolable car, de fait, elle a pu varier durant l’histoire. Certes, pour empiéter sur celle des autres, il faut respecter certaines conditions afin que l’intervention reste légitime. Dans le cas du Venezuela, une opposition interne se manifeste depuis longtemps pour réclamer des élections et le départ de Maduro. Le tout, alors que la répression fait rage et que le pouvoir tente par tous les moyens de rester en place. Les prises de position des Occidentaux ne justifient pas les critiques des chefs d’Etats russe et chinois qui sont eux-mêmes, à différentes échelles, des tyrans pour leur peuple.

Ecrire à l’auteur:clement.guntern@leregardlibre.com

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